2008
L’industrie de la canne à sucre a été l’une des premières activités des Amériques durant la période de colonisation, toujours marquée par l’appropriation du territoire et par l’exploitation de la main d’œuvre. Cette activité a permis aux secteurs qui contrôlaient la production et la commercialisation d’arriver à cumuler du capital et ainsi contribuer à la structuration du capitalisme en Europe.
Dans la plupart des pays latino-américains, les exploitants de sucreries contrôlent la propriété de la terre ainsi que la chaîne de production. Aujourd’hui le secteur des cannaies s’est répandu en Amérique latine, grâce à la propagande des agrocombustibles comme alternatives pour contenir le réchauffement climatique. Il y a également un intérêt stratégique du gouvernement nord-américain et de multinationales à garantir l’approvisionnement d’une énergie bon marché et à dominer le marché mondial du produit.
La production d’éthanol devrait augmenter en Amérique latine, suite à un mémorandum signé entre les gouvernements du Brésil et des États-Unis, en mars 2007, pour introduire les agrocombustibles dans la région. À l’heure actuelle, le Brésil et les États-Unis représentent à eux deux 70 % de la production mondiale d’éthanol.
Le mémorandum cite particulièrement l’Amérique centrale et les Caraïbes comme étant les « régions clés » pour la production de l’agroénergie. L’effet de cette annonce a été immédiat. Le Guatemala a récemment lancé la production d’éthanol dans certaines sucreries qui produisaient traditionnellement du sucre. Aujourd’hui, il existe quatre distilleries d’éthanol dans le pays, qui produisent à elles quatre près de 550 mille litres de produit par jour.
À El Salvador, le président Elías Antonio Saca a négocié un projet pilote pour recevoir une aide technique du Brésil et des États-Unis pour lancer un Programme national d’agrocombustibles.
Au Costa Rica, l’édition du 20 mars du journal La Nación révèle que « l’importante demande mondiale en éthanol aboutira à un changement dans la structure agraire nationale ». Des techniciens du ministère de l’Agriculture dans ce pays veulent stimuler le remplacement d’autres cultures par celle de la canne à sucre et du manioc, pour produire de l’éthanol et du diesel végétal. « Le pays doit se concentrer sur ces produits et éviter d’investir et de chercher d’autres marchés », ont affirmé Alfredo Volio et Carlos Villalobos, ministre et vice-ministre de l’Agriculture.
Des organisations paysannes liées à la Coordination latino-américaine des organisations paysannes (CLOC) ont refusé cette politique en affirmant qu’elles représentaient un risque pour la production d’aliments et pour la propre survie des communautés rurales. Encourager les projets liés aux agrocombustibles retire des ressources et des infrastructures à la petite agriculture, responsable de la production de la plupart des aliments consommés sur le marché intérieur.
L’intérêt stratégique du gouvernement Bush à convertir l’Amérique centrale en une région exportatrice d’éthanol est lié à la pression imposée aux pays centraméricains pour approuver l’Accord de libre échange entre l’Amérique centrale et les États-Unis d’Amérique (CAFTA) qui faciliterait l’entrée du produit sur le marché centraméricain.
agrocarburant, agriculture d’exportation, marché mondial
, Amérique Latine, Caraibes
L’agroénergie : mythes et impacts en Amérique latine
Traduit en français par Elisabeth Teixeira (babethteixeira (at) yahoo.fr)
Les textes de ce dossier sont le résultat du séminaire sur l’expansion de l’industrie de la canne à sucre en Amérique Latine, qui a eu lieu à São Paulo, au Brésil, du 26 au 28 février 2007.
Ce dossier est aussi disponible en anglais, espagnol et portugais.
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