La petite histoire a lieu dans un quartier cosmopolite de Douala, le quartier BEPANDA où j’étais de passage chez une parente en septembre 1998. Un après midi bien ensoleillé, je rentrais d’une course effectuée en ville. A quelques mètres de ma destination, je vis quelques hommes armés de gourdins, de machettes et autres objets redoutables. Ils entouraient deux hommes couchés et agonisant, sauvagement mutilés.
Il me fallut une dose de courage non négligeable pour garder mon calme. J’interrogeais l’un d’eux qui me répondit avec un air de satisfaction : ’ ce sont les pilleurs du quartier. Ils ont été surpris alors qu’ils essayaient d’emporter un téléviseur et une radio stéréo chez une dame. ’. Je voulus interroger la dame(propriétaire)pour en savoir plus sur les circonstances, on m’apprit qu’elle n’était plus là. Sûrement avait-elle été débordé par ces atrocités et s’était retirée par peur des réprimandes qui pourraient venir plus tard. Alors, je demandais à vive voix pourquoi ne les avait-on pas conduits à la police ? Je fus surpris par les éclats de rire de la foule ’ voilà quelqu’un qui n’est pas du quartier. Il ignore tout de notre réalité. Les conduire à la police c’est les libérer’, lançaient il laconiquement. Je sortis de la foule avec un sentiment de rancour à l’endroit de ces hommes assassins qui prétendent mériter la liberté. Quelle ne fût pas ma surprise de constater que trois policiers observaient la scène de loin. Je m’en fus à mon domicile perplexe et décontenancé. Ils ne reconnaissent plus aux hommes de loi leur droit, tandis que ceux-ci facilitent ce ressentiment.
Une semaine plus tard, j’appris qu’un acte similaire avait été perpétré dans un autre quartier. Cependant après enquête, la victime était innocente et avait ainsi perdue sa vie du fait de l’inconscience des hommes, du laxisme de la justice. Plus grave encore les individus auteurs de ces atrocités sont tous connus ; mais n’ont jamais été inquiétés.
Estado de derecho, educatión a la ciudadanía, seguridad pública, justicia alternativa, justicia popular
, Camerún
Huit ans après l’essai de démocratisation de notre pays, le constat est amer en matière d’éducation aux droits de l’Homme. même si le discours officiel clame haut et fort la reconnaissance du Cameroun comme un Etat où le respect des droits et libertés sont monnaies courantes. Qu’est ce qui pourrait donc justifier qu’on éprouve un sentiment de révolte, au point que la justice, cette institution qui est la gardienne des droits et libertés, du respect des lois étatiques n’a plus d’influence sur la société. Quel état voulons nous construire dans un environnement où, la population réclame le droit de vindicte populaire, se substituant ainsi à la justice ? Cette situation ne peut que développer un climat d’insécurité qui n’est pas favorable à l’essor de la démocratie.
Cette fiche a été rédigée dans le cadre du programme ’ Gouvernance en Afrique : décentralisation et Intégration régionale ’.
Relato de experiencia ; Texto original
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