Les immigrés et leur place dans la ville

LES LIMITES DU LOGEMENT SOCIAL : Il est urgent de traiter le problème du logement des immigrés là où ils résident, plutôt que de rêver d’un transfert vers un habitat social. Et comme il ne semble pas possible que les organismes à vocation sociale rachètent les logements privés occupés par les immigrés pour les réhabiliter et y organiser des actions de type socio-culturel, il faut sans doute chercher des formes de collaboration public-privé qui permettraient d’améliorer le logement des immigrés sur place et sans pour autant être obligé de changer de propriétaires.

MODES DE FINANCEMENT : La prise en compte de l’originalité culturelle des immigrés est nécessaire pour le financement de l’accession à la propriété. En Grande-Bretagne, les Building Societies qui sont le principal organisme de financement de l’accession à la propriété individuelle, accepte aujourd’hui de consentir des prêts répartis sur plusieurs chefs de ménages.

Grâce à ce système, les familles indiennes et pakistanaises peuvent se regrouper à deux ou trois ménages appartenant en général à la même famille et déposer une demande de prêt avec un engagement de remboursements solidaires. Le cumul des ressources est une garantie pour la banque qui peut ainsi accorder des prêts plus élevés. Le résultat de cette formule est que les familles indiennes et pakistanaises immigrées en Grande-Bretagne sont, en très forte majorité, propriétaires de leurs logements. Mêmes si le premier logement acquis est souvent modeste, la hausse constante des valeurs immobilières en Grande-Bretagne permet une revente avec une plus-value au bout de quelques années, et les possibilités de mobilité résidentielle qui en résultent permettent le passage à un logement de condition meilleure.

CONCENTRATION ETHNIQUE ET RENOVATION URBAINE : Il est souhaitable que ce système inspire d’autres pays où résident des immigrés pour faciliter l’accès aux logements à bon marché. Cela n’est possible que si on associe les associations des immigrés elles-mêmes à l’élaboration et à la mise en place de ce système. Il faut rappeler que ce dispositif financier qui fonctionne en Grande-Bretagne a facilité la concentration des immigrés appartenant à la même ethnie. Ainsi, les immigrés achètent des ruines à bas prix dans les quartiers les plus dégradés de la ville, les vieux quartiers centraux. C’est dans ces mêmes lieux que l’on pouvait trouver des logements à louer par le biais des associations qui rénovent les vieux immeubles et les louent à des prix raisonnables.