L’association des établissements d’enseignement supérieur et de recherche agronomiques
12 / 1998
Lancé en 1995 par l’Union Européenne, le programme Alfa est destiné à financer des échanges universitaires entre l’Amérique latine et les pays membres de l’Union Européenne. Il s’agit en quelque sorte du petit frère du programme Erasmus, qui était limité aux échanges intra-européens.
Des universitaires regroupés dans l’association AGRENA (association des établissements d’enseignement supérieur et de recherche agronomique, agro-alimentaire, horticole et vétérinaire de Rennes, Nantes, et Angers)ont eu l’idée d’utiliser cette ligne budgétaire afin de mettre en place une formation universitaire multilatérale de troisième cycle, selon la formule d’un master international de développement rural.
AGRENA est une association de loi 1901 créée en 1988 qui fédère les grandes écoles et les centres de recherche du domaine agricole et alimentaire dans l’Ouest de la France.
L’enjeu de ce master consiste à mettre sur le marché du travail latino-américain et européen des gens, qui auront une approche pluridisciplinaire du développement rural, et à créer ainsi des débouchés prenant en compte l’évolution de la demande sociale en ingénieurs agronomes. Cela est vrai notamment en Amérique latine, où il y a déjà beaucoup d’agronomes mais nombre d’entre eux sont au chômage car leur formation est inadéquate, car ils ne sont plus seulement générés par les structures classiques tels que les latifundias et les ministères agricoles. Ce master a donc été conçu avec un souci d’adéquation de l’offre et de la demande en matière de développement rural.
Ce projet a été élaboré en commun avec les partenaires européens et latino américains. Sont impliquées : dix universités latino-américaines - dont cinq brésiliennes, une mexicaine, une chilienne, une vénézuélienne, deux cubaines - et dix universités européennes - dont trois portugaises, une espagnole, deux françaises, une néerlandaise, une grecque, une belge, une italienne.
Ces partenaires réfléchissent ensemble sur le contenu du programme de ce master dès sa génèse en 1996. Cette formation doit se dérouler sur deux ans, elle a été conçue comme un complément à un deuxième cycle universitaire ou à une école d’ingénieurs et vise un nombre limité d’étudiants, dont 50 % de Latino-Américains et 5 0% d’Européens.
Ce master dont l’ambition est de donner une approche pluridisciplinaire du développement rural sera ouvert à des étudiants en agronomie, économie, sociologie. Des cours dans ces différentes disciplines y seront dispensés; ainsi chaque étudiant devra choisir des modules pour prolonger sa formation initiale. La philosophie adoptée est la mobilité des élèves, mobilité géographique mais aussi interculturelle. Les futurs étudiants seront obligés de suivre des modules dans les différentes universités parties prenantes dans le projet. Ils seront par conséquent amenés à étudier sur les deux continents avec des professeurs issus de cultures diverses.
La mise en place de ce programme ambitieux n’était pas évidente, étant donné la variété des partenaires qui dépendent de diverses législations. Aussi, les deux premières phases du projet ont consisté à élaborer le programme du master et à former une équipe professorale. Dans la phase de l’élaboration, l’équipe a été confrontée à la difficulté d’harmoniser les niveaux de formation. En effet, les troisièmes cycles ne sont pas équivalents partout en Europe. Selon les pays, les étudiants peuvent accéder à un master à la cinquième année d’études tandis que dans d’autres pays il faut six années d’études. L’accès à cette formation ne touchait donc pas les mêmes tranches d’étudiants. A ce titre, l’exception française a entraîné beaucoup de retard dans les négociations.
Par ailleurs, l’ambition de ce programme d’immerger des étudiants dans d’autres cultures a un coût élevé. Les nombreux voyages d’études inclus dans la formule choisie représentent une lourde charge financière. Autant la question de l’hébergement peut être réglée grâce aux réseaux de résidences universitaires quand ils existent, autant la question des transports est plus problématique.
Cette question du coût des études nous amène à nous interroger sur le financement de ce master en termes de fonctionnement et de son indépendance financière vis-à-vis de l’Union européenne. Actuellement ce programme rentre dans la ligne budgétaire Alfa avec une participation non négligeable des universités, mais à terme il y a la volonté de diversifier ces financements. Les recherches se font des deux côtés, en Amérique latine et en Europe.
Malgré les difficultés rencontrées dans les phases d’élaboration, ce projet est presque mûr. Le souhait d’AGRENA est d’accueillir une première promotion en 1998 - 1999.
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, Europa, América Latina, Angers
L’originalité de ce programme nous est fournie par sa conception multilatérale à sa génèse. Les 20 universités impliquées dans le projet du master ont élaboré en commun le programme et le contenu apportant ainsi les points de vue de différentes cultures. Chacun a pu intervenir avec une approche éducative propre et complémentaire. Cette réflexion commune évite de tomber dans des stéréotypes nationaux en matière de développement et amène une construction intellectuelle novatrice dont bénéficieront les étudiants ainsi que les enseignants. Cela permettra certainement de former des ingénieurs du développement rural moins éloignés des réalités de latino-américaines mais aussi européennes.
Cette réflexion multilatérale est unique en son genre, et l’avenir nous dira si elle est plus à même de répondre à la demande du marché du travail car conçue plus globalement.
Entretien avec Gilles Maréchal, de l’Institut National d’Agronomie d’Angers. Contact : AGRENA, 65 rue de St Brieuc - 35000 Rennes / Tel : 02.99.28.75.23
Entretien avec MARECHAL, Gilles
Entrevista
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