Analyse du projet de l’Association Béninoise pour la promotion de la famille destiné à la préparation à la vie familiale et active des jeunes filles déscolarisées du département de Zou
04 / 2001
En Afrique en général et au Bénin en particulier la scolarisation des jeunes filles n’est jamais considérée comme une priorité familiale ni même nationale. Le langage populaire dit que les filles sont destinées au foyer, au ménage et la reproduction. Ainsi sont-elles privées d’école ou bien très tôt déscolarisées, elles sont abandonnées à elles-mêmes. Elles deviennent des femmes sans être préalablement préparées à la vie familiale et communautaire. Pour corriger cette injustice, l’Association Béninoise pour la Promotion de la Famille (ABPF)a initié un projet destiné à la préparation et à la formation des jeunes filles à la vie active et familiale.
Créée en 1970, l’association béninoise pour la promotion de la famille, originellement appelée ’Centre National du Dahomey pour la Promotion de la Famille’ (CNDPF), s’est donnée pour mission fondamentale l’éducation de la population aux méthodes de planification familiale.
C’est au cours de visites à domicile pour des séances de sensibilisation que le personnel de ladite association a fait l’amer constat que de nombreuses jeunes filles traînent à la maison sans aucune formation, sans aucune activité économique. Le phénomène a été l’objet de réflexion de la part de l’antenne de l’association béninoise pour la promotion de la famille du département du Zou qui a initié un projet d’éducation et de formation des jeunes filles déscolarisées.
Depuis 1995 le projet est devenu réalité. Il a donné lieu a un programme qui est actuellement hébergé par le centre de l’association béninoise pour la promotion de la famille à Abomey. Financé entièrement par l’Institut pour la Promotion Familiale le programme consiste à donner aux jeunes une formation pratique et théorique qui s’étend sur une durée de trois ans. Le volet pratique concerne, outre les cours sur la sécurité sexuelle de la reproduction, des cours sur l’hygiène, l’enseignement ménager : à savoir le tricotage, la couture, l’art culinaire etc. Ces cours sont dispensés par une animatrice du centre. Le second volet plus théorique porte sur les cours d’alphabétisation dont les enseignements sont assurés par les agents de la direction départementale de l’alphabétisation. De nombreuses ONG apportent aussi leur appui technique au projet.
Les jeunes qui ont reçu cette formation estiment avoir retrouvé le chemin de la réinsertion sociale. Elles sont devenues des personnes ressources pour l’Antenne de l’ABPF pour les activités de sensibilisation qu’elle mènent dans le département et ailleurs. La première promotion des jeunes filles du centre a même créé des sketches sur cassette vidéo qui sert de matériel de sensibilisation pour toute l’association.
Seulement, souligne un responsable avisé de l’ABPF, ’les finances de l’association s’amenuisent et l’encadrement matériel des jeunes filles pose problème. Il y a insuffisance de fourneaux, machines à coudre et à tricoter. Mais force est de reconnaître que l’expérience est positive. Elle doit être soutenue car de par l’éducation et la formation reçues, ces jeunes filles sont préparées à mener à terme une vie harmonieuse..’.
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, Benín, Zou
Le monde d’aujourd’hui a autant besoin des hommes que des femmes. Seulement au Bénin et dans la plupart des pays africains l’éducation et la formation des jeunes filles ne préoccupent pas beaucoup de monde. Pour les parents, investir pour la scolarisation de leurs filles est une perte. De fait, de nombreuses jeunes très tôt déscolarisées deviennent des adultes analphabètes, des mamans non préparées à la vie familiale, des femmes sans pouvoirs ni voix de décisions dans leur milieu social. Il est grand temps que les filles reçoivent au même titre que les garçons de leur âge une formation adéquate. L’initiative courageuse prise par l’association béninoise pour la promotion de la famille est un grand pas vers la voie d’une participation intégrale de tous les individus - les femmes autant que les hommes - au développement de nos société. Il s’agit une avancée décisive pour les femmes elles-mêmes et pour la société. En effet, la formation n’est-elle pas le premier cap vers la promotion sociale ? La femme qui se rend utile à sa société grâce à son savoir-faire, à sa compétence n’est-elle pas une femme épanouie ? Comme l’écrivait un éditorialiste d’un magazine féminin ’la participation effective aux prises de décision au même titre que les hommes indiquera mieux que tout autre acquis, que les femmes ont atteint le niveau d’égalité auquel elles ont droit. Mais, bien plus, cette participation comme chacun le sait, ouvrira la voie à un développement durable et équitable de notre société. Le développement durable ne peut être atteint si les femmes continuent à être perçues comme simple ressources dont on se sert pour atteindre des objectifs qu’elles n’ont pas contribué à définir, comme des ressources qui contribuent à produire des résultats qui ne leur profitent pas’.
Entretien avec APOGLAN, Flavien
Entrevista ; Artículos y dossiers
Bulletin ABPF Bien-Naître, 2000, 3
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