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Les animaux à guérir de la peste

Annie BOUGUERRA

06 / 1994

Grâce à une vaste et coûteuse campagne de vaccination financée sur plusieurs années par la Communauté européenne, la peste bovine a reculé en Afrique... sauf dans trois pays où l’insécurité a fait obstacle : la Somalie, l’Ouganda et l’Ethiopie. L’Ethiopie, avec 29 millions de têtes (9e rg mondial)compte seulement 1 vétérinaire pour 250 000 animaux (1/2000 en France); la maladie a tué des millions de bêtes depuis son introduction accidentelle par les Italiens. Ces trois pays représente donc un risque de relance de l’épizootie. D’où les efforts pour mettre au point un vaccin plus facile à administrer, donc à manipuler. En effet, le vaccin actuellement disponible est très sensible à la chaleur, toute rupture de la chaîne du froid l’inactive! D’où les tentatives de mise au point d’un vaccin thermostable. La référence en ce domaine est la vaccine, vaccin contre la variole, dont la faible sensibilité à la chaleur a permis son utilisation à large échelle et l’éradication, dans les années 70, de la variole sur toute la planète. Le Dr Telahun Yilma, chercheur éthiopien travaillant aux E.U. avec les soutien de l’USAID, a mis au point, par recominaison génétique, un vaccin contre la peste bovine utilisant la vaccine comme vecteur. Seuls le Kénya et l’Ethiopie ont récemment accepté de procéder à des essais. Les autres gouvernements africains font la sourde oreille. L’OMS aussi qui redoute que l’utilisation de la vaccine ne représente un danger potentiel. Un vaccinateur dont les défenses immunitaires seraient affaiblies (Sida par exemple)pourrait être atteint de troubles graves s’il s’injectait ce vaccin par erreur. En Angleterre et au Japon, d’autres laboratoires ont obtenu ce même vaccin, mais ont préféré poursuivre leurs recherches en utilisant, à la place de la vaccine, le virus de la viande des chèvres qui est totalement inoffensif pour l’homme. Ce second vaccin, baptisé Capripox-peste bovine, sans danger pour le vaccinateur, est d’une grande thermostabilité. Obtenu par recombinaison génétique, il a l’avantage d’être polyvalent : il est également efficace contre une autre maladie des bovins, la dermatose nodulaire, et contre la variole des chèvres et des moutons. Ce vaccin est également en cours d’expérimentation au Kénya. Selon le vétérinaire malien, chercheur en France au laboratoire de médecine vétérinaire du CIRAD (Centre international de recherche agronomique pour le développement), le Capripox anglais est de loin le vaccin le plus prometteur. En outre, selon lui, le vaccin du Dr Yilma n’a pas subi de tests sérieux relatifs à la durée de son efficacité.

Mots-clés

vaccination, bétail, élevage


, Afrique

Commentaire

Voici pour une fois des chercheurs préoccupés par un problème qui ne concerne que le Sud. Pour les pays du Nord qui n’ont aucune difficulté à maintenir intacte la chaîne du froid, l’ancien vaccin thermolabile convient parfaitement. La mise au point du nouveau vaccin anglais contre la peste bovine, Capripox, insensible à la chaleur, va permettre d’éradiquer la peste bovine même dans les pays de grande instabilité ou très pauvres, et d’éviter ainsi une relance de l’épizootie sur le continent africain. De plus, puisqu’il est inoffensif pour l’homme, il n’y a pas à craindre de conséquences néfastes pour les vaccinateurs, dans des régions où les sujets immunodéficitaires (Sida)ou affaiblis par la malnutrition sont hélas fréquents.

La concurrence entre les deux nouveaux vaccins ne semble pas commerciale, les recherches étant toutes financées par des fonds publics et le marché étant limité : elle tient plutôt au prestige lié au lancement d’un nouveau vaccin!

Notes

Cet article a été initialement publié dans "LE SAHEL" à Niamey.

Source

Articles et dossiers

SOULE,Aramis H.; BARROT, Pierre, Courrier international in. COURRIER INTERNATIONAL, 1994/06/09 (France), 188

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