07 / 2009
FICHE PROJET
CONTEXTE
Aux Pays Bas, à la fin des années ‘60, de nouvelles façons d’habiter sont expérimentées. De nombreux groupes d’habitants se créent. Début des années ‘80 on comptait plus de 6.600 de ces groupes.
Le contexte légal leur est d’ailleurs favorable. Par exemple, en 1976, une circulaire du Secrétaire d’Etat au logement reconnaît le logement comme un droit fondamental à tout citoyen hollandais d’au moins 18 ans et garantit un logement minimum légal défini par des normes.
Les formes d’habitats et le nombre de participants sont très diversifiés. Cela varie d’un groupe à l’autre. Concernant le nombre, certains groupes peuvent compter jusqu’à 160 habitants. Concernant les formes, il y a par exemple les « centraal wonen » (habitat collectif) qui se définissent comme :
Une forme d’habitat commun où les occupants choisissent consciemment d’habiter ensemble et où ils disposent à la fois d’un habitat indépendant et d’espaces partagés. Cette forme d’habitat, entre autres : favorise plus de justice sociale et solidaire ; permet l’émancipation et donne sa chance à chaque individu.
« A l’approche quantitative du bien être, à une société où on parque les 3e âge et les handicapés, l’idéal « centraal wonen » oppose sa vision qualitative rendant à chacun sa place et son rôle ». En 1971 fut fondée la Landelijke Vereniging Centraal Wonen et en 1972, la première réalisation du mouvement « centraal wonen, démarra à Hilversum aux Pays-Bas. En 1991 il y avaient environ 5.000 personnes qui habitaient de cette façon.
ORIGINES DU PROJET
En 1880, la famille van der Meer construisit la villa ter Meer sur le site des anciens jardins du château d’Ubbergen. Début Xxe, la maison fut rachetée par les religieuses de l’ordre Augustin. Elles y ont fondé un pensionnat pour les filles de bonnes familles. Une chapelle, une aile Ouest et une aile Nord furent ajoutées au bâtiment originel.
Confrontées à la chute de l’engouement pour les pensionnats, les nonnes vendirent, en 1970, le complexe à un fabricant de textiles. N’ayant pas pu y installer un centre de ski, de mariages et de fêtes, ce dernier loua des chambres dans une partie des bâtiments à des étudiants.
En 1978, le complexe changea encore de propriétaire. Il souhaitait transformer le site, qu’il baptisa De Refter, en appartements de luxe. Pour ce faire il essaya de déloger les locataires des chambres.
Mais les locataires résistèrent et fondèrent, en 1982, une fondation pour la préservation de De Refter. Ils firent part de leur plan au principal créancier (une banque) du propriétaire failli. La banque racheta le complexe et le vendit à la Fondation De Refter.
La Maison du peuple et la Province octroyèrent un subside à la Fondation et la commune d’Ubbergen se porta garante après négociation. L’édifice fut modifié : il y a un peu plus de 70 unités d’habitat et de nombreux espaces de travail.
L’édifice se trouve dans un ancien couvent sur la crête d’une colline à la lisière de Nijmegen. Il se compose : d’une villa de style néo-renaissance (1880) ; d’une aile Ouest, d’une aile Nord, d’une chapelle, de bas-côtés et de la maison des sœurs de style néo-gothique (1903-1926).
OBJECTIFS DU PROJET
Un des objectifs de départ était de sauver le site des promoteurs immobiliers et autres spéculateurs.
Objectifs actuels :
Vivre dans un site magnifique de façon autonome en pratiquant l’autogestion et avoir une influence directe sur sa vie sociale.
Habiter, travailler et se cultiver ensemble (environ 95 habitants).
POPULATION CONCERNEE
Toute personne intéressée par la vie en communauté et l’autogestion. Tous les habitants et occupants sont locataires de la Fondation De Refter, qui est gérée par eux-mêmes. Chaque habitant collabore minimum 6 heures/semaine à l’autogestion.
Il y a environ 95 personnes qui occupent les lieux dans des formes d’habitat différents : unités d’habitat pour personnes isolées - unités pour famille – unités pour personnes handicapées – unités pour personnes âgées – unités pour groupes. Les âges vont de 0 à 85 ans.
