Le premier objectif de l’auteur est de donner l’acception qui convient aux concepts, paix et désarmement, sachant que "on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre" et qu’on doit à un moment ou à un autre payer pour ses préférences et ses ambitions. Ainsi, un paradoxe s’installe :
1. Le désarmement est une condition de la paix, dans la mesure où il apparaît comme un geste de bonne volonté, une preuve de bonne foi, dans le cadre d’une négociation tendant à faire tomber durablement la tension internationale. De même, le désarmement est la conséquence naturelle du retour de la paix. C’est le mot d’ordre des "dividendes de la paix" : la réduction des menaces peut rendre certaines capacités militaires superflues, dont la suppression génère des moyens financiers nouveaux pour des dépenses civiles.
2. Cependant, le désarmement peut aussi avoir une relation perverse avec la paix. S’il est conduit avec maladresse ou avec excès, le désarmement peut en effet faire disparaître des capacités de dissuasion, et transmettre des messages erronés, réduisant la perception du risque chez les dirigeants d’Etats prédateurs.
Le second objectif de l’auteur est de décrire le processus de désarmement tel qu’il est pratiqué en France aujourd’hui. Il propose à travers quelques exemples significatifs de répondre à trois questions essentielles :
1. Le désarmement existe-t-il en France ?
Soulignant que cette question garde une certaine pertinence eu égard à la situation particulière de la France, nation dotée d’une forte tradition militaire, l’auteur affirme que le désarmement existe. Il existe d’abord dans le discours politique, même si ceci ne constitue pas un désarmement au sens strict du terme. Ainsi, au moment de la présentation du budget de l’Etat pour 1991, le rapporteur de la commission de l’Economie et des Finances de l’Assemblée nationale sur le budget de la Défense, M. Holland, présentait un plan de désarmement sur cinq ans. Le processus engagé se trouve aussi dans la réalité puisque le budget de la Défense a vu son pouvoir d’achat baisser de 3% par an depuis 1990. Dans le même temps la France a baissé la part du produit intérieur affectée à la défense.
Pour l’auteur, le désarmement existe aussi bien dans les faits budgétaires que dans le discours politique et dans l’opinion des Français.
2. Qui bénéficie du désarmement ?
Il s’agit alors de savoir comment l’Etat choisit de redistribuer ses crédits budgétaires, lorsqu’il réduit sa préférence pour la sécurité. Parmi toutes les fonctions recensées, l’agrégat "santé - dépenses sociales - dépenses pour l’emploi" s’oppose le plus à la fonction "défense".
3. Quelles conséquences pour le désarmement ?
Pour l’auteur, il serait ridicule d’affirmer une fois pour toutes que le désarmement est favorable ou défavorable à l’emploi et il est donc préférable de décider d’un usage arbitraire des dividendes de la paix tel que l’éducation.
En conclusion, il semble impossible de décider grâce à l’analyse économique, s’il vaut mieux des "canons" ou du "beurre" ou des "craies"... Cela dépend de l’état des menaces, de la vulnérabilité du pays considéré, de la préférence pour le risque de ses dirigeants, de leur aptitude à resquiller au détriment de leurs alliés, et enfin de leur surface d’indifférence.
En conséquence, il est illégitime d’opposer une solution de désarmement à une solution d’armement... Il faudrait désarmer si le besoin de sécurité diminue et réarmer dans le cas contraire !
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Jacques Aben (ERED, Université Montpellier I) a contribué avec ses "Propos autour du désarmement en France", à un colloque sur la paix et le désarmement.
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