L’installation de M’tex, permet de redéployer une activité économique et de créer des emplois dans un quartier en difficulté
09 / 2000
En 1996, Mustapha Saïfi cherche à créer son entreprise : un atelier de confection textile spécialisé dans la maille. Son projet est déjà bien avancé, mais il n’a pas encore de local.
Il est alors sollicité par la mairie de Hem, qui vient de racheter, suite à un incendie, un centre commercial situé dans un quartier en difficulté. La mairie cherche en effet à redynamiser et à favoriser l’emploi et l’insertion locale dans cette zone défavorisée.
En juillet 1996, la société M’tex est créée et s’installe dans ce centre complètement reconstruit, qui accueille également une pharmacie, une supérette et un restaurant. Il loue un local neuf, bien conçu de 750 m2 à la mairie et embauche des chômeurs de longue durée en situation économique périlleuse.
M’tex est une S.A.R.L. au capital de 100 000 F., 2 entreprises textiles en sont les actionnaires. Actuellement M’tex emploie 22 femmes à temps plein. La totalité du personnel embauché était à la recherche d’un emploi et de très faible qualification ou sans qualification. 70 pour cent des salariées sont issues du quartier, les autres venant des environs proches.
Les contrats de travail se répartissent de la manière suivante :
- 50 pour cent de CDDI. : Contrat à Durée Déterminée d’Insertion ;
- 25 pour cent de CDD. : Contrat à Durée Déterminée ;
- 25 pour cent de CDI : Contrat à Durée Indéterminée.
Avant de créer son entreprise, Mustapha Saïfi a dû surmonter de nombreuses difficultés. En effet il est jeune : 30 ans, sans diplôme et issu de l’immigration (il est né en France). Il n’a pas de capitaux et choisit de se lancer dans la confection textile : pari audacieux ! Il rencontre une quinzaine de banques, une seule va s’intéresser à son projet, la BFCC : Banque Française de Crédit Coopératif. Le dossier est accepté mais avec des cautions.
Mustapha Saïfi doit au départ aller démarcher lui-même de nombreuses entreprises, tout en lançant et gérant la sienne. Une rencontre très fructueuse va déboucher sur son premier marché. Il s’agit de Pimckie, entreprise textile avec laquelle il réalise maintenant 40 pour cent de son chiffre d’affaires.
Plusieurs éléments ont été déterminants dans la réussite de M’tex, tant au niveau de la gestion du personnel que de la qualité des locaux. En effet Mustapha Saïfi responsabilise ses salariées, il leur accorde une grande confiance et veut donner à chacune la chance d’acquérir un emploi stable. Ainsi, par exemple dans des locaux neufs, propres, et bien éclairés, l’aménagement intérieur et la disposition des machines ont été choisis par le personnel. Le dernier vendredi de chaque mois est organisée une réunion avec Mustapha Saïfi et tout son personnel. C’est au cours de cette réunion que l’on peut "tout se dire". Après quelques réticences les premiers mois, un réel climat de confiance s’est établi et chacun parvient maintenant à discuter librement. Les ouvrières ont ainsi choisi leurs horaires de travail. Elles commencent à 7h 30 le matin pour terminer à 16h 00. Ceci leur permet d’aller chercher les enfants à l’école, évitant ainsi des frais de garde. Tous les vendredis, après la journée de travail, l’atelier est à la disposition des salariées. Elles peuvent utiliser les machines à coudre, les patronages ainsi que toutes les petites fournitures pour se confectionner leurs propres vêtements. Seul le prix du tissu reste à leur charge.
L’équipe des salariées est cohérente et homogène. Elles habitent presque toutes le même quartier, sont très solidaires et se retrouvent volontiers en dehors des heures de travail. Une prime sur les bénéfices a également été distribuée ; l’an dernier, elle s’est établie à 1 000 F. nets tous les 2 mois.
Ces différents facteurs contribuent à une bonne ambiance de travail et par là-même, à une meilleure performance économique.
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, Francia, Nord-Pas-de-Calais
La réussite économique et sociale de M’tex tient beaucoup à la personnalité de son dirigeant. Il croit en la valeur de chacune de ses salariées. Il leur laisse énormément d’initiatives, il leur fait confiance. Son souhait est de transformer chaque CDDI en CDI, pour insérer les salariées dans un parcours "classique".
J’ai été marquée par la qualité des échanges entre Mustapha Saïfi et son personnel, qui aboutit à une cohésion très forte entre les salariées. Finalement, tout le monde en ressort gagnant, puisque c’est dans un bon climat de travail que l’on se rapprochera d’une confection "zéro défaut".
Mustapha Saïfi a permis à 22 personnes au chômage et pour la plupart sans qualification, de se réinsérer et de trouver un emploi à temps plein. Il a également contribué à la redynamisation d’un centre commercial dans un quartier en difficulté en s’installant dans ce local désaffecté.
Fort de ce succès, il a créé une seconde société de confection textile en novembre 1998. Son objectif est de continuer à créer des emplois et développer une activité économique pérenne dans un secteur plutôt défavorisé. Malgré toutes ces bonnes intentions, les charges et les contraintes Françaises restent lourdes pour Mustapha Saïfi. Les offres de délocalisation sont alléchantes. Les facteurs positifs favoriseront-ils encore longtemps le maintien de ces activités en France ?
Cette action a reçu le prix d’action citoyenne 1999.
Informations recueillies dans le cadre de la démarche "Citer pour inciter" d’Alliances.
Entretien avec SAYFI, Mustapha
Informe
DANEL, Nathaly, Alliances, Une entreprise textile se développe en réhabilitant un quartier à Hem dans le Nord, 1999
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