Les habitants se mobilisent contre les démolitions
09 / 1993
Origine du projet
La Bellevilleuse est créée à l’initiative d’un journaliste, Nicolas Rialan. L’un de ses atouts est qu’elle s’est constituée très tôt en amont d’un processus qui devait conduire à une intervention d’urbanisme de la ville de Paris sur le quartier du Bas Belleville ancien. De ce fait, cette association a eu le temps de sensibiliser et mobiliser la population du quartier qui comporte nombre d’immigrés, de s’allier avec les autorités scolaires et religieuses et de se faire connaître auprès de la municipalité et d’un ensemble d’organisations concernées par les problèmes de logement et d’intégration des étrangers à Paris. En quatre ans, l’association est passée de dix à six cents adhérents. Un groupe de travail réunissant organismes, autorités, structures et associations ayant des responsabilités dans le quartier, soucieux de son avenir et de sa population, s’est mis en place. L’association a mobilisé les leaders religieux, les enseignants et les artistes du secteur.
Population concernée
Habitants du quartier, le Bas Belleville, immigrés.
Sources financières
Ministère de l’Equipement (300 000 F), dons privés.
Services offerts
Etudes préalables, achats par préemption, constitution d’un plan d’aménagement de zone, désignation d’un opérateur, expropriation.
L’association a commandé à un bureau d’études un diagnostic économique, sociologique et architectural de l’ilot. Le résultat a été la réalisation d’un document qui plaidait pour le maintien des caractéristiques du quartier et montrait que la plupart des immeubles pouvaient être réhabilités. Une expertise contradictoire à la demande des administrateurs a confirmé ces résultats.
Le grand projet de démolition-reconstruction a été remis en cause. L’association a joué un rôle important dans la mobilisation des habitants en insufflant le sentiment que l’espace urbain valait d’être défendu. Cela a été possible grâce aux expositions, aux concours de photos, en ouvrant les portes des ateliers d’artistes. 40 000 personnes ont été attirées par cette opération. La permanence de la Bellevilleuse s’est transformée en bureau d’assistance urbaine pour expliquer aux locataires leurs droits et leurs devoirs, donner aux propriétaires des informations sur les aides à la réhabilitation, inciter les habitants à assister aux réunions du conseil municipal et à discuter avec les élus locaux d’égal à égal. Des dizaines de membres de l’association ont empêché la démolition d’une ancienne usine, la Forge, achetée par la ville de Paris, occupée par des artistes qui y travaillent. Sur le plan juridique, la Bellevilleuse a déposé trois recours au tribunal administratif contre la ville de Paris pour murage d’immeubles sans permis de démolir.
Les résultats de l’action de la Bellevilleuse sont remarquables. En quatre années de travail, le pourcentage des immeubles de l’îlot destinés à la démolition a connu une baisse croissante significative : 75 %, 60 %, 40 %, 20 % aujourd’hui. La Bellevilleuse propose aujourd’hui à la ville de mener une opération programmée d’amélioration de l’habitat en faisant participer la population à l’aménagement de son cadre de vie, de son quartier où, depuis des générations, les immigrés s’intègrent sans histoire.
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, Francia, Paris
Expériences de démocratie participative
De simples citoyens motivés deviennent plus pertinents que des experts gestionnaires. Cette expérience démontre que les questions de l’habitat ne doivent pas rester uniquement dans les mains des hommes politiques, mais sont avant tout l’affaire des habitants. Cela démontre combien la formation et l’information sont nécessaires pour amener les immigrés à connaître et revendiquer le respect de leur droit au logement. Le volet formation, échanges d’informations et d’expériences est à encourager. Cette initiative a connu la réussite grâce au travail qui a été mené par les habitants du quartier eux-mêmes, immigrés et Français, et à l’encadrement par des militants convaincus qui avaient des facilités pour s’informer et agir.
De la destruction d’un cadre de vie, on est passé à une réhabilitation en finesse. Le dialogue et la concertation peuvent seuls faire baisser la tension et corriger les injustices tout en faisant monter les projets. Il faut faire « avec » les immigrés et non « pour eux ».
Documento interno
RIALAN, Nicolas, LA BELLEVILLEUSE, 1993/09/11
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