L’engagement du volontaire va au-delà du volontariat
01 / 1994
Le volontariat est-il une démarche ? Un état d’esprit ? Un engagement ? Jusqu’où va l’engagement volontaire ? Deux tentatives de réponse, la première d’Etienne Reclus, membre fondateur du Service Civil International, lors d’une interview, et la seconde à travers un extrait de "l’Action Volontaire Pour le Développement / Charte de Glencree" - Irlande (1978).
Etienne Reclus : "Le volontariat... on s’engage dans le volontariat pour une période donnée (...)mais avec l’esprit que tu peux acquérir sur les chantiers, tu peux ensuite aller dans le monde du travail avec un esprit différent..."
T.R.: "Il y aurait quelque chose derrière le volontariat qui ne se limite pas à ce volontariat... C’est à dire qu’un certain esprit peut se prolonger à partir et au-delà de ce volontariat ?"
E.R.: "Le volontariat, c’est souvent l’étincelle... Au SCI, il y a beaucoup d’exemples dans cet esprit. J’ai vu des volontaires qui se sont engagés, qui ont fait du bon travail. Cela a été naturellement limité dans le temps. Maintenant, 20 ans après, que sont-ils devenus ? En général, ils sont restés dans cet esprit. Ils ont choisi une profession par rapport à ce qu’ils ont vu (vécu)sur le chantier (...). L’orientation qu’ils ont eu dans leur vie hors du volontariat reste dans l’esprit du volontariat. Et c’est l’application de cet esprit qui constitue un élément pour une transformation de la société.
"Et pour moi, le risque, c’est la professionnalisation du volontariat... c’est le grand risque..."
Dans la charte de Glencree, on note une approche similaire :
"L’engagement volontaire doit dépasser les limites de l’action sinon le volontaire n’est rien d’autre qu’un technicien à bon marché.(...)Etre volontaire sous-entend un engagement militant dans sa propre collectivité de vie tout d’abord. (...)Aussi qualifiée, aussi technique soit-elle, la contribution volontaire est très distincte d’une carrière professionnelle et très différente également d’une aide. Cette différence réside dans l’engagement des volontaires, dans leur détermination à partager le pouvoir avec ceux qui se battent pour résister aux nombreux actes d’agression économique, sociale et culturelle."
"Pour un volontaire, la fin de son contrat au sein d’une collectivité d’accueil ne doit en aucune manière signifier la fin de son engagement. Même s’il assume un travail dit "normal" dans son pays, il continue à travailler au partage du pouvoir avec les groupes exploités au sein de sa collectivité. Il combat les tendances anti-démocratiques, il essaie de promouvoir la compréhension et la solidarité entre les groupes de travailleurs des pays industrialisés et des pays du Tiers Monde."
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Deux discours, deux approches similaires du volontariat qui ne serait pas un "état" mais une démarche, ou alors un état d’esprit qui peut se prolonger au-delà de l’action volontaire en soi.
Mais ce point de vue n’est pas partagé par tous et nombreuses sont les associations qui voient dans le volontaire un outil compétent mais à bon marché. A cela s’ajoute un débat sur la nécessaire "professionnalisation" des volontaires qui représente pour beaucoup une contradiction en soi. Actuellement, une enquête auprès de nombreux volontaires cite comme facteur de motivation l’acquisition d’une expérience à valoriser par rapport à une carrière professionnelle. Encore une fois, le débat reste ouvert.
Littérature grise
ROBERTS, Tom, AUI=Action d'Urgence Internationale
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