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Un chercheur africain met au point un vaccin contre une grave maladie du bétail

Mohamed Larbi BOUGUERRA

02 / 1995

Le rinderpest, une grave maladie du bétail, n’est pas endémique en Afrique. Elle a été introduite en 1888 en Ethiopie par les colonialistes italiens qui importèrent du bétail infecté. 90% du bétail local mourut, 60% de la population fut décimée conséquemment par la disette et la faim. Terrible fut l’épreuve. Le calendrier éthiopien retient cette funeste année sous le nom de "Yekebit Elkit" ou l’Année de l’Annihilation du Bétail. L’épizootie devait ensuite se déplacer vers l’ouest, au Sahel, tuant autant le bétail que les buffles, les girafes et les antilopes.

Si la Corne de l’Afrique a la plus importante prévalence de la maladie dans le monde, celle-ci est aussi une plaie au Moyen Orient, en Inde et dans les pays africains situés entre le Sahara et l’Equateur. Maladie virale très contagieuse -proche de la coqueluche humaine et de la maladie des jeunes chiens-, le rinderpest donne la fièvre, la diarrhée puis des ulcères qui tuent l’animal en une semaine. Le taux de mortalité des bêtes affectées est très élevé, de l’ordre de 95% Le zébu est plus résistant à la maladie et c’est pour cette raison que les éleveurs éthiopiens l’ont adopté mais il donne moins de lait et le rinderpest peut néanmoins tuer entre 50 et 80% des troupeaux.

Eliminer cette maladie pourrait transformer les économies de l’Ethiopie, du Soudan et de la Somalie. Les troupeaux pourraient alors accueillir les souches européennes plus productrices de lait et de viande qui seraient exportés vers l’Arabie proche ou les Emirats Arabes Unis.

Tilahun Yilma, vétérinaire diplômé de l’Université de Californie et docteur en virologie s’est attaché depuis 25 ans à mettre au point un vaccin anti-rinderpest. Un vaccin avait été déjà utilisé par les Anglais pour immuniser 124 millions de têtes entre 1963 et 1971. Mais c’était un vaccin vivant nécessitant une chaîne ininterrompue de froid ainsi que seringues et aiguilles. Mais la maladie refit surface en Nigéria puis se répandit dans le Sahel puis la Corne de l’Afrique causant pour un milliard de dollars de dégâts. Yilma vient d’inventer un vaccin basé sur l’ADN recombinant qui a été officiellement essayé aux Etats Unis et l’USAID vient de l’autoriser pour des essais plus amples. Ce vaccin est bon marché.

Mots-clés

vaccination, bétail, recherche, chercheur


, Ethiopie, Soudan, Somalie

Commentaire

Le vaccin du Dr Yilma est facile à administrer et bon marché.ll n’est sensible ni à la chaleur ni à la lumière. L’éleveur n’a qu’à ajouter de l’eau au flacon contenant le produit lyophilisé. Après émulsion, il suffit alors d’en déposer quelques gouttes sur une égratignure sur la peau de la bête. De plus, comme la vaccine constituant le vaccin prolifère sur les cellules de la peau, l’éleveur peut obtenir 250 000 doses rien qu’en utilisant les croûtes de l’escarre chez la première tête vaccinée.

Pour obtenir ce vaccin, Yilma a durement travaillé aux E.U. Il a parcouru un véritable chemin de croix tant les difficultés étaient nombreuses. Il lui reste cependant encore bien des obstacles à sauter avant que les éleveurs de son pays aient, à leur disposition, le vaccin. il s’agit essentiellement de questions bureaucratiques. Ainsi, les scientifiques africains donnent la preuve, une fois de plus, de leur savoir-faire dans la recherche scientifique et dans leur capacité à résoudre des problèmes qui gênent gravement le développement.

Source

Articles et dossiers

FITZGERALD, Mary Anne, IPC Magazines Ltd in. NEW SCIENTIST, 1994/06/18 (ROYAUME UNI), 1930, vol.142

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