Des paysans pauvres et oubliés
Les conditions de vie des paysans mayas au Guatemala et dans le Sud du Mexique sont particulièrement misérables. Oubliés de tous, ces Indiens font l’objet d’exclusion et de mépris. Ce sont des paysans, qui n’ont pas, ou peu, de terres, en tout cas des parcelles toujours insuffisantes pour les besoins de leur famille. La solution pour beaucoup d’entre eux est d’émigrer vers les grandes villes ou les Etats-Unis.
L’adhésion du Mexique à l’ALENA, Accord de Libre Echange américain, s’est faite au détriment des plus pauvres. La dévaluation du peso a encore accentué leur misère. Cette dégradation a été particulièrement sensible dans le Chiapas qui est pourtant une région riche.
Pour ces paysans sans terre, la production de miel est une ressource précieuse. Les ruches n’occupent pas d’espace et le miel de ces régions, récolté dans les forêts ou les montagnes, est d’excellente qualité. La vente du miel est une des rares possibilités de revenus financiers pour ces paysans.
En 1974, un prêtre belge en séjour chez les mayas guatémaltèques demande à des amis belges de trouver une solution pour vendre en Belgique 50 tonnes de miel produit par ces communautés mayas. C’est ainsi que, pour commercialiser ce premier envoi, une société commerciale s’est créée, qui deviendra en 1989 Miel Maya Honig.
Quatre groupements de producteurs
Actuellement, Miel Maya Honig importe par l’intermédiaire de Miel Maya Mexico, organisme mexicain de commercialisation, partenaire de la société belge. Le miel provient de quatre groupements de producteurs :
Despetar de un pueblo maya, ce qui signifie "Eveil d’un peuple maya", au Chiapas (Mexique). Cette association regroupe 250 apiculteurs avec 1 250 ruches. Les paysans de ce groupement vivent dans les régions montagneuses qui entourent San Cristobal. Les conditions de vie sont très précaires et l’insécurité de la région aggrave la situation. Despetar est une société civile, c’est-à-dire qu’elle ne poursuit pas d’objectif commercial. Sa fonction réside dans l’organisation des apiculteurs.
Productores de Putla de Guerrero, Etat d’Oaxaca (Mexique). Ce groupe comprend une vingtaine de producteurs, surtout des métis, dépourvus de terre. L’apiculture est leur principale et parfois unique source de revenus.
Apicultores Xochit Xanat dans l’Etat de Puebla, au Sud du Mexique. Ce groupe compte 16 apiculteurs pour qui l’apiculture est une source importante de revenus. Certains d’entre eux possèdent des lopins de terre n’excédant pas trois hectares à 2000 m. d’altitude.
Guaya’b ce qui signifie aide mutuelle, au Guatemala. Cette organisation, comprenant 1 148 producteurs, participe à un projet du Haut Commissariat aux Réfugiés et d’une association canadienne concernant la réinsertion de réfugiés guatémaltèques. Son activité principale est le café. 125 d’entre eux font aussi de l’apiculture. 10 % du revenu provenant de la commercialisation du miel sont affectés à une épargne collective afin de constituer un fonds de roulement.
En 1997, 148 tonnes de miel ont été importées par la Belgique en provenance de ces groupements, dont 60 tonnes sont vendues en Belgique (soit 1 % du commerce de miel en Belgique), 48 tonnes en Suisse, 10 tonnes en Allemagne, 5 tonnes aux Pays-Bas, 2 tonnes en France.
Un prix supérieur à celui du marché
Le principe de commercialisation de Miel Maya Honig repose sur un commerce équitable. Il s’agit d’acheter le miel à un prix juste qui permet de rémunérer le travail fourni par le producteur. Ce prix doit couvrir les coûts de production et donner au producteur un salaire supérieur à celui qu’il aurait obtenu s’il avait été engagé comme ouvrier agricole. Ce prix est supérieur de 10 à 15 % au prix le plus élevé que paient les intermédiaires. 60 % du montant est payé deux mois avant la récolte pour éviter que les paysans aient à emprunter auprès des usuriers dont le taux d’intérêt est de 10 à 20 % par mois.
Contrairement aux lois du marché, ce prix n’est donc pas le résultat de l’offre et de la demande. Il est fixé par l’apiculteur en fonction de son travail. Depuis 20 ans, ce prix est toujours à la hausse. Il est intéressant de noter que les achats faits par Miel Maya Honig ont eu des répercussions sur le prix d’achat fixé par les intermédiaires travaillant dans ces régions qui ont été obligés de s’aligner sur ce mouvement de hausse.
Le miel n’est acheté qu’à des groupements, ce qui permet de renforcer l’organisation et la solidarité traditionnelle de ces communautés, alors que tout le contexte politique est propice à favoriser la division de la population.
Une relation durable
Miel Maya Honig s’engage auprès des groupements de producteurs dans une relation durable. Une collaboration basée uniquement sur les achats serait limitée. C’est ainsi qu’un travail d’accompagnement et de soutien a été mis en place. D’abord, une aide financière permet aux apiculteurs d’améliorer leurs équipements (achat de camions, de mules, de médicaments pour lutter contre les maladies des abeilles). Cette aide peut se faire par des dons ou des prêts et aussi par une recherche de partenaires financiers (Union européenne, Centre National de Coopération au Développement...). Une aide technique leur est également apportée pour qu’ils puissent améliorer les rendements, diversifier les productions (cire, gelée royale, propolis...)et améliorer les moyens de productions. Une formation administrative et commerciale leur permet de connaître les processus de vente, de commercialisation et d’exportation, sans dépendre à tout jamais de Miel Maya Honig. Cette formation à l’autonomie est très importante car c’est elle qui permettra d’élargir le nombre de partenaires bénéficiaires de cette action. Ce travail d’accompagnement est effectué par une équipe locale de trois Mexicains. On peut remarquer qu’aujourd’hui, certains de ces apiculteurs font partie des mouvements de résistance indiens, et cela est sans doute dû aux formations qu’ils ont reçues au sein de ces groupements d’apiculteurs.
comercio justo, precio, formación, organización campesina, desarrollo local
, México
Artículos y dossiers ; Informe
Miel Maya Honig, 1995/09, 35, Dossier d'information sur le miel maya, dossier d'information, 1997., Miel Maya Honig, périodique d'information, n°35, septembre 1995 et n°1, janvier 1998. Rapport XXe anniversaire, 1995. Pour plus d' information contacter : Benoit OLIVIER, 13 rue du Mont, 4130 Esneux, Belgique. Tél. : (32)43 80 06 18. Fax : (32)43 80 45 99
CDTM (Centre de Documentation Tiers Monde de Paris) - 20 rue Rochechouart, 75009 Paris, FRANCE - Tel. 33/(0)1 42 82 07 51 - Francia - www.cdtm75.org - cdtmparis (@) ritimo.org