L’expérience du Comité des mal logés à Paris
01 / 1993
Contexte.
Dans Paris, les terrains se font de plus en plus rares, leurs prix grimpent et les opérations de rénovation sont des prétextes pour libérer des terrains aptes à la construction. Pour cela, divers moyens sont utilisés afin de libérer les immeubles de leurs occupants.
Un de ces moyens est de déclarer les immeubles insalubres comme ce fut le cas en mai 1990 où un arrêté d’expulsion, appuyé par de nombreuses forces de police, obligea 48 familles à quitter l’immeuble vétuste qu’elles occupaient.
La spéculation immobilière fut le motif principal des expulsions. L’objectif des spéculateurs était double : d’une part obtenir le départ immédiat des habitants, ce qui est souvent difficile sans pressions ni menaces, d’autre part revendre ensuite au prix fort le terrain occupé par l’ancien bâtiment vide. En quelques années, un immeuble peut voir sa valeur doubler sans autres « travaux » que l’expulsion de ses habitants.
Le fait que ces 48 familles aient été maliennes montre l’ampleur de la situation de l’immigration face au problème du logement.
Les acteurs impliqués dans le processus.
En 1988 est créé le « Comité des mal logés » (CML), une organisation structurée qui regroupe des mal-logés pour la plupart immigrés : 90 % des adhérents sont des travailleurs venus de différents pays sous domination économique de la France : Algérie, Mali, etc. Le Comité regroupe aujourd’hui plus d’un millier de familles à la recherche d’un logement depuis des années. Le principal rôle du Comité est d’aider les familles à constituer un dossier et de jouer le rôle de porte-parole auprès des mairies d’arrondissement de Paris et de l’office des HLM (Habitations à loyer modéré). Cependant, le Comité des mal logés est d’abord un comité de lutte sur la question de l’accès au logement et non une organisation humanitaire ou caritative. Le CML met en oeuvre différentes actions : réquisition de logements vides, occupation d’espaces publics et manifestations de rue.
Lors de l’expulsion des 48 familles africaines, le 2 Mai 1990, un campement a été aussitôt organisé par le CML sur la place de la Réunion dans le 20e arrondissement. L’expulsion a été ordonnée par la Préfecture de Police et réalisée par des forces de police. Le lendemain, une manifestation était organisée par le CML (il y en aura quatre)et l’occupation de la place de la Réunion fut le théâtre d’un affrontement avec les forces de police lors du déchargement de quelques tentes. La demande des 48 familles était l’attribution pour chacune d’un logement dans le parc social.
Réaction des différents secteurs.
Le pouvoir (local et national), c’est-à-dire la Mairie de Paris et le Gouvernement, par le biais de la police et des médias, ont, tout au long de cette lutte, cherché à enfermer le CML dans une problématique relevant strictement de celle de l’immigration, réduisant le CML à un comité d’immigrés de façon à masquer le problème de l’accès au logement.
Au bout d’une semaine d’occupation de la place de la Réunion, les directions des diverses associations, organisations syndicales et politiques se sont prononcées pour la légitimité de la lutte menée par le CML pour le relogement des familles expulsées.
Alternatives proposées.
Après un mois d’occupation de la place de la Réunion, une seule famille avait pu obtenir un bail dans une cité HLM. Les 47 restantes n’avaient reçu de la part des autorités qu’une seule proposition de relogement dans une cité de la région parisienne décrétée insalubre et murée et qu’on avait hâtivement démurée à leur intention. Ce qui était une proposition contradictoire an regard du motif de l’expulsion qui était justement l’occupation d’un immeuble vétuste et insalubre. La lutte durera finalement cinq mois à l’issue de laquelle le relogement de toutes les familles sera effectué par des Offices d’HLM de la périphérie de Paris.
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Ce cas est un exemple du problème de l’accès au logement social des familles immigrées d’origine africaine. Le problème devient d’autant plus aigu que ces familles, vivant à Paris dans des immeubles vétustes, souhaitent légitimement être relogées dans des logements sociaux parisiens. Or, ceux-ci sont le plus souvent attribués à des familles d’origine française, tandis que les familles immigrées sont reléguées dans des banlieues de plus en plus lointaines, loin des sources de travail. Le nombre insuffisant de logements sociaux construits chaque année dans Paris, rend le problème des mal logés encore plus aigu. En outre, la charge foncière élevée dans Paris rend aussi les opérations immobilières à caractère social coûteuses et d’une faible rentabilité. Dans les opérations de rénovation, les populations les plus pauvres sont évincées car elles constituent un obstacle à la hausse des prix.
TELEX de HIC : 177 2606 MAFOME.
Documentación gris
La brochure « Oser Lutter Oser Vaincre » est disponible en ligne : http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/2/61/97/51/Brochure-du-comit–-des-mal-log-s-19991/brochure-comite-des-mal-log-s-1991.pdf, Comité des Mal-logés, juillet 1991 (pdf, 92 p.)
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