MONTAGE FINANCIER
Prêt à long terme pour l’achat.
Les montants récoltés pour les locations et par les différentes activités et le travail bénévole des habitants et une subvention de l’Etat permettent de « faire tourner » la Fondation.
MONTAGE LEGAL
De Refter est une Fondation et doit donc répondre à certaines exigences légales.
Tous les habitants sont locataires de la Fondation. Ils doivent participer aux groupes de gestion (administration, aspect financier, location, accueil, …) de la Fondation, à raison de 6 heures par semaine.
PARTENAIRES DU PROJET
Les habitants gèrent eux-mêmes la Fondation.
DEROULEMENT DU PROJET
Chaque habitant participe à la gestion -au sens large- de De Refter. Ce qui implique la participation : à l’un des groupes qui gère l’administration ; aux groupes qui entretiennent les lieux (maçonnerie, charpente, électricité, …) ; aux groupes qui rendent la vie agréable (cuisson du pain, la vente de produits biologiques, les plantations de légumes et autres produits dans le potager) ; aux réunions où on débat de choses qui concernent tous les habitants. Les voisins deviennent alors des collègues de travail. C’est essentiel pour la vie dans un édifice d’habitat et de travail. On créée et on détermine ensemble sa façon de vivre. On vit ensemble dans l’édifice avec les personnes qui ont refait le toit, s’occupent de l’administration ou cuisent votre pain.
Chaque groupe s’occupe d’une partie déterminée du travail et prend des décisions. Toutes les réunions où sont prises des décisions importantes sont accessibles à tous.
Le groupe De Elegast loue des espaces pour des cours, séminaires, et autres réunions. Outre cela, beaucoup d’autres espaces sont loués pour diverses activités : travail du métal, massages…
La Fondation Memuku, le groupe culture de De Refter, gère la bibliothèque (cours, concert,…), la chapelle (expositions, brocante, concert, …), les espaces de répétition musicale, …
Un café De Raaf est tenu par un petit collectif et ouvre ses portes durant les activités et sert de point de rencontre pour les habitants et leurs connaissances ou encore avec le monde extérieur via l’internetcafé.
Chaque premier dimanche du mois une réunion d’information/visite guidée est organisée pour ceux qui sont intéressés par ce genre de vie et/ou pour habiter à De Refter. La liste d’attente pour les unités individuelles est fermée. On peut encore s’inscrire pour l’habitat en groupe.
De nombreuses activités sont organisées auxquelles les personnes extérieures peuvent participer.
Fiche reproductibilité
ELEMENTS SPECIFIQUES A REPRODUIRE
En réponse au projet d’un promoteur immobilier, des habitants ont initié un projet pour sauvegarder l’immeuble dans lequel ils habitaient.
Regroupement de près d’une centaine de personnes, d’origines et d’âges divers, dans un même lieu pour y habiter ensemble et, pour certaines, y travailler. Le lieu est autogéré par ses habitants et est ouvert à l’extérieur.
EXEMPLES EN REGION WALLONNE – Belgique
Cette expérience peut être définie comme une forme d’habitat groupé autogéré. A savoir : « l’aboutissement de l’action concertée d’un petit groupe d’individus qui sont parvenus à façonner leur environnement immédiat à l’image de leur désir, et ce par un triple biais : action volontariste; action collective ; action sur l’espace » .
L’habitat groupé autogéré se caractérise par :
une prise en charge collective par les habitants de leur logement ;
une démarche générale d’autogestion (autoconception, autopromotion, autoadministration de l’habitat ;
une recherche d’appropriation de l’espace et de relations de voisinage plus élaborées et mieux vécues ;
un respect de l’unité de logement de chaque famille et une élaboration de ceux-ci autour d’un espace collectif qui organise ou favorise la communication entre familles.
Ce phénomène s’est développé fin des années ‘60 notamment au Québec, dans les pays nordiques, en France, aux Pays Bas et en Belgique.
En Région wallonne, il existe de nombreux habitats groupés, sous différentes formes, mais pas à une aussi grande échelle que celle de De Refter. On peut citer, par exemple, La Baraque et Le Petit Béguinage à Louvain-la-Neuve, l’abbaye de Saint-Denis à Mons et les Arbrelles à Braine-le-Château.
