11 / 2011
Toile de fond
L’évolution du climat et les risques climatiques menacent tout particulièrement les moyens d’existence des plus démunis. Les populations des pays en développement n’ont généralement pas les moyens de se protéger contre les risques climatiques croissants. Les changements climatiques mettent donc en péril le travail de coopération au développement mené depuis longtemps. Or, les projets de développement peuvent renforcer les capacités d’adaptation aux changements climatiques et contribuer à l’atténuation de ces derniers. Aussi Pain pour le prochain et l’EPER ont-elles décidé en 2009 d’intégrer la question du changement climatique dans leurs activités de coopération au développement. Dans le cadre d’une étude-pilote, deux projets de développement menés au sud du Honduras ont été examinés. Les résultats ont été présentés aux organisations partenaires lors d’un atelier à Tegucigalpa.
Niger – le plus pauvre parmi les pays pauvres
Le Niger est l’un des pays les plus pauvres au monde. 85 pour cent de la population vit avec moins de deux dollars US par jour. La sous-alimentation, l’insuffisance des soins de santé et la croissance démographique sans précédent de trois pour cent par année pour 7,2 enfants en moyenne par femme sont des signes supplémentaires de la situation précaire.
Au Niger, la vie est rythmée par la disponibilité de l’eau. La quantité de pluie qui tombe lors de la saison des pluies varie fortement d’une année à l’autre, mais également d’un endroit à l’autre. Les précipitations peu nombreuses et la courte saison des pluies sont les principaux risques liés aux changements climatiques auxquels est confronté le Niger. A cela s’ajoutent les vagues de chaleur, qui limitent fortement la production agricole, les inondations pendant la saison des pluies et les feux de broussailles.
Projet agricole à Guidan Ider
Le projet de développement de Guidan Ider renforce la sécurité alimentaire et le développement durable grâce à une série de mesures :
• les semences adaptées à la chaleur et à l’aridité permettent les récoltes en temps de sécheresse
• les mesures de protection et de récupération des sols aident les paysans à augmenter leur production
• l’élevage permet aux femmes d’avoir un revenu supplémentaire
• les systèmes de production agricole durables tels que l’agrosylviculture et le compostage protègent les ressources naturelles.
Les discussions menées avec les bénéficiaires et les responsables de projet ont permis d’examiner l’influence du projet sur la capacité d’adaptation aux changements climatiques. Les discussions ont été menées dans des groupes séparés entre hommes et femmes afin de prendre en compte les différents horaires quotidiens et problèmes, et de veiller à ce que tous aient l’occasion de s’exprimer.
Discussion avec les paysans de Guidan Ider
Analyse climatique à Guidan Ider
A Guidan Ider, les stratégies de gestion des risques liés aux changements climatiques et aux catastrophes sont déjà nombreuses. Il existe par exemple le système traditionnel « Habanayé », qui permet aux paysans sinistrés d’emprunter du bétail à leur voisin et de garder les jeunes bêtes afin de constituer un nouveau troupeau. Une stratégie considérée comme plutôt négative est l’exode des hommes en temps de pénurie, ce qui rend les femmes et les enfants restés au pays encore plus vulnérables face à d’autres risques.
L’analyse effectuée à l’aide de l’outil CCRC démontre que les activités du projet renforcent la capacité d’adaptation de la population. Les effets positifs du projet peuvent néanmoins encore être améliorés : une gestion plus parcimonieuse de l’eau permettrait de réduire considérablement la vulnérabilité face aux sécheresses. En outre, toutes les sources de revenus de la population, sans exception, dépendent des ressources naturelles dans la région couverte par le projet. Il est indispensable de créer des sources de revenus indépendantes des ressources naturelles afin de réduire la vulnérabilité face aux risques climatiques.
Le projet contribue également à préserver le climat. La protection et la récupération des sols favorisent, par exemple, le stockage de dioxyde de carbone de l’atmosphère. Toutefois, au vu de la situation précaire de la communauté de Guidan Ider, la protection du climat est relativement secondaire.
Atelier à Niamey
L’atelier organisé et financé par Pain pour le prochain a eu lieu en octobre 2009 à Niamey. Les responsables de projet, les producteurs d’organisations bénéficiant de l’appui des deux œuvres, des collaborateurs d’autres organisations de développement ainsi que des représentants de l’université et du service météorologique national ont participé à l’atelier. Des experts et des organisateurs locaux ont présenté des exposés livrant des connaissances de base sur le changement climatique, sur ses causes et ses conséquences, sur la politique climatique et la protection contre les catastrophes. A travers toute une série d’exercices, les participants/participantes ont appris à utiliser l’outil CCRC. Lors de l’excursion au centre de recherche ICRISAT à Niamey, les participants ont obtenu des informations sur des semences adaptées et des systèmes d’irrigation novateurs.
L’atelier a été couronné de succès. Même si le changement climatique était un sujet nouveau pour la plupart des participants, ces derniers l’ont vite adopté en faisant part de leurs propres expériences. L’adaptation aux changements climatiques et les possibilités d’éviter les catastrophes, abordées lors de l’atelier, sont des sujets importants pour le quotidien des participant-e-s et les activités liées au projet. L’atelier sur le changement climatique a réuni diverses parties prenantes intéressées par ce sujet au Niger. Il est à espérer que cette impulsion favorisera un échange fécond entre les experts de l’université, les centres de recherche, le gouvernement et les responsables de projet.
semence, utilisation des ressources naturelles, protection de l’environnement, changement climatique
, Niger
La gestion des risques liés au climat et aux catastrophes dans la coopération au développement
La traduction a été réalisé par Nadja Benes.
L’article est disponible en anglais Agricultural Project in Niger: Food Security and Sustainable Management of Natural Resources
«L’atelier a joué un rôle très important en nous montrant comment les changements climatiques influencent nos systèmes de production (l’agriculture et l’élevage).» Un participant de l’atelier, Niamey
Pour plus d’information sur l’outil CCRC et des données sur la question climatique au Niger :
Pour des questions éventuelles :
Marion Künzler / Pain pour le prochain- Responsable des Ateliers « Climat »:kuenzler@bfa-ppp.ch
Pain pour le prochain (PPP) - Service des Eglises protestantes de Suisse pour le développement, Av. du Grammont 9, CH-1007 Lausanne, SUISSE - Tél. : 021 614 77 17 - Fax : 021 617 51 75 - Suisse - www.ppp.ch - ppp (@) bfa-ppp.ch