08 / 2004
L’agroforesterie : une pratique ancestrale
Les Indiens de l’Amazonie pratiquent l’agroforesterie depuis des siècles, sans diminuer sensiblement le niveau de biodiversité des écosystèmes naturels. Leurs activités agricoles se réalisent dans des clairières temporaires ouvertes en forêt : les champs sont abandonnés au bout de 2 à 4 ans et la forêt réoccupe ces espaces rapidement. Les hauts niveaux de biodiversité ainsi maintenus permettent d’éviter les attaques de parasites et de maladies qui affectent les monocultures conduites à grande échelle. De plus, ces pratiques agroforestières traditionnelles sont bien adaptées à la fragilité des sols et aux caractéristiques climatiques des régions tropicales et subtropicales et préservent l’équilibre entre les besoins de l’homme et ceux de la nature.
L’agriculture moderne facteur de la déforestation et de la dégradation des sols
Ainsi, au fil des âges, les communautés indigènes de l’Amazonie ont transformé la forêt en fonction de leurs besoins. Malheureusement, avec la colonisation, une autre approche agricole a été mise en place. Les nouveaux producteurs ont introduit des systèmes de production très agressifs et inadaptés. L’utilisation d’intrants et – éventuellement – d’engins lourds, provoque une dégradation accélérée des sols. A la suite de leur épuisement, d’autres terres sont alors colonisées, aux dépends des forêts. Or, la destruction des forêts naturelles, menée systématiquement sur de grandes surfaces, entraîne de graves perturbations écologiques. Elle favorise une rapide dégradation des paysages et contribue d’une manière progressive au phénomène de désertification des terres, considéré comme l’un des plus grands dangers pour l’humanité. L’eau, élément indispensable à la vie de l’homme et de tous les êtres vivants, est polluée par les engrais industriels, les désherbants, les insecticides et les fongicides que nous appliquons dans nos champs.
Développer les systèmes agroforestiers comme alternative durable à long terme
Pour contribuer à réécrire ce dramatique scénario et inciter les différents acteurs à une agriculture plus respectueuse de l’environnement, donc des hommes, le Réseau Brésilien Agroforestier (REBRAF) est créé en 1990 par un groupe de professionnels impliqués dans le développement agroforestier en Amazonie rurale, avec un solide appui de l’Ambassade du Canada.
Financée dès ses débuts par la Fondation Ford, cette ONG sans but lucratif organise et anime de nombreux cours pragmatiques de formation agroforestière sur le terrain, en Amazonie et dans les régions appartenant au Biome « Mata Atlântica ». La plus grande partie des cours est réalisée en partenariat avec des ONGs locales s’occupant de projets communautaires de développement rural. Aujourd’hui, une majorité des participants est responsable de projets de développement agroforestier. Ces cours ont bénéficié à quelques milliers de petits agriculteurs, mais aussi à des leaders locaux, des techniciens de l’extension rurale, des membres de l’enseignement et des cadres de recherche. Cependant, ils ne suffisent pas à créer un effet « boule de neige » qui permettrait de multiplier ces enseignements, considérant la dimension « continentale » du Brésil ! Aussi, REBRAF produit et publie un « Manuel Agroforestier pour l’Amazonie », utilisant un vocabulaire simple et donnant des informations techniques très précises. Les 3 000 exemplaires de la première édition ont été vendus en huit mois. Une seconde édition a été publiée. De fait, ce manuel a été acheté par des usagers opérant non seulement en Amazonie mais aussi dans d’autres régions tropicales et les régions subtropicales du Brésil.
En 2004, REBRAF produit un document qui présente, pour un ample public, une synthèse de ses expériences comme ONG rurale. Ce document sera très bientôt diffusé en portuguais sur internet. De même, le réseau mène un projet de centre de documentation technique en ligne, qui permettra aux ONG les plus isolées d’accéder aux connaissances nécessaires à l’élaboration et à la mise en place de projets agroforestiers.
développement local, agriculture durable, agriculture et environnement
, Brésil
Systèmes agroforestiers : écologie et production
REBRAF s’est d’abord investi dans des formations auprès des acteurs du développement rural. Cette initiative ne permettait pas au développement agroforestier de prendre appui sur des documents écrits à la portée des agriculteurs, des ONGs rurales et des services d’extension rurale. REBRAF a donc développé un soutien technique écrit : le Manuel Agroforestier. Toutefois, ce seul ouvrage ne peut répondre à toutes les questions que se posent les usagers de l’agroforesterie. C’est pourquoi REBRAF décide aujourd’hui de mettre en place un Centre de Documentation en ligne et de capitaliser, d’analyser l’ensemble de ses expériences et de celles d’autres ONGs. Les ONGs et les services d’extension rurale sont dans leur ensemble connectés à internet. Ces usagers pourront donc bénéficier d’une information complète sur l’agroforesterie, faire partager leurs expériences, poser des questions auxquelles répondront REBRAF et ses partenaires. La généralisation de l’accès à l’information devra faciliter le travail des différents acteurs d’un développement rural durable, considérant non seulement les activités de production, mais aussi la récupération de terres et de paysages dégradés.
DUBOIS J. C. L. - 2004 " Recomendações para o desenvolvimento agroflorestal no Brasil: lições aprendidas pela REBRAF. » [Recommendations pour le développement agroforestier au Brésil : leçons apprises par REBRAF]. REBRAF, Rio de Janeiro, pp. 26.
DUBOIS J. C. L., VIANA M. V. e ANDERSON A. B.- 1966 (1a edição). “Manual agroflorestal para a Amazônia”[Manuel Agroforestier pour l’Amazonie]. REBRAF, Rio de Janeiro, pp. 228.
REBRAF = Rede Brasileira Agroflorestal ((Institut Réseau Brésilien Agroforestier)) - Cx. P. 6501, cep. 20072-970 Rio de Janeiro, Brésil - Brésil - www.rebraf.org.br - info (@) rebraf.org.br