Génèse de la création de l’ADEPA
2000
L’Association Ouest Africaine pour le Développement de la pêche Artisanale fut créée il y a 12 ans. L’idée d’une ONG régionale s’occupant de la pêche artisanale a fait son chemin parallèlement à la préparation de la mise en oeuvre d’un Programme Régional Afrique de l’Ouest sur la «Valorisation des Captures de la Pêche Artisanale en Afrique de l’Ouest (PPAO) » qui procède d’un long processus. En effet le traitement des problèmes de la pêche artisanale par une approche régionale a débuté avec la session organisée par le CEASM (Association pour le Développement des Activités Maritimes) à Lomé au Togo, en 1982 avec des personnes chargées du développement, sur le thème : « gestion des projets de développement pêche ». Cette rencontre a vu naître une coordination africaine. Plusieurs rencontres ont ensuite suivi.
La première rencontre a eu lieu en 1986. Il s’agissait d’une session sur la valorisation des produits de la pêche organisée par le CEASM qui avait convié les administrations des pêches et les institutions de recherche à réfléchir sur la réduction des pertes après capture en valorisant mieux les produits.
Il a été noté une adhésion totale à cette idée.
Ainsi, les Directeurs des Pêches des pays de l’Afrique de l’Ouest, après deux réunions (Gambie 1987 et Sierra Leone 1988) ont décidé d’affronter le problème de pertes après-capture dans le cadre d’une coopération régionale sur le thème « Programme Régional Afrique de l’Ouest, Valorisation des captures de la pêche artisanale ».
Compte tenu de l’importance du problème et de l’étendue de la zone géographique concernée par le Programme (16 pays), les Directeurs des Pêches, lors de leurs assises à Freetown en 1988 ont mis sur pied un comité composé de Directeurs des Pêches de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Mali, du Sénégal et de la Sierra Leone, chargé de négocier avec l’Union Européenne, un Programme pilote à court terme (18 mois dans un premier temps puis de 12 mois, phase transitoire du Programme à cinq ans), pour tester la faisabilité d’un tel programme.
La gestion de cette phase transitoire fut confiée au CEASM.
En février 1992, les Directeurs des Pêches, ont fait le point de l’exécution du Programme pilote de 18 mois et de la phase transitoire.
L’une des conclusions de ces assises était de soumettre pour financement un Programme régional sur cinq ans qui sera géré par une Agence d’Exécution composée d’ONGs ayant une expérience dans les domaines couverts par le Programme. Le bailleur de fonds, l’UE accepte de financer et adhère aux propositions des Directeurs des pêches.
C’est ainsi que sous l’initiative de quatre ONGs qui ont participé à la réalisation des activités de la phase transitoire, en Septembre 1992, l’ADEPA fut créée. Elle était composée de 3 ONG africaines et une européenne :
INADES-FORMATION (Institut Africain pour le Développement Economique et Social) - Côte d’Ivoire
CUA (Crédit Unions Association) - Ghana
CREDETIP (Centre de Recherches pour le Développement des Technologies Intermédiaires de Pêche) -Sénégal
CEASM (Association pour le Développement des Activités Maritimes) – France
Ensuite, l’ADEPA devait être reconnue formellement comme Agence d’Exécution par les différentes instances du Programme :
l’Ordonnateur Régional du Programme, par lettre signée du Dr. Foday E. MacBailey en date du 18 novembre 1992 ;
l’Union Européenne, par lettre du 23 décembre 1992 signée de Mr. Ph. SOUBESTRE, Directeur général adjoint à la Direction Générale du Développement ;
les Directions des Pêches des 16 Etats de l’Afrique de l’Ouest, par lettre en date du 11 octobre 1993 signée du Dr Luc KOFFI, Directeur Général des Ressources Animales de Côte d’Ivoire, Président en exercice du Comité de Gestion du Programme.
ADEPA : Agence d’exécution du PPAO
De 1994 à 1999, l’ADEPA n’a géré que le Programme de l’Union Européenne sur la base d’un manuel de procédures préétabli qui ne laissait pas beaucoup de marge de manœuvre à l’ADEPA pour traiter les problèmes du développement comme elle l’attendait.
