Une « Agence des temps » pour l’agglomération de Poitiers

Comment articuler le temps de travail, le temps au domicile, le temps des loisirs ou le temps de l’engagement associatif à une époque où les rythmes de vie des citoyens se désynchronisent ? C’est un des chantiers prioritaires dans lequel s’est engagée la nouvelle équipe municipale de l’agglomération de Poitiers, depuis mars 2001.

« La gestion du temps constitue un facteur important d’inégalité entre citoyens, entre hommes et femmes, entre salariés du secteurs public et salariés du secteur privé », déclare madame Catherine Coutelle, adjointe au maire de Poitiers. « Les temps de travail ne sont pas en harmonie avec les horaires d’ouverture des services publics, des crèches ou des transports. » Aussi, la mairie de Poitiers décide d’engager une réflexion pour une maîtrise concertée et démocratique du temps. Avec l’aide de la DATAR (Délégation à l’Aménagement du territoire et à l’Action régionale), elle crée une Agence des temps. Sous la responsabilité d’une élue et de deux salariés, cette agence a pour objectif d’inviter les acteurs locaux (citoyens, entreprises, services publics) à échanger sur l’aménagement des temps de travail, de loisir et personnels. Elle incite par exemple à un élargissement des horaires d’ouvertures des services publics, à un aménagement des horaires de garde des enfants, etc.

A la rentrée scolaire, en septembre 2001, l’Agence des temps lance l’opération « soirée des services publics ». A une période où les parents cumulent les inscriptions scolaires, sportives ou musicales en se déplaçant pour cela d’un endroit à l’autre, la mairie propose à l’échelle d’un quartier de réunir les services publics en un lieu commun et à des horaires cumulables avec le temps de travail des usagers. Ainsi, dans un quartier de la ville, les services de cartes scolaires, carte de bus, école de musique et activités sportives se réunissent et ouvrent leurs inscriptions deux soirs dans la semaine (30 août et 2 septembre) entre 19h et 21h. Après quelques débats internes, les services publics ont accepté de relever le défi en appliquant pour leur personnel le mode du volontariat. A l’issue de l’opération, ceux-ci se déclaraient satisfaits car plus à l’aise dans leur travail : moins d’attente et donc moins de pression. Quant aux parents, ils ont apprécié de régler en un soir les démarches administratives pour leurs bambins. Enfin, cette soirée a été très utile pour les nouveaux habitants du quartier qui dans un même lieu disposaient de tous les interlocuteurs.

Initiatrice de l’opération, l’Agence des temps s’attendait à accueillir plus de monde mais, à défaut de la quantité, l’accent fut mis sur la qualité du service rendu. Pour la rentrée prochaine, elle étendra ces soirées à l’ensemble des communes de l’agglomération.