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Une mouchette menace l’économie pakistanaise

Mohamed Larbi BOUGUERRA

02 / 1995

Une petite mouche blanche, vecteur d’un virus coriace et dévastateur, a ravagé la dernière récolte de coton au Pakistan, quatrième producteur mondial, tirant vers le bas les principaux indicateurs économiques. Des responsables pakistanais estiment que le taux de croissance du PNB pour l’année fiscale 1994-95, initialement fixé à 7%, devrait être révisé à la baisse d’un demi-point. La dernière récolte avait produit entre 6,5 et 7,5 millions de balles de coton (1 balle=170kg), déjà très en retrait de l’objectif officiel de 9,5 millions de balles.

Depuis la naissance de l’Etat pakistanais en 1947, la production de coton a suivi une courbe ascendante et fourni une matière bon marché à l’industrie textile. La prolifération du virus transmis par l’insecte, la multiplication des insectes résistant aux moyens de lutte chimique, la réduction des surfaces cultivées par les paysans, sans compter le mauvais temps, ont réduit la production.

Pour venir à bout de l’insecte, deux écoles s’opposent. Des experts qui ont l’oreille des grands groupes chimiques, prônent l’usage des pesticides de plus en plus performants.

La FAO, estimant que les pesticides sont l’une des causes du fléau, prône une "méthode douce" pour préserver certains prédateurs naturels.

Mots-clés

insecte nuisible, coton, protection des récoltes, traitement phytosanitaire, FAO


, Pakistan

Commentaire

Il y a plusieurs remarques à faire:

- dans notre monde moderne hautement technique et arrogant, la Nature peut dire son mot de façon à nous remettre à "notre place". Que ce soit au Nord, riche ou au Sud, pauvre. Aux Etats Unis, en 1971, une maladie cryptogamique a détruit 15% de la récolte de maïs de la célèbre Corn Belt.

La seconde remarque concerne l’évolution de la FAO. Celle-ci pendant des décennies, a préconisé l’usage à tout-va des pesticides chimiques polluants, créant les résistances et tuant 200 000 personnes dans le Tiers Monde. C’est là une tendance encourageante -si elle se confirme- car les multinationales de la chimie sont fort puissantes. Elle dénote aussi la gravité des atteintes infligées par les produits agrotoxiques que nul ne plus nier.

A noter ici qu’un certain nombre de pays industrialisés ont inscrit dans leur politique la réduction de l’usage de ces produits: il s’agit de l’Allemagne, de la Hollande et des pays scandinaves. La lutte intégrée est la voie du salut pour tous les pays.

Source

Articles et dossiers

AGENCE FRANCE PRESSE in. LIBERATION, 1995/01/21 (France), 21-22 Janvier 1995

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