Des objectifs et des résultats ont déjà été arrêtés et qu’il fallait les atteindre. Cela posait beaucoup de problèmes quelques fois car certains préalables n’ont pas souvent été satisfaits notamment une identification des réels bénéficiaires. Celle qui a été faite devait tenir compte de toutes les préoccupations notamment des administrations des pêches qui voyaient le Programme comme leur « Affaire » Cet aspect s’est vérifié quant il s’agissait de choisir l’ADEPA comme Agence d’Exécution. Le débat a été houleux.
S’y ajoute la recherche d’un certain équilibre à tous les niveaux : pays anglophones et pays francophones ; nombres de Partenaires Associés par pays, nombre d’activités par pays etc. Tout ceci emmenait certains à dire que « le PPAO N’était pas un programme à quota ».
Enfin l’ADEPA devait faire face à une panoplie de procédures qui étaient un frein pour l’exécution du Programme. Elle s’est rendue compte que l’UE voulait innover en confiant pour la première fois la gestion des fonds du FED à des ONGs sans pour autant changer ses méthodes. Les règles sont restées les mêmes.
Cette situation a été très mal vécue par les membres de l’ADEPA et surtout de son Président qui avait une autre approche du développement. Il a même proposé à un moment la rupture du contrat.
Il n’avait manqué de le souligner lors de l’ouverture du colloque, sur la pêche artisanale tenue à Cotonou en novembre 2000. Il disait :
« Il y a environ huit ans, la Commission Européenne acceptait l’ADEPA, notre Association comme Agence d’Exécution d’un programme ayant pour objet la Valorisation des produits de la pêche artisanale en Afrique de l’Ouest. Il faut savoir que la Commission, en ce moment-là, ne pouvait traiter directement qu’avec des ONG européennes. Nous étions donc heureux de tenter l’expérience de ce nouveau type de partenariat. Mais bien vite, nous avons déchanté face à la complexité et par conséquent au caractère peu humain ou impersonnel du système en place pour gérer les relations de coopération : des procédures, des procédures et des procédures. On pouvait consacrer la moitié du temps à répondre au point de procédure, alors que le développement devait être facilité sur le terrain. Ce qui est plus grave, c’est que nous avions l’impression (je souhaite qu’elle soit fausse, mais nous l’avions quand même) que la coopération n’était qu’une affaire de déboursement de sous, l’homme étant mis à la porte du processus. »
Malgré tous ces problèmes l’ADEPA a exécuté correctement son contrat. Les acquis dans les domaines du renforcement des capacités des Organisations Professionnelles et de la mobilisation des ressources humaines africaines ont permis à l’ADEPA de se positionner comme un vaste mouvement pour la pêche artisanale en Afrique de l’Ouest.
ADEPA, un vaste mouvement pour la Pêche artisanale
Dès la fin du Programme avec l’Union européenne, les partenaires mobilisés dans la mise en œuvre du PPAO ont encouragé l’ADEPA à continuer l’appui au secteur de la pêche artisanale. Aussi, l’ADEPA a-t-elle aussi proposé l’élargissement de l’Association à d’autres partenaires.
En Février 2000, une Assemblée Générale fut convoquée. D’autres ONGs, ainsi que des Organisations professionnelles et des personnes physiques ont intégré l’Association. Certaines d’entre elles ont été élues au Conseil d’Administration.
L’ADEPA, s’est dotée d’une vision.
« Une société dans laquelle la pêche artisanale contribue à la dignité de professionnels capables de s’organiser pour :
Améliorer leurs conditions de vie et celles de leurs familles ;
Prendre en mains leur destin et défendre leurs intérêts ;
Bénéficier de la considération qui leur est due afin que leurs préoccupations soient prises en compte dans les politiques nationales de développement, les débats publics de la société civile et sur les scènes politiques nationales et internationales. »
Actuellement, l’ADEPA travaille plus aisément. Elle a d’autres partenaires qui partagent la même approche qu’elle. Les programmes présentés font l’objet d’échanges sur les objectifs, les résultats escomptés.
Les relations avec l’UE ne sont pas totalement rompues malgré les difficultés rencontrées. Mais il est certain que si un financement devait être obtenu, un vrai partenariat serait exigé.
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, Afrique de l’Ouest
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