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Les groupes de paysans comme construits sociaux

Itinéraire méthodologique d’une étude socio-anthropologique sur un projet de développement rural (Nord Viêt-nam)

Elisabeth PAQUOT

03 / 2002

Ce rapport restitue l’itinéraire méthodologique d’une étude socio-anthropologique effectuée sur un projet de développement rural au Viêt-Nam. L’auteur, Olivier Tessier, en appréhende la démarche et les résultats, croisant recueil de points de vue et objectivation des relations des groupements avec leur environnement socio-politique local.

L’objectif de l’étude était de produire des références sur le fonctionnement de ces organisations sociales et sur leurs relations avec l’environnement dans le but d’alimenter la capitalisation et de construire des outils permettant d’orienter, sur un plan opérationnel, la politique d’appui à ces organisations. Deux postulats étaient essentiels à la définition des hypothèses et à l’implémentation de cette étude : l’acteur, comme moteur potentiel de changement et l’action collective, comme "construit social", auxquels s’ajoutent les modalités de leur émergence et de leur maintien. La méthodologie employée a combiné une analyse de la perception des groupements par les différents acteurs concernés et une étude systématique de leur composition.

Même si par définition, toute enquête est spécifique, et jamais "duplicable" à l’identique, son itinéraire méthodologique peut insuffler de nouvelles réflexions sur les modalités d’organisation des groupements ; ce qui est tenté ici.

Chaque démarche adoptée lors d’une enquête revêt un caractère original, elle est élaborée empiriquement, avec plus ou moins de succès selon l’expérience et le savoir-faire de l’observateur, selon la méthodologie et les outils employés, et selon le déroulement de la mise en oeuvre. Pour autant cela ne signifie pas qu’une démarche qui intègre l’analyse de discours et l’objectivation de la composition des groupes, ne pourrait être reproduite sans perdre de sa pertinence. L’élaboration d’hypothèses sera alors propre à la société étudiée et la méthode intègrera des paramètres significatifs et spécifiques, une "politique de terrain" associant les compétences de l’intervenant extérieur, et le savoir-faire d’enquête. La nature des outils devra, elle, être pensée en fonction du contexte, ainsi que la gestion des différentes étapes de l’opération, allant de la définition des objets à analyser à la formulation des questionnaires, et au travail de synthèse.

L’organisation n’est pas un système clos, mais celui d’interactions, d’interdépendance, voire d’interférences, intégrant "l’extérieur dans ses jeux et enjeux internes". L’environnement économique et socio-politique, le projet lui-même, le groupe et la hiérarchisation des pouvoirs, les acteurs en jeu, leurs rapports de force et leurs interactions influent sur l’aide, qui elle-même n’est jamais socialement neutre. Même si le regard socio-anthropologique de l’intervenant apporte des compétences, un savoir-faire et une vision extérieure sur les réalités quotidiennes des agents de projets, le poids de l’observateur dans le processus d’enquête, et sa subjectivité sont autant de biais potentiels. De plus, les facteurs de changement tels la nature et l’étendue des fluctuations de l’environnement ne sont pas toujours maîtrisés par les groupements, volontairement ou non, et exercent une influence directe ou indirecte sur le projet comme sur ces organisations. La légitimité de l’intervention extérieure et son adéquation ne peuvent garantir à elles seules son succès, ni générer l’échec du projet. Le groupement peut aussi dénaturer ou détourner le projet à des fins particulières, et tout projet peut être instrumentalisé par les autorités locales à des fins politiques. L’articulation entre le groupement et le projet constitue, par ailleurs, un second niveau de relations ou d’interactions possibles avec l’extérieur.

La cohérence du groupe ne peut résulter naturellement de l’unicité des objectifs et intérêts influençant l’implication des acteurs. Ces derniers vont eux-mêmes être guidés et influencés par les enjeux économiques et socio-politiques. Leurs intérêts privés ne pourront trouver d’échos favorables dans le cadre de l’action collective que si le groupe s’impose comme le seul, ou le meilleur des médiateur possible. L’écart existant entre les règles normatives et les règles pragmatiques permet de s’interroger sur la légitimité sociale de ces groupements et de reformuler de nouvelles normes, fédérant la transformation du groupe; la taille du groupe devenant en général alors un critère discriminant.

Au niveau de la démarche, différentes options ont été volontairement appliquées malgré leurs limites apparentes : deux responsables de sites ont été choisis afin d’effectuer la sélection des groupements à étudier et de bâtir une grille d’observation à partir de promoteurs initiateurs de ces organisations; une phase de pré-enquête a été réalisée afin de définir une première approche des groupements, d’offrir une vision synoptique de l’objet d’étude, et de donner quelques points de repères et éléments d’information nécessaire à l’explication de la démarche et des options méthodologiques ; le choix a été fait d’une approche méthodologique partant de l’acteur pour découvrir le système en privilégiant l’analyse du discours, comme partie prenante du jeu des acteurs, pour arriver au cadre, structure et composition des groupements où l’écart entre le théorique et le pragmatique relève des règles auxquelles un groupe accepte ou refuse de se soumettre ; des matrices socio-politiques ont été utilisées afin d’objectiver la compréhension du fonctionnement des groupements, privilégiant un traitement quantitatif qui peut ouvrir des portes par " les liens qu’il établit entre des catégories et/ou des faits discontinus et disparates"; enfin, au-delà de la synthèse, la confrontation des données produites par l’analyse du discours et le traitement statistique a permis de faire converger différentes interprétations.

Les informations recueillies et analysées ont été structurées selon six catégories : relations de parenté et de voisinage, unité géographique, chronologie des adhésions, implication des autorités locales et des associations de masse, différenciation socioéconomique, et accès au crédit. Ces catégories ont donné lieu à un traitement simple, catégoriel, et combinatoire. Le croisement d’informations de différentes natures a permis d’obtenir une agrégation de données complexes, où le sens commun, l’intuitif et l’empirisme ont été confrontés à des constructions quantitatives plus "objectivables". La valeur intrinsèque des résultats a souffert cependant de certaines insuffisances et approximations dues aux contraintes et spécificités : l’élaboration de questionnaires, le choix du corpus et l’établissement d’hypothèses sont autant de biais qui influencent la collecte de l’information et influent sur la nature des solutions.

Pour conclure, ce qui doit primer c’est la capacité des études et de leurs résultats à susciter et alimenter un débat contradictoire, à révéler les zones d’ombre, les incohérences, les espaces d’incompréhension, les incidences éventuelles que les acteurs ne peuvent ou ne veulent voir. Cela implique de favoriser "une rupture" (Bourdieu), c’est à dire l’introduction d’éléments perturbateurs.

Palabras claves

organización campesina, desarrollo rural, analisis, innovación técnica, investigación acción, metodología, antropología


, Vietnam

Fuente

Documento interno

TESSIER, Olivier, Gret, Direction scientifique, Les groupes de paysans comme construits sociaux, gret , 2001/06 (france), Document de travail n°22 , 44

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