Pour travailler comme architecte et comme professeur d’architecture à ISAI. V. Horta à Bruxelles, Marc Errera entendait faire part de son expérience d’architecte, et de la vision qu’il a de la ville dans le contexte des dynamiques socio-économiques pour une urbanisation durable, au symposium d’Hochiminh-Ville. Pour lui, le bâti des villes exprime la société qui les génèrent. Il s’exprime par la continuité (cohésion et ordre) et par la variété (aventure, diversité et renouveau), qui, bien dosés, participent à sa cohérence. Tout est question de dosage, mais surtout, et c’est important, pour ceux qui essayent d’entrainer une dynamique sociale des villes, de ne point oublier, comme ingrédients indispensables à la continuité, la culture, la mémoire, la nostalgie, ces trois termes étant mis au singulier. Mais il ne faut pas non plus oublier que les cultures, les différences, l’avenir, font partie de la variété, des richesses et de la diversité si nécessaires aux villes qui sont toujours multiréférentielles avec des citoyens en général à multi-appartenance.
C’est la raison pour laquelle entre un laisser-faire architectural des années 1960 et un façadisme mensonger des années 1990, il faut s’employer aujourd’hui, pour une citoyenneté qui puisse s’exprimer de façon responsable et solidaire, à trouver d’urgence de nouvelles ouvertures.
En s’appuyant sur une série d’éléments paysagers, marquant aussi bien le caractère intégré d’un ensemble d’immeubles que des ruptures de rythme à caractère provisoire ou aménagé, ainsi que l’introduction d’éléments de styles différents, Marc Errera insiste pour l’ouverture sur l’importance, pour se faire accepter, de savoir combiner, de se combiner et d’échanger pour qu’une cohésion sociale puisse être symbolisée, ne fût-ce que, comme par le passé, par le mur mitoyen qui exprimait la solidarité d’une société qui rendait sa ville solide. Vivre ensemble, c’est d’abord se donner un objectif commun. Ceci n’est plus le cas aujourd’hui puisque notre société, tout au moins occidentale, basée sur le culte de l’individualisme, génère une architecture-objet qui dissout la ville.
L’intégration (intégrer n’est pas cloner, copier ou imiter) dépend de la richesses de la culture et de son rayonnement grâce à un enseignement où sont discutés tous les aspects d’une société démocratique durable et où participent tous les domaines du savoir. Penser la ville, ce n’est pas traiter simplement un secteur, qu’il s’appelle urbanisme ou planification. C’est à cette société nouvelle, et qu’il s’agit de vouloir démocratique pour qu’elle soit durable, qu’il faut s’attacher afin que le passé puisse aussi servir de tremplin pour l’avenir. Ce qui passe notamment par le fait de savoir s’enrichir des différences, qu’il s’agit de respecter, et notamment des cultures minorités qui peuplent nos villes et qui sont source d’espérance et de culture de paix, s’il est vrai que l’avenir des villes est dans le métissage des cultures et dans la valorisation des multiples richesses de tous les savoirs, y compris lorsqu’ils sont ceux auxquels nous ne sommes pas éduqués.
Comme le disait Olivier Abel, l’urbanité signifie d’abord "la Bienveillance ou la diversité des manières de vivre, de se rapporter aux autres". L’urbanité ne s’oppose pas à la ruralité mais à l’incivilité (enfermement et indifférence), si fréquente dans une société qui doit faire cohabiter sur un espace restreint une grande diversité de formes de vie, de langues de cultures complices.
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Cette expérience d’architecte, qui par ailleurs est un citoyen militant engagé dans des dynamiques sociales et culturelles pour l’urbanisation durable, situe très bien ce qu’il faut comprendre par ville aujourd’hui. Elle permet un co-développement urbain durable sollicite à la fois la reconnaissance d’expertises scientifiques et techniques, mais aussi la reconnaissance, par l’échange et la rencontre des citadins ou des habitants de la ville, de ce qui fait la richesse de leurs savoirs sur la ville et de leur compréhension des besoins, puisque chacun répond à un besoin différent, crée un type d’espace urbain qui lui est propre, et se positionne le long de voies de communication extrêmement variées. Les comités d’action urbains sont ainsi des acteurs déterminants pour une politique de la ville, qui est d’abord un tissage social avant d’être un tissu social.
Actas de coloquio, encuentro, seminario,…
Marc Errera, PRELUDE, Intégration, assimilation, ou dialogue (vision d'architecte). De la difficulté de la différence, Georges Thill, 2001 (Belgique), 41-43, p.23-25
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