A la foire de Milan, il y a quelques mois, des emballages très particuliers ont été présentés : ils étaient fabriqués à partir d’un fruit tropical, la "Luffa cylindrica". En effet, le squelette de cette cucurbitacée contient 90% de cellulose et 10% de lignine. Une fois mis en forme, il cumule les propriétés d’isolation et de protection du polystyrène, mais présente le grand avantage d’être complètement biodégradable. Il peut être facilement comprimé, sa densité passant de 10 à 200 kg/mètres cube, ce qui est d’un grand intérêt pour son stockage et son transport. La Direction générale de l’agriculture de la Communauté européenne a financé (18 MF)un projet de culture de cette plante dans la région de Barrank en Sardaigne. Depuis l’automne 1992, 5 ha sont cultivés, ce qui a permis à la société italienne d’innovation technologique, Vela, de mener des activités de recherche et de développement sur les matériaux issus de ces fruits. Mis à part les emballages et les filtres, les fibres de "Luffa" peuvent servir pour des panneaux d’isolation acoustique ou thermique, voire anti-feu si elles sont ignifugées. Grâce à leur forte résistance mécanique, comparable à celle d’un acier de qualité moyenne, elles peuvent entrer dans la composition des matériaux composites. Enfin, dernière propriété très intéressante de cette structure : sa mémoire de forme qui permet au réseau précédemment séché et comprimé de retrouver sa forme initiale après humidification, d’où un énorme gain de place pour les transporteurs d’objets fabriqués en fibres de "Luffa". La société Vela est à la recherche de partenaires industriels pour exploiter ce bon candidat de remplacement du polystyrène.
recyclage des déchets, protection de l’environnement
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La récupération et le recyclage du polystyrène seront obligatoires dans tous les pays de la Communauté européenne en l’an 2000, ce qui augmentera sérieusement le coût de sont utilisation. Quant aux pays où une telle législation ne sera pas en vigueur, ils continueront à être envahis et défigurés par ce polystyrène non biodégradable. On voit ainsi que, pour des raisons différentes, tout le monde a intérêt à remplacer le polystyrène par des dérivés de fibres de "Luffa", totalement biodégradables.
Mais une fois de plus, on assiste à un pillage du tiers monde. En effet, pourquoi aller acclimater ce fruit tropical en Sardaigne au lieu d’en développer la culture dans sa région d’origine, permettant aux pays concernés d’en tirer quelques devises? Et ceci d’autant plus que, du fait de sa facile compression, son transport vers les pays industrialisés serait peu onéreux.
Articles et dossiers
LA RECHERCHE, 1994/10 (France), 269