Parmi les activités d’intérêt général propres à la puissance publique, la sécurité et la défense nationale sont les premiers domaines de l’expression de la souveraineté nationale. C’est pourquoi la plupart des Etats y consacrent un budget important pour préserver la sécurité des personnes et des biens. En contrepartie le citoyen paye l’impôt.
Ainsi une répartition des rôles était bien établie entre l’Etat et le citoyen. Le premier assurait la sécurité collective de tous au nom d’un contrat social accepté par l’ensemble de la population.
Avec la crise économique ce schéma classique semble brisé. En effet la recrudescence de la criminalité dans nos centres urbains crée chez le citoyen le sentiment de l’abandon par la puissance publique de ce large pan de ses prérogatives. L’Etat, peut-il continuer à assurer efficacement la sécurité des personnes et des biens ? Cette question est devenue lancinante pour les populations avec l’inefficacité de l’Etat devant la montée des actes criminels. Doit-on passivement assister à une criminalité qui prend des proportions dramatiques ?
Ainsi les citoyens ont réagi par la création d’une milice privée qui prend exactement la place des forces de l’ordre classiques puisque l’Etat ne peut plus assurer la sécurité de tous. Ils ont mis en place une milice privée plus connue sous le nom de « Dan Banga ».
En fonction de la localité, on distingue deux principales catégories de Dan Banga :
La première catégorie de milice privée à voir le jour regroupe des hommes disposant de pouvoirs surnaturels capables d’affronter n’importe quel danger sévissant dans la ville. Ils sont supposés disposer de pouvoirs les mettant à l’abri des coups de poing et des armes faites à base de fer d’où la dénomination même de « Dan Banga » ou « Dan Taouri ". Les critères de force, de courage et de pouvoirs mystiques autorisent la participation à cette milice.
La seconde catégorie de Dan Banga se distingue de la première par l’absence du critère de puissance mystique et s’exerce dans un périmètre spatial beaucoup plus réduit : le quartier.
Cependant il convient de souligner que cette nouvelle forme d’institution, fruit d’une recherche de quiétude, à comme tout service un prix. S’il est vrai qu’au départ la pratique de la milice était quelque peu bénévole, elle a fini par se développer et se professionnaliser. Ainsi les quartiers organisent leur propre milice moyennant payement des frais de gardiennage. Chaque foyer paye en fonction de la localité une somme variant entre 500 à 2000 FCFA par mois.
Ainsi des patrouilles sont organisées toutes les nuits. Ces rondes ont pour but d’appréhender des criminels ou de dissuader ceux qui veulent troubler l’ordre public dans les secteurs gardés par les Dan Banga.
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, Níger
Pour un partenariat entre habitants et collectivités locales en Afrique
Si le développement de la milice privée semble être positif et bien accueilli par la population il n’en demeure pas moins que des problèmes subsistent. En effet dans les grands centres urbains, cette milice profite surtout aux quartiers bourgeois. Les quartiers pauvres et périphériques sont laissés à eux mêmes, ce qui fait déplacer le nid d’insécurité. Cette pratique est aussi dangereuse car les milices mues par le gain peuvent être utilisées pour satisfaire la vindicte populaire, laquelle est aveugle dans son application.
L’existence de ce type d’organisation montre avant tout le délabrement de l’Etat. Les repères classiques semblent de plus en plus brisés. L’on assiste à une nouvelle définition de l’Etat qui perd de ses prérogatives et dont la souveraineté se rétrécit comme une peau de chagrin.
Assistons-nous à une disparition de l’Etat ? Telle est la grande interrogation.
Fiche du dossier préparatoire au forum des habitants qui s’est tenu à Windhoek, Namibie (12-18 mai 2000) dans le cadre du sommet Africités.
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