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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

L’économie sociale, une alternative planétaire

Mondialiser au profit de tous

Thierry JEANTET, Jean-Philippe POULNOT

2007

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Derrière ces deux vocables en apparence antinomiques – économie et social – se cache une réalité qui s’étend sur toute la planète, et par ailleurs un véritable corpus de pensée économique, sociale et environnementale. L’économie sociale représente près de 10 % des emplois, mais aussi près de 10 % du Produit Intérieur Brut mondial. Elle existe dans divers domaines (banques, mutuelles,…) dans la quasi-totalité des pays du monde. Cet ouvrage issu des rencontres du Mont-Blanc recueille des contributions de tous les continents, il est émaillé de nombreux exemples qui permettent de définir et de décrire l’économie sociale et d’avancer des propositions pour en améliorer les ressorts et la visibilité.

L’ouvrage « L’économie sociale, une alternative planétaire » est téléchargeable en ligne, sur le site des ECLM.

Introduction

Gérard Andreck, Roger Belot,Jean-Claude Detilleux, Jacques Landriot, François Soulage

Volontiers provocateur, le titre de cet ouvrage collectif n’en est pas pour autant dénué de sens, de concepts et de réalités. «L’économie sociale, une alternative planétaire » nécessite donc un décryptage que nous avons voulu bref.

Tout d’abord, il est important de rappeler que derrière ces deux vocables en apparence antinomiques – économie et social – se cachent une réalité qui s’étend sur toute la planète et un véritable corpus de pensée économique, sociale et environnementale.

En matière d’universalité de l’économie sociale, on peut affirmer haut et fort qu’elle existe, sous diverses formes, dans la quasi-totalité des pays de notre monde, et de plus, avec une certaine homogénéité : c’est près de 10 % des emplois, c’est également près de 10 % du produit intérieur brut mondial, et c’est près d’un individu sur trois qui est en relation avec des entreprises et organisations de l’économie sociale, soit parce qu’il en est salarié, sociétaire, adhérent, ou peut-être simplement parce qu’il bénéficie de leurs prestations. Cette universalité se traduit également par la diversité des secteurs économiques et sociaux dans lesquels les organisations de l’économie sociale agissent au quotidien, notamment : la santé, l’aide aux personnes, la finance, le logement, l’éducation, toute la filière agricole, l’assurance, l’environnement, la production industrielle, le tourisme, la communication, les technologies de l’information, sans oublier les secteurs des loisirs, du sport et de la culture. C’est bien pour cela que cet ouvrage présente une alternative planétaire déjà jalonnée de réalisations et d’expériences sur tous les continents.

Le corpus de pensée économique, sociale et environnementale, base fondatrice des entreprises et organisations de l’économie sociale, est caractérisé par les valeurs fortes du « faire ensemble », du « faire pour autrui », et du « faire avec sens » et bien entendu la solidarité, tout comme il est caractérisé par ses pratiques.

Le « faire ensemble » se retrouve même dans les mots qui désignent nos structures les plus communes : coopératives, mutuelles, associations, fondations. Par construction, nos entreprises ou organisations reposent sur l’entreprenariat collectif ou le projet collectif, qu’elles agissent sur les marchés, ou encore en partenariat avec les puissances publiques, dans les champs du social et de l’environnement par exemple.

« Faire pour autrui », c’est aborder les problématiques sociétales en cherchant les réponses adaptées au plus grand nombre, dans un souci de partage et d’équité, qui peut aller du local au global. C’est également s’organiser souvent pour faire face à des situations d’urgence, dans de trop nombreux cas : la faim, la maladie, le chômage, la précarité, l’absence de logement, étant trop largement répandus d’un bout à l’autre du monde.

« Faire avec sens », c’est pratiquer ensemble des activités humaines de façon démocratique et durable : avoir en permanence le souci de l’équité, de l’égalité, de la solidarité, construire dans la durée pour les générations futures, et en respectant notre environnement.

Ensuite, il nous paraît nécessaire d’expliciter le choix du verbe « mondialiser », qui figure dans le sous-titre de cet ouvrage, et que nous voulons résolument différent du verbe « globaliser ». Si ce dernier verbe fait implicitement référence à des volontés stratégiques, au concept d’uniformité des réponses et des modèles, le verbe « mondialiser », quant à lui, fait plutôt référence à l’espace géographique et aux processus qui permettent de développer au plan local les réponses et modèles adaptés. C’est bien l’ensemble de ces plans locaux qui construisent la mondialisation.

