L’AMDES (Association des Maires pour le Développement du Ségala)a été créee en 1978, à l’initiative d’élus politiques et de responsables professionnels locaux, avec un objectif de développement local : créer les conditions pour un renforcement des activités agricoles, artisanales, et commerciales, et favoriser la création d’activités nouvelles dans la zone du Ségala, à l’Ouest de l’Aveyron. Cette initiative, co-financée par les communes adhérantes et le Conseil Général de l’Aveyron, s’inscrivait dans "le mouvement des Pays".
Parmi les indices qui pouvaient laisser prévoir la fragilité de l’action, il y a le fait le "pays" concerné a été à géométrie variable tout au long du projet. Dans les neuf cantons initialement concernés, des communes se sont retirées, puis certaines d’entre elles sont revenues. Au total, le "noyau dur" du projet ne couvrait en fait que quatre cantons.
Les activités du projet ont été longtemps centrées sur l’appui aux secteurs artisanal et commercial, qui ne bénéficiaient pas localement du même encadrement soutenu que l’agriculture. Progressivement cependant, la Chambre des Métiers et la Chambre de Commerce se sont dotées de services d’appui économiques délocalisés dans les régions, et le Comité d’Expansion économique du Conseil Général s’est donné lui-aussi pour mission l’appui aux projets locaux. D’où, évidemment, des conflits de compétences et de territoires d’intervention...
En 1991, au bout de treize ans de fonctionnement, après quelques réalisations mais surtout des échecs, après avoir épuisé quatre animateurs et découragé bon nombre d’intervenants extérieurs, l’AMDES est moribonde...
A quoi faut-il attribuer l’échec de ce mouvement de Pays ? L’analyse du discours de différents participants et observateurs de cette initiative, permet de dégager quelques pistes de réflexion.
L’AMDES n’a jamais eu d’objectif global qui soit réellement l’expression de la volonté de développement d’une population ou d’une entité identifiée, un "Pays" par exemple. Le projet initial, élaboré par des techniciens départementaux, n’a jamais fait l’objet d’une appropriation réelle, ni par la population, ni par les élus politiques locaux. Quelques projets ont émergé, mais sont restés individuels; juxtaposés les uns aux autres, ils n’ont pas réussi à former une masse critique et un maillage suffisants pour amorcer une réelle dynamique locale.
Cette absence de masse critique de projets semble liée notamment au fait que les "forces vives" locales, de jeunes leaders locaux ayant des projets, n’ont pas été intégrés dans la démarche, parce que jugés trop "marginaux", trop dérangeants, par les notables politiques qui présidaient aux destinées de l’AMDES.
Ceux-ci n’ont assuré qu’un "portage mou" du projet, sans s’impliquer réellement dans la recherche de synergies et de financements. Cette faible implication semble être notamment liée, outre les conflits de personnes et les dérives politiciennes, au fait que le projet ne comportait pas d’enjeu électoral direct (il n’y a pas d’élections de "Pays"). De plus, la décentralisation a accentué les replis sur les "nationalismes locaux", conduisant les élus à se consacrer strictement à leurs territoires électoraux.
L’intercommunalité était loin d’être mûre (hormis peut-être dans la gestion des ordures ménagères), et l’inter-sectorialité était inéxistante.
Aussi n’y a -t-il eu personne pour défendre la spécificité des fonctions territoriales et intersectorielles de l’AMDES, quand les Chambres Consulaires et le Comité d’expansion économique ont occupé le terrain de l’appui aux projets et que les financements afférents ont été recentralisés au niveau du département.
milieu rural, développement rural
, France, Aveyron
Le cas de l’AMDES illustre le déclin de nombreuses structures de "Pays", et la nécessité de repartir sur des bases territoriales plus pertinentes pour les actions de développement local.
Reste à savoir quels sont ces territoires pertinents. La commune est l’entité dans laquelle beaucoup de ruraux se reconnaissent, à laquelle il s’identifient. Mais c’est un territoire trop exigüe pour permettre une réelle dynamique intersectorielle. Le canton, dont les élus ont reconquis une marge de manoeuvre avec la décentralisation, semble pouvoir être, au moins un point de départ des actions de développement local. Le point d’arrivée étant probablement l’intercommunalité qui peut dépasser les limites du canton, mais qui reste encore largement à inventer.
Entretien
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