25-40 ans : une vie pleine de sens

En 1995, le CMR des Vosges a fait le pari d’organiser une fête montrant le dynamisme du milieu rural, le "festival de la ruralité", qui a rassemblé près de mille personnes à Uzemain. Des équipes de personnes de 25 à 40 ans se sont formées à la suite de ce temps fort, ainsi que des groupes de proximité qui se réunissent de façon ponctuelle.

Avec le recul, les militants du CMR ont constaté qu’ils pouvaient joindre les jeunes mais ne réussissaient pas nécessairement à toucher les forces vives du milieu rural. Une enquête sur les attentes de ces jeunes (faite par l’association "Horizon" en 1997)a montré qu’ils ont peur de l’engagement et préfèrent "papillonner", leurs réseaux d’appartenance étant multiples. Suite à plusieurs rencontres informelles, les équipes des Vosges ont souhaité approfondir leur rencontre avec les jeunes.

Pour se rapprocher des jeunes, deux personnes qui connaissent bien la vidéo ont l’idée, en 1998, de monter un projet où des jeunes seraient interviewés sur les questions essentielles concernant leur génération. La vidéo une fois montée serait alors un excellent vecteur de débat autour des six thèmes des interviews :

- l’enracinement des jeunes dans le milieu rural (quels réseaux ? Pourquoi vouloir partir ? ...)

- le rapport au temps (malgré une vie stressée prennent-ils le temps de faire des pauses, de communiquer ? )

- l’organisation de la vie de famille (quels rapports avec les parents ? Quelle vie de couple? Quelles priorités pour les enfants ? )

- le rapport argent / travail / société (société de consommation ou société de participation ? Le travail est-il un lieu d’épanouissement ? Place de l’argent dans leurs choix de vie ? )

- communication et information (quels modes d’information choisissent-ils ? Comment communiquent-ils ? Quelle place et quels lieux pour les débats ? )

- recherche de repères et de valeurs (comment rechercher un sens à sa vie ? Avec qui échanger sur cette quête de sens ? )

En demandant des subventions à la caisse d’allocations familiales, au Conseil général, au FNDVA (Fonds National de Développement de la Vie Associative)et à l’évêché, un comité de pilotage de cinq personnes (du CMR et du MRJC)ont réuni des fonds permettant la réalisation matérielle du projet.

Interviews des jeunes, vision et transcription des entretiens, choix des phrases à utiliser, montage, mixage, conception des séquences d’introduction des différents thèmes avec des marionnettes, réalisation du document d’accompagnement... Ce projet a mobilisé nombre de bénévoles pendant presque un an, et la vidéo était prête en janvier 1999 (37 minutes). Tirée à 150 exemplaires et vendue au sein des équipes, elle a permis l’organisation de soirées débats avec les jeunes, durant toute l’année 1999.

Sur le fond, les retours ont été assez positifs car les jeunes interviewés ont un langage clair, facile à comprendre. La vidéo est une bonne amorce de discussion car les jeunes qui la voient ont envie d’aller plus loin que ce qu’ils entendent. Les thèmes abordés semblent bien choisis : ils intéressent les personnes concernées. En revanche, plusieurs critiques reprochent le côté statique de toutes les entrevues (les personnes sont assises)et le côté trop lisse de leurs vies :

tous les jeunes interviewés ont l’air heureux, alors que certaines personnes sans travail ou dans des situations familiales difficiles n’auraient sûrement pas eu le même langage...

La vidéo a eu un impact mobilisateur aussi pour certaines équipes CMR qui hésitaient auparavant à organiser des soirées de ce genre : c’était une bonne occasion "d’oser la proximité ". De plus, la préparation des soirées-débats demande un effort d’organisation et d’animation, ce qui permet de former certaines équipes à une activité qu’elles connaissent mal.

L’objectif de ce projet était aussi de renouveler les équipes CMR en suscitant plusieurs équipes jeunes. Cet impact est aujourd’hui difficile à évaluer : si quelques jeunes ont manifesté de l’intérêt, la mobilisation n’est pas massive.