Pour respecter les rythmes des différents participants et enrichir la rencontre, faut-il un ordre du jour varié ? Etre co-financeur pour mieux partager les responsabilités ?
09 / 1998
La rencontre de Rio a eu lieu en mai 1998, elle a duré quatre jours. Elle traitait des réformes agraires et foncières dans différents pays du monde. Elle est née de la proposition par l’organisation IBASE de réunir au Brésil des personnes de différents pays qui ont des expériences variées. Ce pays est très concerné par ces questions, notamment par celle des sans terre, qui fait l’objet de débats politiques majeurs. Le thème de la rencontre ne se référait donc pas seulement à la situation brésilienne mais bien à des réalités sur d’autres continents.
Cette rencontre faisait suite à une réunion qui avait eu lieu quelques jours auparavant à Cascavel, avec les partenaires du réseau APM. Les participants de cette première réunion sont pour la plupart restés à la deuxième.
Une rencontre en deux réunions de nature différente
Ces deux réunions étaient de nature très différente et elles étaient en fait très complémentaires : la première comportait beaucoup de visites de terrain, permettant de s’imprégner de la réalité brésilienne, de celle des mouvements sans terre. La deuxième, quatre jours de débats, traitait justement des causes et des enjeux de la situation économique et sociale du pays. Les visites de terrain ont beaucoup enrichi les débats de la réunion qui suivait, car les participants ne parlaient pas de réalités abstraites mais qu’ils avaient eux-mêmes pu voir, sentir, analyser et mieux comprendre, grâce aussi aux explications des partenaires locaux.
Entre ces deux réunions il y a eu un break de trois jours pendant lequel les invités ont pu en plus, s’ils le souhaitaient, visiter des favelas.
L’intérêt majeur de ce type de rencontre est de proposer aux personnes conviées de confronter les réalités de leur pays, celles qu’ils connaissent, avec celles du pays dans lequel la rencontre se passe : les visites permettent de prendre connaissance du terrain local et les débats de confronter les situations, les différences et similitudes selon les pays représentés. Et le lien entre l’enjeu national et les expériences internationales rassemblées prend tout son sens dans les débats. Car cet échange d’expérience, ces analyses de cas alimentent la réflexion et aident à trouver des solutions, ou en tout cas à poser les bonnes questions sur les enjeux existants.
La méthode appliquée pour cet échange était certes un peu lourde et elle a pris un peu trop de temps : chaque représentant d’un pays faisait un exposé sur son expérience, sa propre réalité.
L’organisation de deux rencontres consécutives de type très différent a par ailleurs été l’occasion de rassembler des personnes de milieux très divers, tout en respectant leurs propres rythmes, car chacun y trouvait son équilibre, sans frustration : une rencontre ne comportant que des débats en plénières et en ateliers ennuierait des paysans, de même qu’une rencontre avec uniquement des visites n’intéresse pas suffisamment des Hommes politiques. L’association des deux types de réunions donne une autre dimension à la rencontre, de par la diversité de son ordre du jour et surtout, elle permet de rassembler des personnes d’horizons très différents et leur donne l’occasion d’échanger sur ces questions qui les préoccupent mutuellement.
Le co-financement ou le partage des responsabilités
Un autre point positif de cette rencontre : son aspect financier. La rencontre a été financée par deux entités : la FPH et le ministère de la réforme agraire brésilien. L’intérêt est triple : le fait d’impliquer d’autres partenaires dans le financement d’une rencontre augmente énormément leur implication dans son organisation et son déroulement. Ensuite, cela permet à la FPH de ne pas être au premier plan, ce qui était d’autant plus sain qu’elle n’était là qu’en tant que financeur et participant, sans être partie prenante de l’organisation et l’animation. Elle avait confiance dans ses partenaires et la qualité de leur travail, et leur a donc laissé toute liberté d’action. Enfin, sur un plan purement financier, la FPH a de plus en plus besoin de ces co-financements dans les projets qu’elle soutient et co-organise.
Les résultats de ces deux rencontres ? Un enrichissement des participants par les expériences échangées, des prises de contact, la publication d’un Numéro de la revue " Courrier de la Planète " et de " Terre Citoyenne ", et la mise en place d’un groupe de suivi pour continuer à travailler sur ces questions, après la rencontre.
On note bien le double intérêt d’une rencontre qui allie à la fois débats, - très axés sur l’échange d’expériences - et visites : on peut ainsi inviter des personnes de milieux différents en respectant les rythmes et habitudes de travail de chacun. Par ailleurs, cette confrontation enjeu national/analyses de cas extérieurs donne au débat une autre dimension.
On peut toutefois s’interroger sur l’efficacité de la méthode appliquée pour les analyses de cas. Les exposés sont parfois très longs et peuvent s’éloigner du sujet. Aussi, pour allier efficacité, richesse des échanges et respect du mode d’expression de chacun, c’est sans doute avant la rencontre, en amont, que l’on peut préparer les participants à ces exposés, en leur transmettant des objectifs, en leur proposant une méthode. Mais la FPH n’étant là que co-financeur et pas co-organisateur, aurait-elle pu, dans une certaine mesure, proposer ses méthodes, au risque de s’imposer du fait même de son statut ? Cela dépend probablement de la qualité de la relation avec les partenaires concernés, sa transparence et sa maturité.
Par ailleurs, la durée de cette rencontre lui a certes donné toute sa richesse, mais il est difficile de mobiliser les personnes souhaitées pendant dix à quinze jours. Et il n’est pas toujours très constructif que certains invités ne participent qu’à une partie de la rencontre.
Cette fiche a été réalisée à partir d’un entretien avec Pierre Vuarin. On peut le contacter à la FPH.
Entretien avec VUARIN, Pierre
Entrevista
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