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Libre arbitre dans une agriculture planifiée : le cas syrien

Katia HALABI

02 / 1993

Par une planification qui fixe chaque année l’assolement et détermine par conséquent la rotation aussi bien dans le secteur public (coopératives et fermes d’Etat)que dans le secteur privé, l’Etat syrien intervient directement dans l’organisation des exploitations agricoles. Que ce soit pour l’achat de matériel, de semences, d’engrais ou de produits phytosanitaires, ou pour la commercialisation de sa production, l’agriculteur aura sûrement affaire aux circuits officiels. Même s’il arrive à les éviter pour toutes ces opérations, il ne peut contourner la Banque agricole, qui tient le système par le contrôle du crédit. La liberté relative d’un exploitant syrien dépend donc en premier lieu de son autonomie financière.

Cependant la planification garde une certaine souplesse. D’une part elle laisse environ 10% de l’assolement à la convenance de l’agriculteur, d’autre part elle n’exclut pas les cultures dérobées. Dans la région de Mhardé au nord-ouest de Hama, la plupart des paysans utilisent ces 10% pour augmenter dans l’assolement la part de la culture imposée par l’Etat qui rapporte le plus. Quant aux productions supplémentaires en dérobée, vendues sur le marché libre, elles peuvent augmenter fortement le revenu (il n’est pas obligatoire de les vendre à un organisme étatique).

Les investissements constituent une autre facette de la liberté de gestion des exploitations. En effet l’agriculteur choisit de creuser un puits en commun avec des voisins, afin de diminuer les coûts, ou de privilégier son autonomie. Il décide d’acheter un tracteur et le matériel de travail du sol, ou de le louer à d’autres exploitants. Ces choix dépendent des facteurs "taille de l’exploitation", "main d’oeuvre familiale", et donc en corrélaire "importance relative des cultures dérobées". Mais interviennent aussi les capacités de financement, autrement dit la Banque agricole...

Malgré cela dans la région de Mhardé favorisée par le climat, la majorité des paysans apprécie le revenu minimum assuré par la vente à l’Etat des productions qu’il impose... même si, en fixant leur prix, il détermine du même coup les marges de bénéfice. La différence de revenu dépend ensuite des rendements d’une part, et, pour les cultures dérobées, de la stratégie adoptée dans le jeu entre marché officiel et marché libre.

Mots-clés

agriculture, planification, intervention de l’Etat dans l’agriculture, Etat, économie planifiée, Etat et société civile


, Syrie, Hama, Mharde

Commentaire

Les ingénieurs agronomes chargés de conseiller les agriculteurs et de faire respecter le Plan se plaignent: "les paysans ne veulent pas suivre l’assolement de l’Etat. Parmi les cultures imposées ils cherchent à cultiver plus de certaines" (les plus rentables), "ou veulent en faire d’autres" (cultures dérobées)...

Notes

La présente fiche résulte d’une synthèse d’entretiens avec des paysans et des ingénieurs agronomes. Voir aussi "Etude des systèmes agraires et des systèmes de production de la région de Mhardé, nord-ouest de Hama, Syrie", mémoire soutenu par K.HALABI (diplôme d’ingénieur agronome, 1993).

Source

Entretien

HALABI, Katia, 1992

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