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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Société civile

Un acteur historique de la gouvernance

Jeanne PLANCHE

2007

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Au Nord comme au Sud, le thème de société civile est récurrent dans le discours des acteurs politiques et sociaux. Certains s’en revendiquent, d’autres la fustigent, beaucoup cherchent à la renforcer. Conçue comme contre-pouvoir et/ou partenaire des pouvoirs publics, la prise en compte de la société civile dans le milieu du développement notamment semble aujourd’hui faire l’objet d’un large consensus. L’auteur clarifie les différentes approches et pratiques relatives à la société civile. Elle interroge cette notion et nous fait découvrir que c’est un acteur à la fois très ancien et très récent de la gouvernance.

L’ouvrage « Société civile » est téléchargeable en ligne, sur le site des ECLM.

Introduction

Effet de mode ou nouvel outil d’analyse de l’action collective, la notion de société civile est partout. Au Nord comme au Sud, ce thème est récurrent dans le discours des acteurs politiques et sociaux. Certains s’en revendiquent, d’autres la fustigent, beaucoup cherchent à la renforcer, notamment au Sud. Cette évolution traduit les mutations sociopolitiques qu’ont vécues les pays en développement et répond aux aspirations des organisations de solidarité internationale qui ont travaillé à cette émergence. Mais elle procède surtout des transformations des politiques de coopération. Conçue comme contre-pouvoir et/ou partenaire des pouvoirs publics, la prise en compte de la société civile dans le milieu du développement semble aujourd’hui faire l’objet d’un large consensus : de son dynamisme dépend la qualité de la vie démocratique, elle est indispensable au développement local, incontournable pour l’activité politique, économique et sociale dans les pays du Sud, elle doit être renforcée. En conséquence, la société civile est omniprésente dans les discours de la Banque mondiale sur les stratégies de lutte contre la pauvreté et les politiques d’empowerment, elle est un partenaire de l’Union européenne dans la mise en oeuvre des accords de Cotonou, elle est également au coeur de la réforme institutionnelle des Nations unies.

Mais de quoi parle-t-on en faisant référence à la société civile ? Quels sont les enjeux autour de ce terme ? Alors que le monde célèbre l’émergence d’une société civile mondiale à Porto Alegre et que le discours des acteurs de la coopération se focalise sur son renforcement, il est essentiel de distinguer les qualités analytiques du concept de ses usages idéologiques ou normatifs. La société civile est en effet « invoquée à la fois comme diagnostic et comme remède à nos maux actuels, brandie aussi bien par des conservateurs que par des libéraux […], par des mouvements d’opposition que par des institutions internationales d’aide au développement (1)». Les définitions sont multiples : associations, tiers secteur, acteurs non étatiques, organisations non gouvernementales, secteur non lucratif. Pour certains, les entreprises en font partie et non les syndicats ; pour d’autres, c’est l’inverse. Les acteurs qui utilisent ce concept ont des références idéologiques très différentes et poursuivent des stratégies dont nous tenterons ici de montrer l’extrême diversité.

Les contextes et les processus sont distincts d’un pays à l’autre. Mais la tendance globale à la diversification des acteurs de la coopération au sein des sociétés civiles du Nord ainsi que les processus d’autonomisation des partenaires au Sud représentent des défis majeurs, notamment pour les organisations non gouvernementales (ONG). Alors qu’elles ont longtemps été les acteurs prépondérants de la coopération non gouvernementale, l’émergence d’interlocuteurs au Sud et de la thématique du renforcement des capacités des organisations les place face à un sérieux défi de reformulation de leurs rôles et de leurs stratégies d’action.

Le présent ouvrage (2) a pour but de clarifier les différentes approches et pratiques relatives à la société civile parmi les acteurs de la coopération, bailleurs de fonds, ONG et autres acteurs de la solidarité internationale. Il s’agit de comprendre l’actualité de ce concept comme outil d’appréhension des réalités des sociétés du Sud tout en ouvrant des pistes sur les perspectives politiques qui s’y rattachent, dans le domaine de la coopération et, au-delà, dans un contexte de transformation de la gouvernance globale.

1 Khilnani S., « La société civile, une résurgence », Critique Internationale, n° 10, janv. 2001, p. 38.
2 Cet ouvrage est issu d’une étude menée pour le Comité français pour la solidarité internationale (CFSI) avec l’appui scientifique du Groupe de recherche et d’échanges technologiques (Gret). Je remercie Dominique Laure, Daniel Neu, Philippe Lavigne-Delville et Jean-Louis Vielajus pour leur appui et leurs apports à ce travail. Une version préalable des trois premiers chapitres a fait l’objet d’une publication dans Coopérer Aujourd’hui, n° 38, du Gret. Mes sincères remerciements vont également à Cédric Durand, Loïc Abrassart, Jean Couvreu, Hélène Cuminet, Marie-Laure Geoffray et Gwenaëlle Perrier pour leur disponibilité, leurs relectures et leurs précieux commentaires sur ce texte. Toutes ces personnes ne sont évidemment en rien responsables des inexactitudes ou faiblesses du présent ouvrage.

Mots-clés

société civile, gouvernance, ONG, politique

Notes

L’ouvrage « Société civile : un acteur historique de la gouvernance»

Jeanne PLANCHE. Société civile : un acteur historique de la gouvernance. Paris : ECLM (Editions Charles Léopold Mayer), 2007. 142 p. ISBN 978-2-84377-122-4. 20€

Téléchargement du livre sur le site des ECLM

Biographie de l’auteur

Diplômée de sciences politiques, Jeanne Planche est spécialisée sur la coopération et la solidarité internationale. Elle mène des missions comme chargée d’étude ou de campagne pour différentes associations et organisations de solidarité internationale.

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