10 / 2001
Sara Diouf, coordinateur de la Coordination des Acteurs de Développement (CAD) de Fissel et Secrétaire Général de Jig-Jam :
"Pour le moment, on n’a pas encore poussé les divers partenaires à se retrouver entre eux, sinon par quelques tentatives individuelles pour tester. Une fois en tant que coordinateur j’ai convoqué une réunion à laquelle j’ai invité divers partenaires : le CIEPAC (Centre International pour l’Education Permanente et l’Aménagement Concerté), c’est à dire des gens qui nous appuient depuis le début ; la FONGS (Fédération des ONG Sénégalaises) comme agence d’exécution technique du projet PSAOP (Projet Sénégalais d’Appui aux Organisations Paysannes). J’ai essayé de leur faire comprendre que nous sommes à la fois avec eux et avec d’autres et aussi que les orientations viennent de nous parce que c’est nous qui sommes les bénéficiaires directs ; pas les seuls bénéficiaires mais en tous cas s’il y a des échecs, on nous les impute. Donc, nous avons notre mot à dire, notre façon de voir de manière claire et déterminée avec qui travailler. Depuis lors, je ne cesse de développer l’idée qu’après l’élaboration du deuxième plan local de développement (le PLD) la négociation pour le financement de celui-ci sera participative : nous ferons en sorte que l’ensemble des membres de la CAD se mettent autour du document pour parler avec l’ensemble des partenaires.
Nous avons aujourd’hui trois types de partenaires.
a) Les partenaires qui ont déjà participé au plan local élaboré par la CAD
Parmi eux, je pourrais citer les Romillons (habitants de Romilly, France); c’est la porte d’entrée parce qu’ils ont été les premiers à nous aider. Puis l’Union Européenne (UE) qui a donné une enveloppe de 23 millions CFA environ, et "Aube-Mbour" qui a appuyé l’initiative de la CAD. Ensuite, le CIEPAC qui n’est pas seulement un partenaire technique mais qui donne quelquefois des moyens financiers pour pouvoir démarrer quelque chose, surtout en ce qui concerne l’animation. Enfin, la Fondation de France par sa participation à l’évaluation de la CAD.
b) Les partenaires qui annoncent qu’ils participeront
Ils travaillent déjà dans la zone avec des villages ou des groupes sectoriels et montrent vraiment une volonté, un engagement de nous accompagner. Ils sont déterminés et ont entièrement épousé notre approche. Ils disent qu’ils vont intervenir quand il y aura toute cette harmonisation parce qu’ils travaillent déjà et qu’ils voudraient mettre leurs moyens dans un cadre global et réalisé au vu et au su de tout le monde.
Parmi eux il y a Eau Vive qui est un partenaire de la Communauté rurale mais véritablement engagé pour cette forme de financement et le PADDEL qui dit pouvoir appuyer la Communauté rurale (CR) et la CAD.
c) Les partenaires traditionnels des structures membres de la CAD
Ils ont continué chacun leur appui à leurs partenaires. Si je prends le cas de Jig-Jam, les programmes que nous développons avec nos partenaires traditionnels sont signalés dans le programme de la CAD comme information du moins pour tout ce qui touche Fissel, parce que Jig-Jam n’est pas seulement dans la Communauté rurale de Fissel. Et au moment de la négociation du 2ème PLD, Jig-Jam ira trouver ses partenaires pour leur présenter le plan. Jig-Jam leur dira : "Dans ce plan, j’ai mis l’ensemble des prévisions que j’ai l’ambition de développer avec vous. Si vous acceptez de m’aider à les réaliser, je contribue et je vais honorer mon engagement vis-à-vis des autres structures locales. Si vous ne le faites pas, je suis tenu de chercher d’autres partenaires qui vont le faire". Donc, ces partenaires traditionnels pourront décider de le faire ou de ne pas le faire et décider de donner à Jig-Jam les appuis demandés, mais également décider de donner d’autres appuis à d’autres actions qui se trouvent dans le document.
C’est là l’esprit du PLD. On commence à voir les Romillons qui disent, lorsqu’ils ont été de passage : "Nous, on s’intéresse aux actions traditionnelles qu’on faisait avec l’Association des Amis de Romilly. Mais il est possible que si on voit dans le PLD quelque chose qui nous intéresse et qu’on a les moyens, on l’appuie.- Que ce soit pour Jig-Jam, pour le PDEF, ou pour le Conseil Rural". Cela se fera dans la concertation pour que tout le monde sache que ces gens-là ont fait ça et ça. Et un système de gestion transparent donnera des informations à l’ensemble des partenaires. Parce qu’évidemment, un partenaire ne voudra pas mettre son argent dans un tel cadre sans avoir des informations.
Aujourd’hui grâce au travail de la CAD, les gens de la CR de Fissel ne se laissent pas détourner de leurs objectifs. N’importe quel bailleur qui arriverait dans la communauté de Fissel va buter sur ce problème-là. Le Président du Conseil rural, quand il reçoit un partenaire qu’il a rencontré quelque part, demande à la CAD de convoquer l’ensemble du COPI (Comité de Pilotage -de la CAD-) et l’ensemble des organisations de la communauté pour qu’il leur parle de ses rencontres et de ses démarches. A partir de là, on essaye de voir comment on peut harmoniser. Et pour cela, nous avons décidé que tous les partenaires qui peuvent nous appuyer et qui se conforment à nos ambitions, on les prendra en compte".
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, Senegal, Fissel
Non contents d’avoir réussi à faire coopérer au sein d’un même cadre tous les acteurs locaux du développement de leur communauté rurale, les gens de Fissel veulent désormais que la gamme des partenaires (du Nord et du Sénégal) qui les appuient trouvent eux aussi le chemin de la concertation entre eux. Pour y arriver, ils feront en sorte que "l’ensemble de membres de leur comité de coordination" se mettent autour des documents de leur deuxième plan triennal pour en parler avec l’ensemble des partenaires. Est-ce que le mythe de la coordination des Aides prendrait corps à partir des bénéficiaires ?
Sara Diouf, secrétaire général de l’association paysanne Jig-Jam a été plusieurs fois interviewé afin que l’innovation qu’il décrit soit bien expliquée. Voir aussi la fiche DPH n°: 7440.
Entretien avec DIOUF, Sara, réalisé à Thiès (Sénégal), en mars 1999.
Entrevista
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