Bourgmestre et Gouverneur de Province mettent la main à la pâte au Congo !
10 / 2007
A l’origine du projet
C’est au cours d’une consultation populaire (Baraza la majengo) entreprise par le Gouverneur de la Province du Katanga à travers les différentes communes de la ville de Lubumbashi, que les habitants de la commune Katuba avaient exprimé leurs priorités de développement, dont la première concernait l’assainissement de la Rivière Lubumbashi.
Objectifs et enjeux
1 Prévenir le problème d’inondation des maisons situées au bord de la rivière
2 Faciliter la circulation des piétons et des véhicules pendant la saison de pluie
3 Créer de l’emploi aux jeunes
Déroulement du projet
La commune Katuba couvre environ 16 Km2 de superficie avec près de 300.000 habitants repartis en 9 quartiers. Construite en 1952, elle est limitée à l’Ouest par la rivière Kimilolo, à l’Est par la rivière Lubumbashi, au Sud par la rivière Kafubu et au Nord par la route Nationale Kasumbalesa.
Pendant la saison pluvieuse, cette commune connaît d’énormes difficultés dues notamment aux inondations de la rivière Lubumbashi, ce qui occasionne souvent une destruction des plusieurs maisons d’habitation, l’impraticabilité des routes et même la prolifération des maladies hydriques.
Après avoir persuadé le Gouverneur de province sur l’urgence de trouver solution à ce problème, le bourgmestre de la commune n’avait pas tardé à mobiliser les jeunes de sa commune à entreprendre les travaux de désherbage et de curage de la rivière Lubumbashi, d’une superficie de plus ou moins 25 ha de marécage, où gisent des détritus de métaux, des carcasses de véhicules etc.
Compte tenu de l’imminence de la pluie, il fallait agir directement en se servant des moyens du bord, même sans avoir bien planifié le travail. N’ayant pas les moyens d’engager des experts, le bourgmestre s’est lui-même improvisé entrepreneur. Sur le terrain, il est secondé par des superviseurs des travaux, des chefs d’équipes et leurs adjoints. Chaque équipe est composée de 30 à 40 personnes. Chaque matin, les 7 superviseurs se réunissent autour du bourgmestre pour évaluer les travaux de la veille et planifier les activités de la journée.
Durant 7 heures par jour, les jeunes dont les ¾ habitent la commune Katuba et le ¼ sont les étudiants de l’université de Lubumbashi travaillent dans l’eau. Équipés des coupes-coupes, des gants, des bottes, des combinaisons, de râteaux, ces braves jeunes gens désherbent, entassent et transportent des dizaines de m3 de déchets verts vers le bord de la rivière, où les mamans maraîchères les récupèrent pour s’en servir comme compost.
Données pratiques
Échelle territoriale : Commune Katuba
Public cible : Habitants de la Commune Katuba
Acteurs du projet :
Bourgmestre de la commune Katuba
Gouverneur de Province du Katanga
Jeunes de la Commune
Durée actuelle : 4 mois, soit de Juillet 2007 à ce Jour
Résultats actuels :
3 km2 de la rivière Lubumbashi, débroussaillés et curés
400 emplois temporaires créés pour les jeunes
Sources de financement :
Fonds propres du gouverneur de province pour l’acquisition du matériel
Gouvernorat de Province du Katanga pour le payement des salaires
10 Principes de Bonne Gouvernance
10 Questions ont ensuite été posées lors de cet entretien pour mieux comprendre comment cette expérience peut s’approcher des principes de Bonne Gouvernance énoncés par l’Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire en juin 2001 in «Les principes de la gouvernance au XXIe siècle» et ce afin d’échanger ces pratiques avec celles du Congo en matière d’habitat et de gestion des déchets.
1- Se fonder sur une approche territoriale et le principe de subsidiarité
Comme dit précédemment, ce projet est une réponse aux vieilles doléances des habitants de la Commune de Katuba face aux autorités locales. Il s’inscrit parfaitement dans le principe de la subsidiarité dans la mesure où les autorités à différents niveaux (bourgmestre et gouverneur de province) se sont partagé la responsabilité d’assainir la rivière Lubumbashi. En effet, la population avait exprimé publiquement sa priorité, le Bourgmestre avait insisté au près du gouverneur, et ce dernier, sans tarder, avait mis la main à la poche pour faciliter le démarrage des travaux.
