Henryane de CHAPONAY, Sylvie ROBERT
12 / 1999
Le CEDAL, dont je suis présidente, est un réseau qui a été pionnier dans la confrontation d’expériences dans les années 70/80. Le CEDAL, c’est très peu de personnes en France parce qu’on s’est toujours considéré comme potentiellement international, et c’est plutôt une instance juridique qui nous permet d’exister au Nord.
Le CEDAL est dans un moment de transformation complète, de refondation, initiative qui fait suite à une évaluation réalisée en 1997. La première des recommandations de cette évaluation a été de solliciter le réseau et de voir comment à la fois s’appuyer davantage sur les nouvelles technologies de la communication et travailler au renouvellement des générations. La seconde recommandation était de faire une capitalisation de cette expérience. Nous avons opté pour relever le défi.
Je travaille actuellement d’une part avec une Brésilienne à la rédaction d’un ouvrage de type biographique dans l’idée de la collection « Passeurs de frontières », et d’autre part par rapport à cette démarche de refondation du CEDAL et du travail de reconstitution de la mémoire, je reprends contact avec une phase antérieure de ma vie qui a été celle du Maroc. J’ai toujours eu et j’ai toujours une démarche transversale, où mon cheminement personnel alimente le professionnel.
En 1998, on a décidé de ne plus avoir d’activité et de se mettre dans une démarche de construction collective avec ceux du réseau qui le souhaitaient pour repenser davantage le CEDAL sous forme effective d’un réseau que l’on a appelé « Réseau forum associatif ». On a voulu se donner le temps pour la maturation de cette nouvelle perspective, pour faire quelque chose qui permette d’avoir un réseau plus transversal, plus convivial, qui ne soit pas une structure lourde mais qui nous permettrait, au contraire, de garder et de renouer davantage de contacts, de s’ouvrir aussi et de bien voir quel peut être le rôle d’un réseau de ce type qui en somme se construit sur une histoire déjà existante. La capitalisation du CEDAL n’est pas réellement commencée. Pour l’instant notre préoccupation est d’arriver à cette constitution du réseau et l’on s’est proposé de démarrer deux ou trois groupes de travail. Ceci amène à repenser en fait le politique, mais en « retraversant » ce que peuvent être les enseignements des différents thèmes sur lesquels les uns et les autres travaillent.
Entre évaluation et capitalisation il y a à la fois des ponts et des différences.
Au CEDAL nous avons fait une évaluation qualitative, puisque l’on essayait de voir les points forts de l’histoire de l’évolution de l’association, pour finalement nous aider à prendre des décisions.
Je comprends la capitalisation comme des enseignements que l’on retire d’un parcours effectué ou d’une activité spécifique. Je dirais, plutôt que « capitalisation », « apprentissage », mais il est très difficile de résumer cela en un mot. C’est un apprentissage à partir de l’action et de l’expérience, un apprentissage qui est retravaillé à partir d’une réflexion sur ce que l’on perçoit d’un parcours, à plusieurs, en le confrontant à d’autres. Ce sont par exemple les enseignements tirés lorsque l’on a subi un échec. C’est essayer de retrouver ce qui a fait le succès ou non d’une action entreprise, les éléments qui sont intervenus. C’est donc toujours très complexe parce que l’on se situe dans des contextes humains, historiques et sociaux qui sont chaque fois très différents.
Le produit écrit de la capitalisation est quelque chose qu’il faut largement partager avec d’autres, mais c’est la forme de ce partage qui est difficile car il faut que ce soit facile à lire et recevable.
Capitaliser : nous nous sommes demandé comment. Il faut qu’il y ait un groupe de personnes motivées qui souhaitent refaire un parcours avec un certain nombre de personnes qui ont, à des époques diverses, travaillé à monter des choses avec le CEDAL, ou qui ont participé à des rencontres. Et donc ce serait une série de petites interviews en interne, de personnes qui ont vécu l’expérience puisqu’il s’agit de voir ce que ça a signifié pour eux.
La personne qui va coordonner tout cela peut être quelqu’un qui a été à une étape plus récente dans une démarche d’évaluation de l’un des programmes, mais ça peut aussi être une personne extérieure. Nous fonctionnons pour l’instant à partir de l’idée d’un forum de personnes qui ont cette motivation et la disponibilité. Nous n’avons aucun fonds spécial pour ça. Seul un petit fonds est à notre disposition à la Fondation mais un financement versé crée une pression toujours gênante si les conditions ne sont pas encore réunies pour faire le travail. Lorsque l’on sera prêt, et que l’on saura plus précisément comment on va procéder, il nous faudra alors établir un timing pointu et bien préciser la méthode de travail, puis finalement trouver la personne qui pourra assumer la mise en forme des résultats. C’est seulement à ce moment là que l’on verra comment utiliser ce petit financement de la FPH.
Nous avions en tête la capitalisation avant même de faire l’évaluation. En interne nous avions déjà commencé à récupérer l’histoire, déjà organisé les archives et donc l’idée existe depuis longtemps mais sans que l’on se soit donné le temps et les moyens de la mettre en oeuvre.
Depuis les années 90 je sentais que nous étions arrivés au bout d’une étape et je me disais qu’un regard extérieur était nécessaire. L’évaluation a été bienvenue pour cela. Ca a été une demande du CCFD (1) qui avait financé le programme rural en 1983 et qui voulait avoir une idée de ce qu’avait représenté l’utilisation de ce financement. Le CCFD a fait la démarche auprès du F3E pour avoir le financement nécessaire et effectuer cette évaluation.
C’est une formation que l’on est en train de faire à travers la confrontation d’expériences.
Dans la mesure ou une capitalisation est menée à un moment où l’on se pose des questions par rapport à sa structure, à son mode de fonctionnement, ce n’est pas un risque mais un enrichissement, parce que l’on a plus de recul et qu’en plus on se dit que l’on va tous accumuler d’autres expériences. Le plus dur ça a vraiment été le passage de remise en cause d’une personne salariée pour redémarrer sur d’autres bases de manière complètement libre. Ce n’est que depuis le début de l’année 1999 que cette étape là est franchie.
evaluación
, Francia, América Latina
Entrevista
Entretien avec H. de Chaponay, fondatrice du CEDAL.
CEDAL FRANCE (Centre d’Etude du Développement en Amérique Latine) - Francia - cedal (@) globenet.org