1999
Le contexte
L’expérience a lieu dans le Centre Ancien (District central) de Madrid, en Espagne.
Elle s’est déroulée avec les gouvernements municipaux conservateurs et les parlementaires autonomes et fédéraux sociaux-démocrates et conservateurs à différentes périodes.
Description du processus
À partir des années 70, les bâtiments du Centre Ancien de Madrid étaient dans un état de dégradation et d’abandon tel que les habitants des bâtiments en ruines étaient en majorité relogés par la Mairie. C’est à partir de 1989, avec l’arrivée d’une équipe municipale conservatrice, que changea cette tendance : de nombreux immeubles furent déclarés en ruines mais sans que les habitants se voient proposer des alternatives de relogement. Les propriétaires des nombreux immeubles loués avec des contrats temporaires de tacite reconduction saisirent cette opportunité pour libérer leurs immeubles, les démolir, changer leur utilisation ou les réhabiliter pour les mettre sur le marché locatif de luxe.
À partir de ce moment-là, commencèrent à s’organiser, dans les associations, des commissions d’habitants dont le premier objectif était la défense de chaque habitant menacé d’expulsion de son quartier. Une double stratégie fut proposée, d’abord celle de la défense politique et administrative de chaque bâtiment menacé de tomber en ruine, ensuite la défense du Centre Ancien, déclaré Ensemble Historico-Artistique par la Communauté de Madrid, pour éviter ainsi que se mettent en place de nouveaux dossiers d’expulsion.
Des assemblées informatives furent organisées par bâtiment et par quartier. Chaque expulsion devenait une véritable manifestation populaire qui, à cause du scandale produit parmi la population, aboutissait souvent au relogement des habitants dans leur quartier. Manifestations, réunions, fêtes, débats, ateliers, interventions dans les réunions municipales, réunions avec des hommes politiques de différentes administrations… en quelques mois, les commissions des intéressés comptaient par centaines les immeubles organisés et, avec le temps, le nombre d’immeubles déclarés en ruine commença à décroître. Cela permit un saut qualitatif au niveau des revendications et, sans jamais abandonner les premières stratégies, fut alors exigée la réhabilitation intégrale du Centre Ancien avec et pour les habitants.
Depuis 1992, les associations d’habitants ont eu une participation active dans la conception du futur Centre Ancien qui, à partir de 1993, commença à se formaliser dans le Plan Spécial de Réhabilitation inclu dans le Nouveau Plan Général d’Aménagement Urbain de Madrid. En 1994, furent approuvées les trois premières Zones de Réhabilitation Prioritaires financées par la Mairie, la Communauté de Madrid et le Ministère des Travaux Publics sur une période de quatre ans. Grâce à la défense et à la négociation des habitants, fut adoptée une proposition d’un modèle conservateur qui consiste à récupérer l’espace pour les résidents, en réhabilitant les bâtiments et en améliorant les infrastructures, les rues, les places et les espaces publics.
En 1996, La Mairie accepta le relogement de ses occupants comme condition préalable à la déclaration de ruine d’un immeuble, grâce à des conventions avec les propriétaires et l’achat ou l’expropriation de bâtiments. En même temps, un nouveau décret sur la Conservation et l’état dégradé des Bâtiments fut promulgué en négociation avec les associations d’habitants.
En 1997, trois nouvelles zones de réhabilitation furent approuvées, parmi lesquelles se trouve le quartier de Lavapiés, qui présente les plus grands problèmes sociaux dans le centre de Madrid. Ici, le projet est plus ambitieux, car il propose d’éliminer les logements vétustes, des programmes d’intervention sociaux, la récupération d’espaces verts et la création de nouveaux équipements publics. En plus, il a obtenu des subventions de l’Union Européenne qui s’ajoutent aux budgets des administrations mentionnées.
Le slogan utilisé durant toutes ces années fut : « POUR LA REHABILITATION DU CENTRE HISTORIQUE DE MADRID, AUCUNE EXPULSION SANS RELOGEMENT».
Acteurs impliqués dans le processus et leurs rôles
Les habitants, organisés en associations et en Fédération Régionale des Associations d’Habitants de Madrid (FRAVM), proposèrent la défense des résidents et la conservation du Centre Ancien et imposèrent un modèle de réhabilitation en accord avec cette idée, face à d’autres plus rénovatrices, aussi bien d’un point de vue urbanistique que social.
Les différentes administrations publiques, après avoir développé des politiques qui permettent l’expulsion, ont finalement accepté les propositions des habitants, ce qui leur a permis d’obtenir des subventions de l’Union Européenne.
Réactions des différents secteurs
La presse a toujours montré beaucoup d’intérêt pour tout le processus, diffusant et facilitant l’organisation elle-même. Le débat commencé par les Associations d’habitants sur le Centre Ancien a permis que les ONG, collectifs, associations thématiques, administrations, etc., se posent le problème de la réhabilitation en tant que question intégrale, depuis les aspects urbanistiques jusqu’aux questions sociales, éducatives et économiques.
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, Espagne, Madrid
La défense du droit de l’habitant à rester dans son quartier est un parti pris efficace pour forger un modèle de réhabilitation participatif et respectueux aussi bien des contenants (bâtiments, rues et place), que des contenus (résidents). Dans d’autres villes espagnoles et européennes où les expulsions n’ont pas pu être empêchées, on voit des restructurations des centres historiques peu soucieuses de la valeur artistique de l’architecture, ou alors des réhabilitations qui changent substantiellement la composition sociale des centres historiques, en créant des espaces exclusivement commerciaux, de bureaux ou de loisirs pour des couches sociales aisées, ce qui transforme radicalement leur essence.
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