L’expérience débutante du Comité National de Concertation des Ruraux de 1995 à 1998
Mamadou Lamine SONKHO, Benoît LECOMTE
2002
M. Mamadou Lamine SONKHO, chargé de la recherche développement au CNCR, dit : " En ce qui concerne la recherche, s’il y a une participation des producteurs dans la définition des problèmes, cela va aider à clarifier l’orientation des axes de programme de recherche. Nous sommes en route pour une expérience nouvelle chez nous : les producteurs font émerger leur besoin et il y a tout un travail pour traduire le besoin en demande de recherche. Cela suppose que la demande d’innovation soit précise, nouvelle et qu’il existe une capacité de réponse. On voit ce que cela peut apporter comme changement dans des institutions comme les nôtres où les chercheurs sont souvent axés sur des programmes liés à des réseaux de recherche avec l’extérieur. Si nous partons d’un diagnostic et que nous travaillons ensemble à formuler la demande, les institutions auront à redéfinir le profil de personnel en fonction de cette demande. C’est déjà quelque chose de très important se traduisant dans les institutions par la mise en place de mécanismes d’évaluation et de recrutement beaucoup plus transparents et au sein desquels les producteurs participent à évaluer la qualité du travail des innovateurs.
Une série de concepts et d’approches demandent une inversion totale, parce que si l’on part du client et que celui-ci est dans le groupe qui décide, il faut lui reconnaître son rôle et il n’est pas encore évident que cette inversion ait été faite. Avec le temps on verra quelles sont les attitudes à changer, quelles sont les expériences qui ont permis de les changer, comment amener les gens à s’intéresser à ces expériences, les voir et se les approprier. Les rapports entre les différents acteurs doivent changer.
La puissance publique doit s’en tenir à des fonctions clairement identifiées : fonction de réglementation, fonction de contrôle, fonction de suivi. Aussi beaucoup de ceux qui travaillaient sous le couvert de l’Etat, occupés à décider, à gérer, ou à allouer des ressources, se retrouvent dans la situation où ils cherchent un emploi ; ils sont en train de chercher une place dans l’arène pour avoir une fonction à tenir. Certains ne veulent pas se mettre à l’eau, n’ont pas compris qu’il fallait absolument de nouvelles attitudes, n’ont pas encore appris qu’ils ont des services à vendre, qu’ils doivent ouvrir des "boutiques". C’est un apprentissage, cela.
De même pour les producteurs ruraux car beaucoup ne pensent pas qu’ils ont le droit de parler, d’avoir telle ambition, de formuler un point de vue à partir de leurs propres références et que nous qui sommes à leur service mettons à leur disposition nos techniques, notre capacité d’écoute.
Le nouveau système ne pourra pas être appliqué si les gens des divers côtés ne changent pas d’attitudes. La catégorie des chercheurs est l’une des plus stressées dans toute cette phase de transformation. Eux ont l’habitude de travailler sur des dossiers qui prennent du temps, ils ont des financements ancestraux, ils ne sont pas tenus à la pratique d’une réponse immédiate.
Au niveau national, on travaille aussi au renforcement de la communication entre les gens. Au-delà des questions régionales, les gens oeuvrant dans les mêmes familles d’innovations doivent pouvoir se rencontrer au niveau national, dans des réseaux spécifiques. A partir du comité national, c’est un travail de renforcement des réseaux ; celui qui est le plus avancé est le réseau sur la production de semences. Le contexte de la région du Fleuve rend possible aujourd’hui la production "accélérée", ce qui fait que rapidement on peut espérer couvrir les besoins en semences de base, celles qui devront ensuite être multipliées pour être les semences des producteurs. On connaît des variétés adaptées mais dans bien des cas ces semences ne sont pas disponibles. Et pour des cultures comme l’arachide, on a vu la qualité de la semence se dégrader. Ils essaient alors de voir à quel niveau la qualité du produit souffre le plus.
Les problèmes qui sont posés ont des solutions qui sont souvent dans les tiroirs. Mais sortir les solutions est une autre chose en terme de recherche et développement. La solution connue doit être testée dans les environnements et dans les sociétés rurales. D’où l’idée de renforcer le contact des innovateurs avec la réalité sociale et économique en plus de celui avec l’environnement. Les collectivités organisées et les organisations professionnelles peuvent prendre en charge un certain nombre de fonctions, être responsabilisées pour la conduite d’innovations et on doit discuter et négocier les procédures. "
organización campesina, investigación, extensión agrícola, concertación, difusión de los saberes
, Senegal
Cette fiche explique la démarche du CNCR pour impliquer les organisations paysannes dans la recherche et les expérimentations mises en place en agriculture. Une concertation et des informations nécessaires entre paysans chercheurs et vulgarisateurs si l’on veut améliorer l’efficacité des innovations.
Sur le même sujet, à la même époque voir les fiches de MM. Samba GUEYE et Malamine SONKHO et les autres fiches de M. Ousmane NDIAYE.
Entretien avec SONKHO Lamine Mamadou, réalisé en 1998 par Benoît LECOMTE.
Entrevista
LECOMTE Benoît
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