« Mondialiser au profit de tous » consiste à trouver de meilleures réponses aux problématiques humaines et sociétales pour le plus grand nombre et non au simple bénéfice de quelques-uns. C’est bien le défi que nos entreprises et organisations tentent de relever au quotidien. Sans pour autant négliger les questions de rentabilité, d’efficacité et de viabilité économique, l’économie sociale sait se montrer innovante et proposer des solutions aux enjeux essentiels auxquels les êtres humains se trouvent souvent confrontés. C’est le propos de nombreux articles de cet ouvrage collectif.

L’une des questions qui restent à résoudre est celle de la visibilité des entreprises et organisations de l’économie sociale. Implantées partout dans le monde, elles sont – malgré leur forte présence sur certains marchés, leur compétitivité, leur capacité à répondre à de nouveaux besoins – trop discrètes sur la scène internationale : disposant d’organisations institutionnelles efficaces (comme l’Alliance coopérative internationale), elles ont, en effet, peu établi de coopérations opérationnelles transfrontalières.

Soucieux de dépasser cet état de fait, nous avons voulu inviter nos homologues entrepreneurs de l’économie sociale d’autres continents, d’autres secteurs d’activités, à se rencontrer, non à Davos (où se tient le forum des entreprises capitalistes) ou même à Porto Alegre (où nous avons des amis), mais au Mont-Blanc ! Nous y avons invité nos alliés (syndicalistes, représentants d’institutions internationales, personnalités politiques, universitaires et chercheurs, etc.).

D’abord pour qu’ils fassent mieux connaissance les uns et les autres, échangent leurs expériences, élaborent des projets communs; donc pour qu’ils créent un espace de rencontres opérationnelles. Ensuite, pour qu’à cette occasion, ils réfléchissent à la façon de rendre l’activité et la crédibilité de l’économie sociale plus visibles.

Les nombreuses contributions de ce livre collectif (issu des premières Rencontres du Mont-Blanc) montrent bien la richesse et la diversité de cette économie sociale « bouillonnante » du sud au nord. Il s’y tisse peu à peu de nouveaux réseaux d’échanges, de nouveaux types de management et modes de production qui répondent aux préoccupations grandissantes de femmes et d’hommes voulant vivre de façon digne et active, voulant de façon ambitieuse mais raisonnée inventer en marchant une autre mondialisation. Autre mondialisation où la notion d’efficacité devra se mesurer notamment en termes sociaux, civiques, environnementaux et non plus seulement économiques !

Nous espérons que cet ouvrage donnera envie à d’autres acteurs de toutes les formes d’organisations qui composent l’économie sociale de nous rejoindre au sein des Rencontres du Mont-Blanc pour développer l’économie sociale dans le monde.

Nous espérons surtout qu’il donnera l’envie de s’intéresser davantage à cette économie différente, à s’y investir et y être actif, quel qu’en soit le degré d’engagement. Notre voeu s’adresse à tous, sans distinction, pour que des principes de démocratie, de juste répartition des richesses créées, de solidarité, d’épanouissement de la personne humaine soient au service « d’un mieuxvivre mondial ».

Mots-clés

citoyenneté, économie sociale, économie solidaire

Notes

L’ouvrage «  L’économie sociale, une alternative planétaire »

Collectif, coordonné par Thierry Jeantet et Jean-Philippe Poulnot. L’économie sociale, une alternative planétaire. Paris : ECLM (Editions Charles Léopold Mayer), 2007. 370 p. ISBN 978-2-84377-132-3. 22€

Téléchargement du livre sur le site des ECLM

Biographie des auteurs

Thierry Jeantet a toujours travaillé dans les secteurs coopératifs et mutualistes, militant dans diverses associations. Il est aujourd’hui directeur général d’Euresa. Il participe aux instances de plusieurs jeunes sociétés d’assurance en Grèce, Pologne, Portugal. Il est président de l’association Les Rencontres du Mont-Blanc. Il a co-fondé Solidarité France-Pologne, a participé à la Marche pour la survie du Cambodge, a milité pour l’attribution de la citoyenneté européenne aux peuples des Balkans…

 

Jean-Philippe Poulnot est directeur du développement du groupe coopératif Chèque Déjeuner. Impliqué depuis plus de 15 ans dans l’économie sociale, il remplit aujourd’hui de nombreux mandats dans des organisations coopératives, mutualistes et associatives, comme la Macif, l’Union régionale des Scop d’Ile de France, le Cjdes. Fortement ouvert aux questions internationales, il est vice-président de l’association Les Rencontres du Mont-Blanc et participe à plusieurs projets de dimensions internationales.

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