05 / 2002
En 1996, avec le démarrage du Programme d’Appui à l’auto promotion du SDDAC, aujourd’hui SCDIH, Service de la Charité pour le Développement Intégral de l’Homme, qui visait l’émergence d’organisations féminines autonomes, il était également envisagé d’appuyer l’auto emploi des jeunes frappés par le chômage. Ces jeunes devenaient de plus en plus nombreux dans nos villes et surtout à Cotonou.
En effet, les jeunes de 21 à 45 ans, après leur sortie de diverses formations, se retrouvent sans issue pour s’insérer dans la vie active. Ils sont enclins au chômage et à la délinquance. Désespérés, ils ne peuvent pas adhérer à une organisation en vue de réfléchir à leurs conditions d’existence. Ils sont d’autant plus nombreux dans des villes comme Cotonou où ils espèrent entreprendre des métiers de survie.
Face à cette situation, les actions envisagées devraient porter sur deux axes essentiels : l’appui à la micro-entreprise et à la vie associative.
- L’appui à la micro-entreprise est marqué par la mise en place d’un système d’appui à la création et au renforcement des initiatives économiques des jeunes (définition d’une politique d’accès au crédit et à un accompagnement individualisé) ;
- L’appui à la vie associative se fait par l’émergence d’organisations des jeunes entrepreneurs à l’échelle des quartiers et des communes. Ces organisations seraient de véritables lieux de réflexion et d’échanges entre les jeunes.
Mais en réalité, l’action a connu très tôt des débordements et une remise en cause de sa dimension initiale.
Le dispositif de financement à peine mis en place, on s’est évertué à distribuer des crédits à toute personne qui venait soumettre un problème. Ainsi, le crédit était perçu comme une solution à tout. Ils étaient octroyés à grande vitesse, avec des montants relativement élevés et sans aucun respect des règles de procédures initialement établies. Les crédits avaient une vocation sociale et économique avec une forte implication des responsables ecclésiastiques. Toutes les interventions sont allées au profit de personnes qui ne rentraient pas à priori dans la cible de départ. Cette situation était d’autant plus confortée qu’il y avait un disfonctionnement du service lui-même.
En conséquence, on ne peut rien évaluer. C’est du moins l’avis du consultant chargé de l’auto évaluation du service en mars 2000. Il a vivement recommandé une réorganisation au plan institutionnel et fonctionnel du Service, ainsi qu’une réorientation des activités des projets.
Avec le démarrage du PPDU dont le financement allait vers l’action avec les jeunes, il était normal de redéfinir de nouvelles orientations. Malheureusement cette réforme tarde à se concrétiser.
En effet, la nouvelle coordination qui a pris fonction en août 2000, a été pendant longtemps perturbée par une crise issue des différents mouvements de revendications des employés en mai 2001, de sorte que les mesures envisagées pour la reprise n’ont pas été appliquées.
Cette crise a duré près de huit mois et a eu de nombreuses conséquences néfastes :
- Démobilisation totale des bénéficiaires des projets (jeunes et femmes) à la base et même une perte de confiance ;
- Absence de ressources financières pour travailler ;
- Démotivation sérieuse de tout le personnel des projets et programmes ayant pour conséquence, le ralentissement total des activités de suivi ;
De nombreuses difficultés ont jalonné ce parcours :
Au niveau des bénéficiaires, on peut relever :
- des difficultés réelles de remboursement et même d’épanouissement dans le travail
- un environnement socio-économique souvent défavorable : inflation, concurrence de proximité, baisse de la demande du produit ou du service, absence de possibilités d’accès à de nouveaux marchés etc.
- insuffisance du fond de roulement due à l’inflation du prix des produits.
- augmentation des charges (locatives, d’électricité et autres) mettant du coup les promoteurs dans une situation permanente de déficit d’exploitation.
Toute chose, qui concourt globalement au ralentissement total des remboursements, voire au blocage effectif de l’activité de certains bénéficiaires : ceux dont les activités survivent encore, souhaitent une révision à la baisse des échéances de remboursement, ce qui leur permettrait d’honorer d’autres échéances contractées ailleurs ; ou plutôt désirent encore un nouvel appui du FAPE pour pourvoir leur fonds de roulement.
Au niveau du projet :
- La situation du bureau du FAPE dans l’enceinte d’un service de l’Eglise, fait que les bénéficiaires s’attendent à la gratuité des services. Il n’est pas rare de les entendre dire " .... C’est l’argent de l’Eglise, c’est la charité... " Dans ces conditions, bien des interrogations subsistent quant à la pérennité de l’action.
- La confusion souvent faite dans la pratique entre objectif économique et objectif social du projet fait que le crédit ne sert pas seulement au financement d’activités économiques productives, mais aussi à résoudre les besoins d’ordre social des bénéficiaires.
- Le manque de suivi régulier des bénéficiaires faute de personnel suffisant.
Au total, il faut dire que les jeunes constituent un public cible difficile à encadrer. Les actions à leur encontre doivent être bien ciblées avec des objectifs précis et un dispositif d’accompagnement adéquat capable de rendre compte de l’impact.
Il faut travailler au sein des structures de l’Eglise à l’éveil des consciences vers une mise en relation de partenariat institutionnel avec d’autres structures s’investissant dans les mêmes champs d’action. Ce qui pourrait, par des échanges, apporter quelques améliorations et un certain dynamisme.
desarrollo urbano, joven, creación de actividad, educatión a la ciudadanía
, Benín, Cotonou
Cette fiche a été réalisée dans le cadre du PPDU, Programme Prioritaire Développement Urbain géré par 19 associations (dont le CCFD) et cofinancé par le Ministère des Affaires étrangères (www.ppdu.org)
Texto original
SCIDH (Service de la Charité pour le Développement Intégral de l’Homme) - Bénin - scdih (@) sobiex.bj