01 / 1993
Dans l’esprit de la Fondation pour le progrès de l’homme, un des problèmes majeurs de la recherche scientifique aujourd’hui - - et de ceux qui devraient profiter de son travail - - réside dans les modes d’expression. Lorsqu’on lit les travaux d’un chercheur en sciences sociales, en particulier, on ne peut s’empêcher de penser qu’il y a derrière les langages codés, hermétiques pour les non-spécialistes, une logique perverse. Cette logique est celle des règles et coutumes universitaires, qui subordonnent la carrière du chercheur, sa reconnaissance internationale, et jusqu’à sa dignité, au nombre de citations dans les revues scientifiques, au nombre d’articles publiés et au langage lui-même, qui doit être conçu bien davantage en direction des pairs que pour l’usage d’un public hors-discipline. Du coup, comme le non-spécialiste n’y comprend goutte, il se pose bien légitiment la question de l’utilité sociale desdites sciences sociales!
C’est pour essayer de sortir de cette logique un peu stérile que la FPH et l’Association de recherche coopérative internationale (ARCI)ont tenté l’expérience du langage décodé. Les questions de base étaient : comment la recherche en sciences sociales contribue-t-elle concrètement au changement social? Comment la compréhension des phénomènes de pouvoir, de domination, d’exclusion, aide-t-elle à affirmer des identités, à donner force aux plus faibles? Comment les intéressés participent-ils aux projets qui les concernent? Quels liens entre la recherche et l’action? Un journaliste (Thomas Schnee)et une femme-écrivain (Dominique Godfard)sont partis à la rencontre de quelques chercheurs appartenant au réseau de l’ARCI (fondé par Paul-Henry Chombart de Lauwe). Ils en ont tiré un livre à plusieurs voix qui choisit le terrain comme point de départ et d’aboutissement du travail scientifique. Neuf auteurs, hommes et femmes venus de France, d’Amérique, d’Afrique et d’Asie, nous parlent de leur démarche sociologique. Les uns sont des militants clairement impliqués dans le combat, les autres, des chercheurs engagés. Mais tous se livrent à la recherche-action pour le mieux-être des oubliés, des exclus, des dominés ou exploités en tous genre, qu’ils appartiennent à la ville ou au monde rural (habitants des quartiers périphériques, groupes de femmes, de jeunes, immigrés de retour au pays, etc.)
metodología, reflexión colectiva, sincretismo cultural, descompartimentación de disciplinas, sociología, habitat popular, educación, delincuencia, identidad cultural, inmigración, dimensión cultural del desarrollo, cambio social
, India, Mali, Argelia, Venezuela, México, Francia
L’épreuve de la clarté est comme celle de la nudité. Dépouillés de leurs habits de lumière et du recours au langage scientifique, certains ont de bien beaux restes, d’autres déçoivent. Mais dans l’ensemble, le résultat de cette entreprise rédactionnelle qui fut, parfois, difficile, est, pour nous, pleinement satisfaisante. On lit tous ces récits avec une grande facilité. Les chercheurs s’y livrent avec sincérité, parfois avec une modestie et un sens critique particulièrement sympathique chez des gens qui travaillent souvent au plus près du terrain, dans des conditions précaires. Le livre illustre bien les ambitions de la collection des Ateliers du Développement : on part d’histoires, de témoignages, de faits concrets avant d’en venir aux exposés théoriques et non après coup, comme simple illustration de thèses prédeterminées.
Collection des Ateliers du développement. Consultable à la FPH.
Libro
SCHNEE, Thomas, GODFARD, Dominique, ARCI, SYROS, 1992/12 (France)
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