Nos observations sur les processus de communication à la base, nos analyses et nos évaluations des interventions visant à transmettre des messages de transformation sociale et culturelle, nos décisions sur la pertinence de telle forme ou de tels moyens de préférence à d’autres exigent qu’on ait en matière de communication un concept de référence et un cadre théorique d’interprétation. L’absence d’une perspective claire en la matière nous fera répéter sans discernement n’importe quelle opinion d’expert ou technicien à la mode, nous empêchant de poser les vrais questions, de comprendre les processus en profondeur et d’avancer dans nos investigations de façon cohérente. Celles que nous relaterons se fondent sur plusieurs convictions qui en constituent l’arrière-fond épistémologique. Nous cherchons ici à articuler celui-ci à partir de notes tirées d’un article où nous trouvons une articulation heureuse de notre propre pratique critique en la matière.
La première vue courte et primaire est une notion instrumentale ou techniciste. Il s’agit d’une "définition positiviste de l’émetteur, du récepteur, du média, avec, pour finir, la mesure de l’effet de l’un sur l’autre". La communication est ici "un processus informatif dont la finalité est de modifier l’environnement cognitif des agents sociaux". Il est "passible, en tant que tel, d’une étude scientifique du transport de message d’un lieu vers un autre avec recherche de la moindre déperdition possible".
C’est "définir la communication de façon linéaire". Cela implique "une conception trés réductrice du langage", au sens où celui-ci est perçu comme étant "un véhicule par le moyen duquel un certain savoir sur le monde est transmis d’un sujet à l’autre".
Cette approche positiviste est fausse. C’est qu’il faut d’abord rapporter le monde des médias à "l’espace symbolique dans lequel il fonctionne, et qui lui assigne ses effets". L’acte de communiquer varie en nature selon les types de société où il se produit. "Communiquer n’est jamais une relation univoque et transparente. Jamais nous n’avons affaire à un message dont le sens est cernable tout à fait (disons, en toute positivité)et qu’un bon récepteur recevrait cinq sur cinq. Ce n’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’on doit se taire, dit le sens commun, par quoi il affirme que parler est autre chos que dire quelque chose et le dire à quelqu’un".
Le langage est dépendant d’un monde de significations qui n’existent point sans lui. On ne peut abstraire la langue de champs sémantiques déjà là en elle. Il n’y a pas de signifié extérieur au langage."Nous sommes, avant la moindre de nos paroles, déjà dominés et transis par le langage", écrit M. Foucault. Le système des mots découpe de soi un monde ou le construit."L’homme est un sujet du langage non seulement au sens où il use du langage, mais au sens où il lui est assujetti et où celui-ci est condition à priori de la constitution du sujet et de son monde. Le langage est la condition de toute expérience. La communication est le lieu où se fait le rapport des hommes à leur monde, à leurs semblables et à eux-mêmes.L’homme se constitue comme tel et constitue son monde en entrant dans l’ordre du signifiant."
communication, développement culturel, linguistique
, France, Paris
La communication étant bien plus que la simple circulation de communications et un transfert d’informations, deux dimensions fondamentales la caractérisent.
Premièrement, les mots et les symboles employés constituent tout un univers de significations qui est le monde des sens disponibles à la communauté qui parle le même langage. Les discours de celle-ci ont une logique interne. Il convient qu’avant de prendre la parole, l’animateur qui se veut agent de transformation sociale soit averti des lourdes charges sémantiques et affectives plus ou moins explicites dont ses mots participent. Sinon, il sera dupe de ses propres mots qui le prendront à leur piège et parleront autre chose que ce qu’il veut leur faire dire.
Deuxiémement, communiquer c’est avant tout dire quelque chose à quelqu’un qui accepte de l’entendre. La communication implique un pacte: "je reconnais l’autre comme cet autre à qui je m’adresse, pour qu’en répondant il me reconnaisse et se reconnaisse dans une relation de réciprocité". C’est d’abord un face à face.
Citations extraites de l’article : "La communication démocratique" de André Akoun, que ces notes reprennent.
Articles et dossiers
POITEVIN, Guy, CCRSS=CENTRE FOR COOPERATIVE RESEARCH IN SOCIAL SCIENCES, PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE in. CAHIERS INTERNATIONAUX DE SOCIOLOGIE, 1993/01 (France), XCIV-1993
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