Mise en place d’une technique d’avant-garde de retraitement des effluents liquides (épandage sur taillis à très courtes rotations) et mise à disposition de bois de chauffage auprès d’un centre d’accueil pour handicapés
11 / 1999
Depuis sa création en 1858, Leroux SA fabrique et commercialise des produits à base de chicorée. Aujourd’hui Leroux SA détient 40 pour cent du marché mondial. Le processus de fabrication de la chicorée a pour conséquence le rejet de 30 000 à 50 000 m3 d’eaux usées teintées et chargées en sucre par an. Face à une sévérisation de la réglementation environnementale vis à vis des installations classées, et soucieuse de son environnement, Leroux SA a mis en place un système d’épandage sur taillis à très courtes rotations. Les eaux usées servent à irriguer une plantation de saules qui, coupés tous les trois ans, agissent comme épurateur biologique. Dès la fin de leur croissance, les saules seront utilisés pour chauffer un centre d’hébergement de personnes handicapées.
Face à une pollution de type organique, deux hypothèses étaient envisageables : la station d’épuration et l’épandage.
Le processus de fabrication de la chicorée est naturel : à partir de la racine déshydratée et torréfiée, seules l’eau et la chaleur interviennent. Soucieux de préserver ce caractère écologique, Leroux SA, poussé par l’Agence de l’eau, a plutôt privilégié un traitement biologique par le sol. En effet, contrairement à une station d’épuration, l’épandage ne génère pas de boues.
De plus, ces deux techniques ont un coût d’investissement comparable.
Dans un premier temps, Leroux SA s’est orienté vers la plantation de ray-grass (herbes) mais dont l’inconvénient est de permettre à une pollution éventuelle de retourner dans la chaîne alimentaire.
Finalement la rencontre entre François Collette, directeur de l’usine Leroux, et Christian Cuingner de l’Association pour le Développement des Cultures Energétiques, a conduit le premier à choisir la ferti-irrigation (irrigation de terrains destinés à être fertilisés).
Leroux SA a donc acheté 17 hectares de terrains situés à 500 m de l’usine et y a planté 270 000 saules. Cette superficie lui permettra de faire face à un éventuel accroissement du volume de ses effluents, car compte tenu de la forte capacité d’absorption des saules, 5 ha suffisent à l’épandage de 30 000 m3 d’eaux usées. Ces dernières sont transportées par un réseau de tuyauteries souterrain vers les bassins, dont le volume correspond environ à trois mois de stockage, ce qui est deux fois supérieur aux normes. Par temps de gel, l’irrigation est justement interdite. L’épandage est réalisé par micro irrigation et non par canon à aspersion.
Cette technique développée par les Israéliens a un atout supplémentaire : la micro-irrigation évite la stagnation des eaux usées et limite ainsi le risque de mauvaises odeurs.
En outre, la plantation de saules participe à la diversification du paysage et lutte contre l’érosion des saules.
En résumé, grâce à cette technique, 100 pour cent des rejets liquides résultant de la fabrication de la chicorée et compatibles avec la technique d’épandage sont recyclés. Environ 5 pour cent des rejets liquides contenant du sel sont traités dans la station d’épuration communale. Quant au marc issu de l’extraction, il rentre dans la composition de nourriture animale.
Leroux SA est donc parvenu à maîtriser son processus de fabrication tout en protégeant son environnement.
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, Francia, Nord-Pas-de-Calais
La démarche de Leroux me paraît intéressante à plusieurs égards :
1- La protection de l’environnement : le procédé utilisé est entièrement naturel puisqu’il ne nécessite l’utilisation d’aucun adjuvant chimique et ne génère pas de boue;
2- L’aide à des personnes en difficulté : il est intéressant de noter comment un projet purement industriel au départ, contribue à terme au bien-être de personnes handicapées en leur offrant du bois de chauffage;
3- Le développement d’une technique avant-gardiste de traitement des effluents
Leroux SA est le seul industriel français à recourir à la technique de l’épandage d’eaux sur taillis. Il participe à un programme européen FAIR, qui permet d’étudier des systèmes de traitement des déchets respectueux de l’environnement. Cette innovation s’inscrit dans une démarche d’amélioration du cadre de vie. D’ailleurs Leroux est prêt à partager son expérience.
Informations recueillies dans le cadre de la démarche "Citer pour inciter" d’Alliances.
Entretien avec FRANÇOIS, Collette
Informe
FALCONNIER, Anne, Alliances, 1999
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