10 / 1994
L’ORDIK (Organisation Rurale pour le Développement Intégré de la Kolimbine)recouvre, sous cette appellation, une association et un projet. L’association est d’abord née en France, en regroupant des émigrés maliens de huit villages situés sur les rives de la rivière Kolimbine. Avec le retour à Kabate du président d’ORDIK France, une seconde association ORDIK a été mise en place au Mali, ainsi qu’une structure projet sous sa dépendance. A l’heure actuelle, l’association rassemble neuf villages et deux hameaux de culture soit environ 10 000 habitants. Elle comporte un comité, un bureau et des commissions. Le comité comprend trente-six membres soit quatre représentants par village. Ceux-ci ont pour tâche d’exprimer les besoins des populations mais aussi de leur transmettre les décisions du comité. Six membres du comité (président ; vice-président ; secrétaire et trésorier, ces deux derniers avec chacun un adjoint)composent le bureau. Enfin, six commissions thématiques de travail (Agriculture, production animale, maraîchage, pêche ; Environnement, gestion de terroirs ; Coordination banques de céréales, magasins intervillageois, magasins d’approvisionnement villageois ; Animation, formation, alphabétisation, artisanat ; Puits ; Chantiers villageois)réunissent des membres du comité selon leurs compétences et depuis peu, des personnes ressources issues des différents villages. Une demande paysanne emprunte donc le circuit suivant : elle est identifiée au niveau du village, portée au comité par le délégué et renvoyée pour étude à la commission concernée. Pour communiquer avec ses membres, l’association a recours aux ondes de la Radio Rurale de Kayes, notamment pour la convocation à la réunion du comité, le premier lundi du mois. A l’issue de cette rencontre, chaque délégué regagne son village et accomplit sa mission de restitution, à la mosquée, après la prière. Si l’association est l’instance de décision, la structure projet composée d’une demi-douzaine de techniciens spécialisés en aménagement rural, développement agricole et animation, propose et exécute. Un flux permanent d’informations et d’échanges d’idées relie donc l’association et le projet. Mais le véritable organe spécialisé dans la communication au sein de ce dispositif complexe est constitué par la commission Animation, formation, alphabétisation, artisanat. Composée de neuf personnes et encadrée par deux techniciens, Harouna Samassa et Barka Fofana, la commission organise, une fois par an, après les récoltes, une grande tournée dans chacune des localités. Cette technique de communication est également mise en oeuvre par chacune des commissions thématiques face à un problème ponctuel. Après avoir consulté le chef de village et les quatre délégués, la commission rencontre l’ensemble des habitants mais en groupes distincts, parfois constitués en associations (chefs de famille, femmes, jeunes)afin que chacun jouisse d’une liberté de parole maximale. Cette manifestation se situe au coeur de la politique de communication mise en oeuvre à l’ORDIK puisqu’il s’agit de faire le bilan de toutes les activités menées dans les différents villages, de s’assurer que le délégué remplit bien son rôle de diffusion de l’information et d’écouter les avis, revendications et suggestions des villageois. Comme outil de communication, la commission utilisait au départ le tableau de flanelle et les figurines de la méthode GRAAP (Groupe de Recherches et d’Appui à l’Autopromotion Paysanne)mais ceux-ci ont vite été jugés inadaptés. L’entretien libre et la discussion collective lui sont maintenant préférés.
association, communauté paysanne, communication, développement autonome, émigré, organisation paysanne, organisation communautaire, participation populaire, processus de développement, technicien et paysan
, Mali
Pour que l’ORDIK fonctionne, il faut impérativement que l’information circule facilement entre tous les éléments du dispositif : association avec comité et commissions, structure projet, villageois. Le souci de communication est donc permanent et de nombreux efforts sont menés dans ce sens. Cependant des lacunes subsistent. Ainsi, faute d’individus suffisamment compétents et disponibles, le bureau n’a jamais été renouvelé ce qui aurait pourtant contribué à rapprocher d’autres personnes des instances de décision. Les femmes et les jeunes absents de la mosquée lors des restitutions se disent mal informés. L’idée d’un comité féminin a été avancée pour remédier à cette déficience de communication.
Entretien
FONTENEAU, Anne