2- Instituer un dialogue au sein de communautés plurielles
Ce projet avait eu la chance d’obtenir un début de financement grâce au dialogue initié par le gouverneur de Province avec la population de base dans différentes communes de la ville de Lubumbashi. En guise de respect et de reconnaissance du droit à une appartenance territoriale plurielle, complétée par la religion ainsi que le milieu socioprofessionnel des individus, dans son exécution, ce projet implique non seulement les jeunes du milieu, mais aussi, ceux d’autres communes, voire même des étudiants.
3- Remettre l’économie à sa juste place
Il est évident que ce projet s’inscrit dans le cadre du développement durable, du fait qu’il vise la gestion et la promotion de l’eau, qui est une ressource naturelle par excellence. De même, le curage de la rivière Lubumbashi, permettra de libérer plusieurs hectares de terre qui seront mises en valeur par des mamans maraîchères, d’où des retombées économiques et sociales considérables.
4- Se fonder sur une éthique universelle de responsabilité
L’exécution du projet d’assainissement de la rivière Lubumbashi se fait dans la transparence. Après avoir acheté le matériel de travail nécessaire, chaque journalier touche son salaire régulièrement à la fin de chaque mois, d’où il n’y a pas de plainte enregistrée, jusque là.
5- Définir un cycle d’élaboration de décision et contrôler les politiques publiques
A défaut d’une politique publique bien élaborée et d’une expertise indépendante en matière d’assainissement du milieu, le bourgmestre fait une administration de proximité. Il consulte la population, cette dernière décide, et ensemble ils exécutent l’action définie.
6- Organiser la coopération et les synergies entre acteurs
C’est effectivement grâce à un dialogue ouvert, initié par le Gouverneur de province du Katanga avec les habitants que ce projet a pu démarrer.
7- Concevoir des dispositifs cohérents avec les objectifs poursuivis
Les dispositifs de ce projet ne sont pas du tout cohérents face à ses objectifs, car les moyens techniques et humains sont limités semble t-il pour l’instant. En effet, les acteurs du projet, ne savent pas encore combien de temps dureront les travaux, compte tenu de leurs complexité et de l’étendue du marécage (environ 24 hectares).
8- Maîtriser les flux d’échange des sociétés entre elles et avec la biosphère
Tout au long de ce projet, chaque matin une réunion est tenue au bureau du Bourgmestre, entre lui et les hommes qui sont sur terrain. Cela permet d’évaluer ce qui a été fait la veille et d’orienter les activités de la journée.
9- Gérer la durée et savoir se projeter dans le temps
Parmi les faiblesses de ce projet, nous citons le manque de gestion de la durée et sa projection dans le temps. L’action en cours peut être comprise comme une intervention d’urgence à la vue de l’imminence de la pluie et cela explique le fait que les acteurs n’ont pas d’échéance claire, ni d’indicateurs précis. Car dit-on, les travaux sont complexes et les moyens sont limités.
10- De la Légalité à la légitimité de l’utilité, des valeurs, des méthodes
La légitimité du présent projet se confirme par le fait qu’il a été présenté au Gouverneur de province par les habitants de la commune Katuba eux-mêmes au cours d’une consultation populaire. Bien que les méthodes utilisées pour son exécution ne soient pas efficaces, elles constituent un début de solution à ce vieux problème, ce qui renforce la confiance des habitants en leurs élus.
traitement des déchets, déchet urbain, gouvernance, participation populaire, participation des habitants, assainissement de l’eau, eau, subsidiarité active
, République Démocratique du Congo, Katuba
Bonne Gouvernance en matière d’habitat et de gestion des déchets
Le Bourgmestre conclut cet entretien en disant : Ce projet nous a réellement rapproché de la population. Nous sentons un engouement des jeunes à s’impliquer et nous espérons qu’en dépit des difficultés que nous rencontrons, nous finirons par arriver au bout !
Questions que pose cette expérience :
1 Faut-il nécessairement attendre le concours des experts pour amorcer une action urgente dans un quartier donné ?
2 Comment peut-on faire pour mobiliser la population autour d’une activité d’intérêt général mais qui doit être menée à long terme ?
Cette fiche a été élaborée dans le cadre d’un échange d’expériences sur les pratiques de Bonne Gouvernance en matière d’HABITAT et de GESTION DES DÉCHETS entre le Congo et la Belgique en 2007 et 2008.
Entretien
Entretien avec le Bourgmestre de la Commune Katuba Ville de Lubumbashi – Province du Katanga, RDC, Monsieur Jery KABOLA
Tél : 00243 81038409
Mail : Jery Kabola
Presse écrite :
1. La revanche Édition n° 0061 du 07 Septembre 2007, p9
2. Le Messager Édition n° 169 du 29 Août 2007, p6
3. Le couloir Édition n° 12 du 05 Septembre 2007, p6