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De la recherche agronomique à son application sur le terrain : le cas de la Syrie

Katia HALABI

01 / 1993

La recherche en Syrie reste un domaine réservé à l’Etat exclusivement. En agriculture, lorsqu’une nouvelle variété ou l’introduction d’une nouvelle culture (comme le soja récemment)est proposée, tous les centres de recherche agronomique, disséminés dans toutes les régions du pays, en font l’essai. Leur rôle consiste à déterminer les conditions de sol, températures, pluviosité ou irrigation, les dates des différentes opérations culturales, les doses de semences et d’engrais optimales pour obtenir les meilleurs rendements possibles. A l’issue de ces résultats a lieu une première sélection: on ne retient que les régions permettant d’obtenir les rendements les plus élevés. On y réalise alors une deuxième série d’essais, en proposant à des paysans de réserver 0,5 à 1 ha pour cette culture: semences et engrais leur sont fournis, ils disposent de la récolte, les ingénieurs agronomes se réservent uniquement le droit de suivre la parcelle à différentes étapes et de mesurer les rendements. Il s’agit de voir ce qu’il est possible d’obtenir avec moins de soins (puisque le paysan s’occupe aussi de ses autres productions)et moins de moyens que dans des conditions expérimentales. Si les résultats apparaissent satisfaisants à la fois dans le centre de recherche et chez les paysans, on confie alors les semences à des agriculteurs "multiplicateurs" choisis par les ingénieurs de terrain pour le soin et le suivi qu’ils apportent à leur travail. Ils leur donnent gratuitement semences et engrais (pour cette culture uniquement), et rachètent les récoltes à un prix intéressant, voire lorsqu’il s’agit d’une nouvelle variété pour une culture déjà existante, 20% supérieur au prix standard dans le cas du blé par exemple. Les graines ainsi récupérées pendant 2 à 3 ans seront ensuite vendues à tous les paysans de la région pour les campagnes agricoles à venir. Les ingénieurs agronomes et techniciens agricoles des Unités de Conseil chargées de la vulgarisation sur le terrain se chargent alors de promouvoir la nouvelle variété, ou d’imposer la nouvelle culture si elle apparaît dans le cadre de l’assolement prévu par l’Etat dans son Plan de production agricole.

Mots-clés

recherche, agriculture, planification, assolement, fertilisation du sol, semence, économie planifiée, diffusion de l’innovation


, Syrie

Commentaire

Les résultats des centres de recherche semblent donc particulièrement importants. Car, en indiquant les quantités d’engrais et de semences optimales pour chaque type de culture compte tenu des conditions pédo-climatiques des régions, ils déterminent le crédit à court terme accordé par la Banque agricole à chaque paysan pour ses frais de campagne. En effet chaque année, dans les zones où le Plan impose des cultures dites "stratégiques" comme le blé, le coton ou la betterave sucrière par exemple, les agriculteurs reçoivent une feuille qui stipule l’assolement qu’ils doivent effectuer (types de productions et surfaces). Et s’y trouvent consignées également les quantités de semences et d’engrais auxquelles ils ont droit avec le crédit de la Banque agricole correspondant, calculées sur la base des données issues de cette recherche agronomique.

Notes

La présente fiche résulte d’une synthèse d’entretiens avec des paysans et des ingénieurs agronomes. Voir aussi "Etude des systèmes agraires et des systèmes de production de la région de Mhardé, nord-ouest de Hama, Syrie", mémoire soutenu par K.HALABI (diplôme d’ingénieur agronome, 1993).

Source

Entretien

HALABI, Katia, 1992/07/05

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