Une action d’appui technique de l’Association d’Appui aux Initiatives Locales de Développement (ASSAILD)
Vincent GUELMIAN, Benoît LECOMTE
03 / 1998
Vincent Guelmian, paysan, ex-président du CODEB (Comité d’Organisation pour le Développement de Bédogo) : "Je vois que cette initiative de "paysan-entrepreneur", expérimentée par l’ASSAILD et avec les paysans, c’est essentiel. Avant, l’ASSAILD ne travaillait qu’avec des groupes. Ils disaient toujours qu’il fallait faire des groupes et qu’ils allaient nous appuyer. Nous avons perdu beaucoup de temps pour des réunions, des assemblées, etc. On n’a pas eu assez de temps pour travailler pour nous personnellement et nos enfants sont en train de pleurer de faim, ils manquent d’habits, etc. En 1997, j’ai visité grâce à l’ASSAILD le CFPR (Centre de Formation Professionnelle Rurale) de Héllie Bongo et on m’a donné une formation. C’est ce qui m’intéresse, pas l’argent. C’était la première fois qu’une visite concernait mon exploitation. J’ai découvert des choses utiles pour mon exploitation telles que la grange, la haie vive, etc. C’est des choses que j’aurais dû faire avant mais je ne les connaissais pas. C’est vrai que cela donne des jaloux, mais pour l’instant, cela vient de commencer et les gens ne connaissent pas. Malgré cela, il y a déjà une centaine de personnes qui veulent que la formatrice de l’ASSAILD leur rende visite comme à moi !!! Car après leurs visites, nous avons réalisé des choses que eux n’ont pas faites.
Nous avons aussi sensibilisé les gens et nous leur avons donc expliqué : "Pour ASSAILD, si tu veux faire un effort, elle est prête à t’aider. Car elle n’a pas pour idée d’aider un tel et pas les autres, elle cherche seulement à accompagner ceux qui veulent faire des efforts. C’est cela que nous avons expliqué à ceux qui nous questionnaient pour savoir pourquoi on recevait des visites de la formatrice de l’ASSAILD. Certains pensaient même qu’on nous donnait de l’argent. Je leur dis : "Non !" Mais le suivi de l’ASSAILD nous aide beaucoup ; tu es en train de travailler d’une façon traditionnelle dans ton champ, quelqu’un vient te visiter et te montre progressivement des nouvelles façons de faire. Leur suivi nous donne beaucoup de courage et beaucoup d’avantages. Et nous avons organisé une rencontre générale au centre d’animation du CODEB, pour expliquer les choses que nous avions vues lors de notre visite au Centre d’Héllie Bongo.
Certains paysans qui étaient présents ont de suite construit leurs granges avant même que je n’ai eu le temps de faire la mienne. Ils ont vu que c’était très intéressant pour eux. Un paysan, le regrouper et "le former sur le tableau", cela ne l’aide pas mais aller visiter quelque chose que son ami paysan fait ailleurs, c’est essentiel. Là il voit, il entend et il peut mettre en pratique. Mais écrire au tableau et revenir dans les champs pour "sarcler avec le papier"... tu ne vois rien et tu continueras comme tu faisais avant. Alors que ce que tu as vu ailleurs, tu devras le mettre en pratique. Des visites comme celle-là, j’aimerais en faire encore plus. J’en ai fait par moi-même dans mon environnement. Et puis beaucoup de paysans sont venus visiter l’association CODEB pour voir nos activités. Mais comment découvrir qu’il y a quelque chose de bon ailleurs ? Par l’intermédiaire d’ASSAILD ou autres, je peux entendre parler d’une expérience intéressante et je peux chercher les moyens pour y aller. Parce que tout seul, c’est difficile de se déplacer au hasard, en risquant de ne rien découvrir du tout. Mais si j’ai su moi-même y aller, peut-être mes voisins, après, vont voir l’acquis dans mon champ et le faire aussi.
Mon souhait est que d’ici 2 ou 3 ans peut-être, je remplace la formatrice de l’ASSAILD pour faire moi-même le suivi d’autres paysans. Parce que l’animatrice peut venir nous visiter une ou deux fois par mois, alors que nous, si c’est notre tour de faire le suivi, on pourra aller dans plus de villages. Si ma formatrice devient comme une patronne et qu’elle "se pose" au Bureau, moi je vais la relever pour expliquer à mes frères !!"
organización campesina, ONG del Norte, capacitación profesional, desarrollo local
, Chad, Bedogo
Après avoir longtemps été appuyé comme responsable d’une Union de groupements par une ONG, voici qu’un responsable paysan découvre qu’il peut apprendre dans un centre de démonstration des techniques qui peuvent améliorer sa propre exploitation. Quelle joie ! Et quelle écoute des conseils de la formation.
L’action dite "paysan-entrepreneur" est une initiative prise à la fin des années 1990 par la Coopération suisse. Elle s’organise à partir de quelques centres de formation-démonstration. L’ONG tchadienne ASSAILD assure le suivi de cette action dans la région de Moundou au sud du Tchad.
Voir fiches DPH n° : 7.467; 7.505
Entretien avec GUELMIAN, Vincent réalisé à Bédogo en février 1998
Entrevista
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