L’agenda 21 de la ville de Munich a été initié par des citoyens mais a été ensuite fortement soutenu par la Municipalité. Plusieurs projets réalisés dans ce cadre sont exemplaires.
La démarche a contribué à inventer une nouvelle façon de coopérer entre acteurs d’horizons très différents, en particulier dans le domaine des déplacements.
Le contexte
Avec 1,3 millions d’habitants sur 311 km2, Munich, capitale de la Bavière, est l’une des principales métropoles allemandes.
Á Munich, comme dans beaucoup d’agglomérations européennes, le problème des transports occupe une place importante : chaque jour, environ un million de voitures entrent dans la ville ou en sortent.
L’agenda 21
L’initiative de l’agenda 21 local est venue de la société civile - associations et habitants - après la signature par la Ville de la Charte d’Aalborg. Il en est résulté un ensemble d’idées et de propositions soumises ensuite au Conseil municipal.
Phase de consultation : le Grand conseil
Tout au long de l’année 1998, un grand nombre de personnes a participé à cette phase, dite « le Grand Conseil », financée par la Ville avec quatre groupes de travail principaux ou « machines à idées » (Fachforen), autour des thèmes :
modes de vie,
travail et économie,
habitat et mobilité,
Munich dans le monde.
Il en est ressorti :
le rassemblement d’une importante documentation,
44 projets dans l’esprit du développement durable,
un recueil « Munich, une ville durable », regroupant 60 contributions d’acteurs et d’experts,
l’organisation d’une conférence régionale qui a rassemblé 200 participants,
des projets d’agendas 21 locaux de quartiers.
Coordination de l’agenda 21
Un Office de l’agenda 21, financé par la Ville, a été créé ;
Un ensemble d’actions visant à impliquer les différents services municipaux, a été engagé.
Les réalisations de l’agenda 21
Certaines réalisations de l’agenda 21 peuvent être considérées comme exemplaires, notamment :
Le programme « éco-profit ». Conçu à l’origine par la ville de Graz en Autriche, il a été repris par Munich et adapté à la situation spécifique de l’Allemagne. Il s’agit de convaincre des entreprises d’accepter une formation en vue de faire évoluer leurs pratiques et leurs modes de production. Plus de 130 entreprises ont accepté de jouer le jeu et le programme a été par la suite repris par d’autres villes allemandes.
La « Maison d’un seul monde » dont l’objectif est de faire connaître les différentes cultures du monde, d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud.et de faciliter le travail des associations de solidarité internationale.
Ses actions : conférences, spectacles, expositions, commerce équitable.
Parmi les initiatives qui y sont nées : la campagne « made bei Kinderhand » (Munich contre l’exploitation des enfants) qui a conduit à une décision du conseil municipal de s’engager pour un approvisionnement socialement responsable.
La création d’une Fondation citoyenne : Munich, ville durable (Bürgerstiftung), www.bszm.de. Les apports des différents donateurs - dont la Ville – permettent de soutenir des projets allant dans le sens du développement durable. L’un de ces projets, le « Lifeguide de Munich », est un manuel pratique pour aider les habitants à évoluer dans leurs pratiques et leurs modes de consommation.
Le programme de planification urbaine : « une ville agréable pour tous »
S’appuyant sur le schéma directeur (Perspective München) et sur l’idée d’une « ville compacte, urbaine et verte », ce programme comprend notamment : le développement d’une ceinture et de corridors verts et la reconquête des berges de l’Isar, rivière qui traverse la Ville.
Munich sans voiture : deux fois par an deux journées festives sur l’axe principal de Munich, organisées à l’initiative d’une association fondée par des étudiants.
« Compas de la durabilité » : mise au point, avec la participation de différents acteurs, d’indicateurs adaptés à Munich.
Un apport essentiel de l’agenda 21 : une nouvelle culture de débat
L’agenda 21 a apporté une nouvelle façon de se concerter et d’agir ensemble. Les projets d’INZELL et de MOBINET dépassent le cadre de l’agenda 21, mais on peut présumer qu’ils constituent une prolongation de cette expérience.
Les rencontres Inzell. Des réunions sur le thème des transports se tiennent régulièrement à Inzell, commune proche de Munich depuis 1995 avec différents partenaires publics et privés. La ligne directrice de ces rencontres est de donner, dans le débat, un poids égal à tous les participants – représentants d’associations écologiques ou délégués de BMW. Les rencontres d’Inzell ont permis de préparer différentes décisions d’aménagements, de gestion des modes de transports et de recherche.
Les programmes MOBINET et ARRIVE. Issus des rencontres d’Inzell, il s’agit de programmes de recherche sur la coordination des systèmes de transports (trains, bus, …) et sur la gestion du trafic.
Continuation du processus sous d’autres labels
MONACO : Après les années d’effervescence, dans une période moins active, il a fallu relancer la dynamique. Parallèlement au processus de l’agenda 21, certains de ses acteurs ont suscité le lancement d’une nouvelle initiative pour promouvoir l’écologie à Munich : MONACO - une fédération d’acteurs, associations, entreprises, autorités urbaines, universités, assurances, Eglises catholiques et protestantes. MONACO s’est attaché notamment aux thèmes de l’énergie, de l’agriculture et ville, de la mobilité (autopartage, modes doux, etc.).
BenE München : Centre régional de compétence pour la formation, créé en juillet 2007, accrédité par l’Université des Nations Unies (UNU). La connexion des compétences et des ressources des acteurs de formation (entreprises, ONG diverses institutions) permet d’améliorer les performances de tous, sans que cela ne nécessite d’investissements élevés.
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, Allemagne, Munich
Territoires et développement durable
Les Agendas 21 des villes dans le monde
L’agenda 21 de Munich a déclenché une réelle dynamique qui s’est développée sur une longue période, dynamique dont on peut mesurer les effets, en particulier pour la culture des débats et dans différents domaines (déplacements, utilisation de l’énergie, aménagement du territoire…). Il est vrai que la première phase d’effervescence a été suivie d’une période moins active, dû aussi aux réductions de financements pour l’agenda 21. Mais les acteurs ont su entretenir le processus en relançant de nouvelles initiatives, parfois sous des labels différents.
Ina RANSON, professeur de lettres et philologue de formation, journaliste, participe aux travaux de la Fondation Léopold Mayer pour le Progrès de l’homme et à ceux de l’Alliance pour un monde responsable et solidaire. Franco-Allemande, elle a mené plusieurs enquêtes en Allemagne et dans les pays scandinaves sur le thème de l’approche territoriale du développement durable. Elle est l’auteure de nombreux articles ou dossiers sur ce thème.
Encyclopédie du développement durable 4D : www.encyclopedie-dd.org
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