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Expériences associatives de malades mentaux pour l’autogestion des problèmes liés à la vie quotidienne, dans la ville de Turin -Italie-

Maria Teresa BATTAGLINO

07 / 1993

En Italie, une loi nationale de réforme, en 1978, a imposé la fermeture des hopitaux psychiatriques dans le cadre d’une nouvelle organisation de la santé publique. Bien avant la loi un mouvement de prise de conscience des enfermés dans l’asile et de travailleurs medicaux, avait recherché des stratégies de soins et de réhabilitation axées sur des modèles associatifs et d’auto-organisation sociale.

A Turin le processus de dépassement des hopitaux psychiatriques,en liaison avec d’importantes expériences d’autorganisation sociale et en utilisant les ressources englouties dans la gestion ordinaire des Institutions d’enfermement, a développé des coopératives de travailleurs sociaux ainsi que des associations de malades qui aujourd’hui sont devenus un secteur économique et professionel important.

La première expérience associative de malades a été la Nuova Cooperativa (voire fiche IRED spécifique). Dès la moitié des années 1970 un groupe de malades, qui avec leur travail "ergothérapeutique", produisaient une grande partie des fonctions matérielles des hopitaux (main d’oeuvre dans les cuisines, à la blanchisserie, de jardinage, nettoyage des pavillons,..), avait organisé une grève et préparé une plateforme de revendications: une paye régulière, un contrat de travail, les droits civils, la possibilité de choisir où vivre, même en dehors du contrôle de l’appareil medical. Les "malades de l’ergothérapie", avec l’appui d’un groupe de travailleurs medicaux et avec le soutien de l’Administration de gauche, organisent une coopérative qu’ils appellent "Nuova" (Nouvelle)pour signifier la necessité d’innover, par rapport aux expériences coopératives traditionnelles, les règles économiques d’une entreprise et de les utiliser en fonction de l’autonomie personnelle, d’une productivité de groupe et pour se donner une représentation d’eux-même dans le contexte social qui les avait réfusés.

Dès le début le groupe a révélé de bonnes capacités d’entreprenariat: pour s’engager sur le chemin qui va de l’enfermement à la vie sociale, ces personnes décident d’investir la totalité de leurs ressources: le travail gratuit à l’interieur de l’hopital, la révolte, la demande d’indemnisation des dégats de l’enfermement, leur engagement pour la fermeture de l’Institution asilaire.

L’entreprise qui est née en 1980 a commencé son travail par un contrat établi avec l’Administration de l’Hopital, qui donnait en gestion le nettoyage de 12 services et la maintenance du parc: ce premier contrat était de 1.400.000 francs qui était l’évaluation de la valeur, aux prix du marché, du travail produit par l’ergothérapie. Aujourd’hui la Coopérative associe 180 membres dont plus de la moitié sont des usagers des services psychiatriques territoriaux auxquels s’est ajouté un groupe qui arrive d’expériences de grande marginalité.

Cette expérience a constitué un modèle:en 1985 nait une autre association d’anciens hopitalisés: l’Association Primavera ’85,(Printemps ’85).

Un asile de la ville fermait ses portes, celui de Grugliasco. 120 personnes, en majorité très agées, vivaient dans de petites communautés, mais leur vie quotidienne, bien que soutenue par des activités de réhabilitation intensive, était rythmée par le temps et le modèle hospitalier, car c’étaient les services d’un autre grand hopital qui assuraiient leur reproduction materielle: la nourriture, les draps, le lavage des vêtements, les petites maintenances, etc étaient fournis par l’asile, et par son personnel. Il en resultait une assistance médiocre, une forte passivité, une grande insatisfaction, une totale dépendance.

Un groupe d’anciens hospitalisés qui réclamaient leurs droits, assistés par une coopérative de travailleurs sociaux (la Coopérative Progetto-Muret), créèrent une Association pour organiser l’autogestion des services. Ils ont obtenu que l’Administation leur passe, chaque mois, l’argent équivalent aux frais engagés pour le fonctionnement. Un chèque bancaire est remis individuellement aux hotes organisés en groupes associés, qui l’utilisent pour s’acheter les services que fournissait jadis l’hopital psychiatrique: avec l’aide de l’association ils choisissent et passent des accords avec des aides familiales, des artisans pour les entretiens ordinaires, et en plus ils autogèrent un petit bar.

En 1988 une autre association est née, en grande partie composée de jeunes qui vivent une double difficulté: psychiatrisés et jeunes. L’Association ARCOBALENO (ARC EN CIEL)a été constituée à partir d’un groupe d’usagers du Centre de Santé Mentale d’un quartier du Centre ville de Turin, encore avec l’appui de la Coopérative Progetto-Muret, pour se donner un lieu de rencontre autogéré et organiser une cantine.C’est une expérience d’entre-aide qui aujourd’hui a engendré une autre coopérative "Luci nella Città" (Lumiére dans la ville)dont les associés sont, dans la presque totalité, des malades mentaux.

Palabras claves

autogestión, asociación, inserción social, política de salud, salud mental


, Italia, Turin

Comentarios

Le choix fait par des patients, anciens hospitalisés, de promouvoir et de se garantir une insertion sociale à la mesure de leurs besoins, la convergence avec la mise en cause des pratiques professionelles traditionnelles faites par des médecins et des travailleurs de la santé, la politique des Administrations publiques, a constitué dans la ville de Turin une forme de réseau, d’"entreprise informelle" qui représente une agence de promotion et un réseau communautaire de solidarité en soutien de la vie quotidienne pour ceux qui souffrent d’une maladie mentale.

Notas

Connaissance directe de l’auteur qui a participé professionnellement à cette expérience

Fuente

Relato de experiencia

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