L’objectif global assigné au projet Leader Ouest Aveyron par l’association chargée de le mettre en oeuvre est "de conforter des projets "porteurs d’avenir" et d’utilité collective". Celle-ci est évaluée en termes économiques, mais doit aussi prendre en compte l’exemplarité du projet et sa capacité à développer de nouveaux partenariats entre secteurs et territoire.
Une étude des projets financés par ce programme, de Janvier 1991 à avril 1994 (soit 28 mois de fonctionnement sur les 36 mois prévus)permet une première approche de la diversité des projets et des acteurs, donne une idée du potentiel de créativité du "territoire" concerné, mais illustre également la difficulté de mise en oeuvre d’un développement rural intégré.
En 28 mois de fonctionnement, 67 projets ont été financés par le programme Leader, à raison d’un montant de 8 373 000 F sur un montant d’investissements totaux de 29 380 000 F. Leader a donc pris en charge en moyenne 28% des investissements de ces projets, le restant étant co-financé par des contre-parties publiques nationales ou régionales et l’apport du porteur de projet.
La nature des projets et la répartition des financements révèlent une approche encore très sectorielle : sur 67 projets, 19 (soit 28%)sont des projets agricoles, 19 autres projets concernent l’artisanat et les PME, 18 projets (27%)relèvent du tourisme rural et 2 projets seulement sont explicitement consacrés à la formation professionnelle et l’aide à l’embauche. Enfin, 6 projets seulement sont construits sur une approche plus globale de développement rural.
En termes de financements, certains secteurs sont mieux financés que d’autres, par Leader : alors que les projets agricoles représentent 29% des investissements totaux, 33% du total de l’apport de financement Leader leur sont attribués. La proportion est inverse pour le secteur de l’artisanant/PME qui représente 33% des investissements totaux et reçoit seulement 29% des financements Leader. L’appui au développement rural concerne 9% des financements Leader. Cette répartition des financements peut s’expliquer par le fait que les différents secteurs ont accés à des sources de financements classiques plus ou moins faciles à mobiliser et qui induisent donc un recours différencié à des financements spécifiques comme Leader; les contre-parties qui conditionnent l’obtention d’un financement Leader sont également plus ou moins faciles à trouver selon les secteurs; enfin, les rapports de force entre institutions peuvent aussi jouer dans la répartition de ces financements.
Qui sont les porteurs de projets ? Globalement, ce sont les entreprises qui en ont présentés le plus (14 projets sur 67). Viennent ensuite les SIVOM (regroupement de communes)avec 9 projets, puis les Chambres Consulaires et les associations, qui chacunes, présentent 8 projets. Les groupes d’agriculteurs sont assez présents, avec 7 projets, ainsi que les communes (6 projets). Les actions de développement rural sont essentiellement portées par des communes et des SIVOM. Dans les projets de tourisme rural, ce sont les SIVOM et les associations qui en sont porteurs. Les entreprises sont les principaux porteurs des projets dans le secteur de l’artisanat/PME, alors qu’en agriculture, les projets sont d’abord le fait de groupes d’agriculteurs ainsi que de la Chambre d’Agriculture.
La nature des projets financés montre clairement que le choix initial de financer prioritairement de la "matière grise" a été respecté : 78% des projets retenus portent sur des études, sur l’acquisition de méthodes ou sur des actions de promotion, 20% des projets concernent des investissements matériels, et 2% seulement des actions de formation - bien que les projets intitulés "Etude..." contiennent parfois des volets formation-. En termes de montant, ces tendances s’infléchissent légèrement, puisque 60% seulement du montant total des financements vont à des "études", et 34% sont consacrés aux investissements matériels. Seul le secteur agricole a fait financer plus d’investissements matériels que "d’études". Ces chiffres confirment donc que Leader est un financement différent des financements classiques, au sens où il permet de financer de la matière grise, là où les autres financements (PDZR, par exemple)privilégient les investissements matériels. La perception que les acteurs locaux ont de cette spécificité est variable : alors que les uns reconnaissent les potentialités ouvertes par des financements de "matière grise", de formation, d’autres y voient un gaspillage de deniers publics, dans "du vent" dont il ne restera rien...
Le contenu des projets est révélateur de l’évolution des préoccupations et des stratégies rurales. Les projets d’artisanat/PME se répartissent entre l’appui à la création et au développement d’entreprises, la création de nouvelles filières et activités (restauration du bati ancien, agro-alimentaire "de terroir"...), la mise en place de services et l’appui financier aux entreprises (fonds d’amorçage, avances de trésorerie). En matière de tourisme rural, les projets portent sur l’élaboration et la promotion de circuits de randonnées sur des territoires de communes ou de SIVOM, sur la création de "stations touristiques", et sur la valorisation du patrimoine. Le tourisme pédagogique à la ferme, la création d’évènements touristiques (ex: fiche 32), et la recherche de produits touristiques innovants constituent des thèmes de projets plus marginaux. En agriculture, l’accent est mis sur l’appui à la diversification des productions et sur la vente directe. Les objectifs des projets de développement rural portent sur la promotion du développement économique à l’échelle communale (2 projets), la gestion intégrée de l’espace (1 projet), l’équipement en moyens de communication informatique permettant le travail à distance (1 projet). Un autre projet propose la mise en place d’un plateau de services pour personnes agées (Fiche 38). Un autre projet enfin est révélateur des préoccupations des décideurs locaux qui souhaitent "acquérir des méthodes pour faire émerger des projets de territoires..."
développement rural, milieu rural, politique agricole
, France, Aveyron
Cette analyse porte sur un programme Leader, et non achevé, qui plus est, puisque seuls 28 mois de fonctionnement sur 36 sont pris en compte. La comparaison de différents programmes Leader, à l’échelle régionale, nationale et européenne devrait pouvoir apporter des éclairages féconds à la question qui se dégage de cette analyse, à savoir, comment favoriser l’émergence de "projets de terrtoires"...
Entretien
ENSAM (Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Montpellier) - L’ENSAM fait partie depuis janvier 2007 de Montpellier SupAgro qui est née de la fusion de 4 établissements : ENSAM, Centre national d’études agronomiques des régions chaudes (CNEARC), Département industries agroalimentaires régions chaudes de l’École nationale supérieure des industries agricoles et alimentaires (ENSIA-SIARC) et Centre d’expérimentations pédagogiques de Florac (CEP Florac). 2 place Pierre Viala, 34060 Montpellier Cedex 1, FRANCE - Tél. 33 (0)4 99 61 22 00 - Fax 33 (0)4 99 61 29 00 - France - www.agro-montpellier.fr - contact (@) supagro.inra.fr