ELEMENTS DE REPRODUCTIBILITE
Il n’existe pas, à notre connaissance, ni de lieu de centralisation de toute l’information relative aux habitats groupés , ni de recensement des différents habitats groupés en Région wallonne. Il serait intéressant d’y consacrer une étude exhaustive avec une évaluation des divers projets.
Une réponse au problème de logement rencontré par des personnes « socialement défavorisées » pourrait être basé sur certaines expériences d’habitats groupés et d’autres formes de vie en société comme celles menées :
dans les communautés (par exemple : Emmaüs, La Poudrière, kot à projet universitaire) ;
dans les cités d’habitations sociales pour recréer les solidarités sociales et locales ;
dans les campings et parcs résidentiels ;
au niveau des squatts (Jonruelle à Liège et les squatts conventionnés à Charleroi par exemple) ;dans les habitats collectifs autogérés (Espaces fraternels à Liège par exemple);… ;
Les motivations des habitants – ils deviennent acteurs et responsables de leur cadre de vie - des habitats groupés sont diverses. En résumé, cela va :
du simplement vivre ensemble (par exemple, pour ne pas se retrouver seul), faire partie d’un groupe (par exemple dans un habitat intergénérationnel),
à habiter autour d’un projet de vie commun (par exemple : une production agricole ; une certaine philosophie de vie ou un objectif politique),
en passant par la nécessité de se loger (par exemple : famille qui doit déménager) et de réduire ses dépenses (par exemple : vivre à plusieurs pour diminuer les coûts de location et d’achats de vivres).
Il peut s’agir :
soit d’habitations, de bâtiments anciens, d’immeubles rachetés et/ou rénovés, transformés,
soit de nouvelles constructions (autoconstruites ou non)
ou de différentes formes d’habitats implantés sur un terrain.
Et ce avec des espaces communs, de rencontres et de travail.
La plupart du temps les habitants sont associés aux choix effectués en matière d’urbanisme, d’équipement, d’architecture de leurs espaces de vie.
Au niveau législatif :
Les questions à se poser quand on souhaite initier un projet d’habitat groupé sont nombreuses. Par exemples :
quel est le mode juridique sur lequel est fondé le partenariat (association, coopérative, fondation, …) ?
est-ce qu’il y a une coordination de projets, des règles à respecter, une gestion journalière ?
au niveau de la propriété quel est le statut privilégié (co-propriété, location à une fondation, …) ?
s’il y a crédit, est-ce qu’il est géré par un groupe ou par une personne ?
est-ce qu’il y a intervention de certains acteurs, comme le CPAS par exemple ?
Certaines communes sont sensibles à l’habitat groupé (quand elles sont à la recherche d’habitants, par exemple) d’autres beaucoup moins. Ce qui a une certaine incidence concernant notamment l’octroi des permis, la modification et/ou l’élaboration d’un plan communal d’aménagement.
Il est parfois utile de prendre conseils auprès de praticien du droit, comme, par exemple, la « sa Patrium » qui est spécialisée dans l’assistance juridique personnalisée en matière immobilière et qui connaît les différentes étapes des opérations immobilières et les différents acteurs impliqués. Cette société consacre une partie de son temps à des fins sociales.
Quelques pistes diverses :
Cette forme d’habitat est soutenue par des acteurs institutionnels directement ou indirectement, comme, par exemple :
La Ville de Liège. L’une des 5 catégories prises en compte pour l’attribution du Prix de l’urbanisme de la Ville de Liège est la réalisation d’habitat groupé d’initiative publique ou privée (Liège) ;
aux environs de Huy, un projet se construit avec tout un village (intégration de nouvelles constructions dans un village existant) ;
La banque Triodos qui, courant 2000, a octroyé un prêt pour un projet d’habitat groupé dans une ancienne imprimerie de presse ;
Les primes et aides de la Région wallonne (acquisition, construction, réhabilitation, …). Par exemple via l’assainissement des sites d’activité économique désaffectés. Les anciennes filatures Duez en plein centre de Péruwelz ont été réhabilités en une 60aine de logements par la société d’habitations sociales le Foyer péruwélzien. Cette requalification de ruines industrielles en logements sociaux est devenue possible grâce au partenariat entre le Foyer, la commune, la Région wallonne (Site d’Activités Economiques Désaffecté) et la Société wallonne du logement ;
Les expériences d’achats collectifs d’immeubles à destination de logements (achat collectif et transformation d’immeubles industriels désaffectés en lofts ou autres).
