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Les interpellations des associations de développement devant l’économique

Dominique LESAFFRE

1994

Des associations de développement interpellent l’intermédiaire qu’est la Fondation RAFAD. Dès sa création en 1985, la Fondation s’est placée à l’"entrée" de l’économique, en étant un outil financier conçu pour faciliter l’accès au crédit bancaire pour des associations de développement du Sud, à travers un mécanisme de garanties aux banques du Sud en faveur de ces associations. Ces interpellations sont les suivantes :

1ère interpellation : "Nous, associations de développement, avons besoin de crédits bancaires"

Pourquoi ? Il existe beaucoup d’enthousiame, de projets, de littérature et de formations de tous niveaux sur le crédit, envisagé sous la forme de petites caisses d’épargne-crédit et de fonds rotatifs. Ces systèmes sont utiles et peuvent constituer une étape d’apprentissage. Il faut pourtant constater que ces systèmes, traditionnels ou importés, restent le plus souvent insuffisants par leur nature et par leur taille, car ils sont généralement coupés du système financier formel et de l’accès au refinancement. Leurs fondements même les isolent : par exemple, une coopérative d’épargne-crédit qui fait des crédits à un taux d’intérêt très inférieur à ceux des banques, ne peut elle-même utiliser des crédits bancaires pour augmenter sa capacité de financement.

2ème interpellation : "Aidez-nous à "aller en banque", à négocier et, si possible, à changer l’attitude hostile de la banque".

Le problème est que les banques au Sud sont, très souvent, des reproductions copies conformes des banques du Nord, dans leurs structures, leurs produits (types de crédits)et leur fonctionnement théorique. Seules des banques étatiques se sont engagées dans les crédits agricoles encadrés. La plupart n’ont pas survécu, victimes des vices de l’encadrement ou de l’inadaptation de leurs produits et de leurs structures à ce métier. Or, la stucture réelle des économies du Sud n’a rien à voir avec celle du Nord : pas de tissu de petites, moyennes et grandes entreprises et pas de large couche de salariés consommateurs. Si les catégories de crédits gardent leur pertinence, la façon de les présenter, de les distribuer et de les collecter, est à repenser. Or, c’est cette façon qui est essentielle.

3ème interpellation : "Nous avons besoin de mieux gérer : que pouvez-vous nous apporter ?"

Elle exprime le besoin d’un accompagnement compétent en gestion. Ce travail de conseil peut souvent être apporté par des organisations locales déjà expérimentées. Dans d’autres cas, RAFAD a contribué à l’émergence des conditions de mise en place de compétences locales en gestion : accompagnement du passage du social vers l’économique, de l’"association vers l’entreprise". Les principales demandes sont :

"Comment nous adapter à nos objectifs économiques ?"

"Comment maîtriser approvisionnement et commercialisation ?""Comment maîtriser les flux financiers ?"

"Comment financer nos investissements ?"

4ème interpellation : Certaines entreprises de développement, quelquefois un réseau d’entreprises, sont des acteurs sociaux et des acteurs économiques.

Elles disent ceci .

"Comme acteurs sociaux, nous avons besoin d’appuis institutionnels."Comme acteurs économiques, nous avons besoin de la palette complète des instruments de financements d’entreprise, dont le crédit et l’accès au capital"

Ces entreprises en milieu rural ne peuvent être ni suspendues en l’air, ni fondées par décret. Elles ne peuvent naître et se développer qu’en s’appuyant sur un tissu associatif structuré et vivant. Elles exigent des services financiers, de formation, de conseil présents en milieu rural.

Mots-clés

association, crédit


, Afrique de l’Ouest

Commentaire

Il semble que :

- l’enjeu soit moins de chercher de nouvelles formes de financement que d’inventer de nouvelles façons, adaptées à la demande, d’utiliser des produits classiques

- la création, des conditions favorables au progrès économiques des associations dépend, pour beaucoup, des politiques des Etats et du système d’aide internationale. Comment influencer ceux-là ?

Notes

Cf. compte-rendu, publié sous le titre : "Le financement alternatif : le cas des micro entreprises et des associations de producteurs des pays andins", d’un séminaire qui a eu lieu à Quito, Equateur, en octobre 92.

Source

Littérature grise

RAFAD=RECHERCHES ET APPLICATIONS DE FINANCEMENTS ALTERNATIFS AU DEVELOPPEMENT, RAFAD, 1993 (SUISSE)

RAFAD (Recherches et Applications de Financements Alternatifs au Développement) - 1 rue de Varembé, P.O. Box 117, 1211 Genève 20, SUISSE - Tel (19) 41 22 733 50 73 - Fax (19) 41 22 734 70 83. - Suisse - www.rafad.org - info (@) rafad.org

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