Agence et ONG face à face

Comment aborder le processus de négociation impliqué par la recherche de financement pour des projets de développement? Que faut-il savoir au sujet de l’agence de coopération? Et, suivant cette logique, quelles sont les questions que l’Agence se pose au sujet du demandeur?

Ces questionnements mutuels ont été très bien synthétisés par Fernand Vincent et Piers Campbell. Je les reprends ici un peu plus rapidement.

1)L’AGENCE:

Devant le demandeur, le bailleur de fonds tente d’avoir des renseignements au sujet de:

- qui est le demandeur; quelles sont les expériences et résultats de l’association;

- dans quelle mesure l’idée de base du projet soumis est bonne, adaptée aux besoins locaux et bien organisée techniquement;

- quelle sera la participation (ou non)réelle de la population;

- la faisabilité du projet dans les délais définis;

- la rentabilité des opérations sur le plan économique, financier et social;

- l’estimation budgétaire correcte ou exagérée;

- quel est le pouvoir de conviction de l’ONG face aux autres agences, et quels sont les engagements que celles-ci ont pris.

Il est recommandé de ne pas travailler uniquement par correspondance pour la recherche de financements, car le financeur cherche à tester les compétences et l’efficacité du partenaire.

2)L’ONG :

Avant d’effectuer une demande de financement, l’Ong doit connaître celui à qui elle s’adresse. Ces renseignements lui permettront de s’adapter aux exigences, sans laisser de côté sa propre orientation, son identité et ses contraintes.

Elle cherchera donc à connaître:

- les coordonnés de l’agence, les contacts précis ; comment et par qui cette agence est représentée dans le pays de l’Ong;

- quel est l’idéologie de l’agence, pourquoi serait-elle prête à financer le projet;

- quel type de projets sont financés prioritairement par cette agence;

- quels sont les critères qui définissent l’attribution d’un financement;

- que est le montant maximum que l’on peut demander pour un projet donné;

- quelles sont les personnes qui détiennent le pouvoir de décision sur les financements;

- quelles sont les procédures à suivre pour aboutir à l’acceptation;

- quels sont les délais pour l’étude du dossier et pour prendre une décision à son sujet;

- quels sont les moyens et les délais de transfert des fonds dans le pays de l’Ong;

- quelles sont les exigences de contrôle et de justificatifs des sommes reçues, méthode d’audit mis en place par certaines agences...

Les auteurs nous donnent aussi quelques conseils pour le moment de la rencontre, c’est à dire, le rendez-vous de recherche de financement avec une agence lors d’une "tournée" dans les pays du Nord. Ne seront repris ici que les conseils concernant la remise des projets; ainsi, il est recommandé de:

- ne pas envoyer les projets avant le rendez-vous de recherche de financement; il vaut mieux adresser au préalable un dossier sur la politique, stratégies et programmes futurs de l’association, ainsi qu’un rapport d’activités;

- préparer un "portefeuille de programmes", dont certains pourront être remis en mains propres selon l’évolution de la discussion;

- lors des entretiens, il faut obtenir le maximum de renseignements pour présenter un bon dossier;

- ne pas présenter le même dossier à plusieurs financeurs sans le leur faire savoir, au risque de perdre toute possibilité de réussite;

- envoyer officiellement les dossiers de demande de financement après le rendez-vous;

- ne pas négliger la rédaction du "rapport de recherche de financement" (fiches de suivi des rencontres effectuées).