lutte contre l’exclusion, participation des habitants, organisation communautaire, logement, réhabilitation de l’habitat, handicapé, personne âgée
, Pays-Bas, Ubbergen
QUELQUES REFERENCES ET ADRESSES UTILES
Sur De Refter :
Infoboekje Woon-werpand De Refter, (eerste druk 1997), De Refter
Site web de la Fondation : De Refter
Site personnel : Refter
Noël Cannat , L’emploi à domicile à Ubbergen, Pays-Bas, fiche DPH.V200
Sur les « Centraal wonen » ou « co-housing », « shared housing » :
Site de Landelijke Vereniging Centraal Wonen LVCW –
Roland Kums, Tussen individualiteit & collectiviteit, Leuven,1998 – site : Homestead
BELGIQUE
Sur les habitats groupés :
Le centre de documentation d’Habitat et Participation dispose de nombreux ouvrages et divers documents sur l’habitat en général et sur l’habitat groupé. Il est ouvert à tous sur rendez-vous : Tél. : 010.450604 – Fax : 010.456564 – e-mail : Habitat et Participation
L’habitat groupé autogéré au Bénélux et en Europe, Habitat et Participation-Fondation Roi Baudouin, Louvain-la-Neuve, 1984
Site d’Ecotopie consacré aux réalisations écologiques exemplaires harmonisant les relations de l’homme avec son environnement naturel, social et culturel : Ecotopie
Site d’habiter autrement, lieu d’échange d’information et de projet : Habiter autrement
Site de Samenhuizen, – Vereniging voor woongemeenschappen, vzw : Samenhuizen
Site de Platform Wonen van Ouderen dont le but est de contribuer à la fondation d’un habitat de qualité pour les personnes âgées : Plateform wonen –
Coordonnées d’habitats groupés :
Les Petits Béguinages (personnes vieillissantes avec projet de vie) – Pierre Huvelle – Rue de Neufmoustier 1bte8 – 1348 Louvain-la-Neuve – Tél. : 010457611
La communauté de la verte voie (coopérative avec engagement socio-politique) – Joseph Vandeberg – SCRIS Communauté de la Verte Voie – 4890 Thimister
Terre d’Enneille (coopérative de familles avec charte) – Grande Enneille – 6940 Durbuy – Tél. : 086.323456 – e-mail : terre d’Enneille
Divers :
PATRIUM, sa - Rue Théodore Roosevelt, 42 – 1030 Bruxelles – Tél. : 02.7360454 – Fax : 02.7360349 – e-mail : info@patrium.be. La société assure, entre autres, une permanence téléphonique juridique gratuite (mardi 12 à 17heures) pour la revue « Je vais construire. J’améliore ma maison » au 027360454
Communauté de la Poudrière – rue Neuve Chaussée, 80/82 – Tél. : 069774344 – Fax : 069775279 – e-mail : lapoudrierepwz@swing.be - site : L a poudrière
Sur les primes et aides de la Région wallonne : Sous la direction de l’administration wallonne du logement, Memento du logement en Région wallonne, éd.Kluwer, 2000
Entretien
AUTEUR DE LA FICHE
Manfred Hammel, habitant
AUTEUR MORAL
La Fondation De Refter
COORDONNEES UTILES
Stichting de Refter
Rijksstraatweg, 37
6574 AC Ubbergen
Tél/fax : 00.31.24-3235259
Site web : De Refter
Habitat et Participation - Place des peintres 1/004, 1348 Louvain-La-Neuve, BELGIQUE - Tél. (32) 10 45 06 04 - Fax (32) 10 45 65 64 - Belgique - www.habitat-participation.be - hep (@) tvcablenet.be