10 / 1999
La FAO a fait un travail pendant toutes ces dernières années afin de sensibiliser les gouvernements sur la nécessité de mieux gérer les ressources. La publication par la FAO du Code de conduite pour une pêche responsable est une démonstration de l’intérêt accordé par cet organisme à une gestion saine des ressources halieutiques. Cependant, subsiste un grand problème qui se heurte à une application du Code. C’est le fait qu’il soit facultatif. Les Etats ne se sentent pas contraints de l’appliquer.
En même temps, les ressources de la mer se raréfient. Cette rareté de la ressource engendre des conflits de plus en plus intenses entre les pêcheurs artisanaux et les pêcheurs industriels Pour ces pêcheurs sénégalais, la rareté de la ressource a précarisé davantage leurs conditions de sécurité. En effet, avec les difficultés d’accès aux ressources dans les eaux sénégalaises, les pêcheurs prennent de graves risques en allant pêcher dans les eaux bissau-guinéennes et mauritaniennes. Ces pratiques conduisent assez souvent à des arrestations au niveau de la frontière. En effet, l’exercice de la pêche artisanale dans ces pays limitrophes est soumise à l’obtention d’une licence. On peut donc constater à quel point les conditions de travail et de vie des pêcheurs sont en partie liées à l’état de la ressource. En 1995, le Credetip a pris l’initiative de mettre autour d’une même table les acteurs de la pêche artisanale, le syndicat du patronat du secteur industriel de la pêche et l’administration. Etant donné l’image négative que se faisaient réciproquement la pêche industrielle et la pêche artisanale, il était exclu pour nous de démarrer la rencontre sans préparation préalable. Le Code étant facultatif, notre objectif était de provoquer un débat au Sénégal qui puisse permettre par la suite aux différents acteurs de la pêche d’accepter le fait qu’ils aient une responsabilité pour une bonne gestion des ressources.
Nous avons incité les pêcheurs artisanaux, en premiers, à circonscrire et à reconnaître leur part de responsabilité dans la crise de la ressource. Cette méthode a mis à l’aise les industriels de la pêche qui ont fait de même en reconnaissant de lourdes responsabilités qu’ils ont dans les accidents en mer avec les embarcations traditionnelles. Alors que les armateurs industriels locaux étaient jugés par certains comme les ennemis naturels des pêcheurs artisanaux, les premiers ont déclaré au terme des deux journées l’urgence à se préoccuper de la sécurité des pêcheurs. Au nom du Gaipes -syndicat de ce patronat-, les armateurs et industriels de la pêche sénégalaise sont allés jusqu’à proposer une contribution pour la mise en place d’une caisse de solidarité pour les pêcheurs victimes d’accident en mer.
Aussi bien du côté des pêcheurs artisans que du côté des pêcheurs industriels, des engagements ont été pris dans les domaines suivants :
- les industriels ont promis de faire de moins en moins de pilotage automatique, causes de plusieurs accidents nocturnes mortels. Il paraît que certains commandants de bateaux dorment une fois le pilotage automatique déclenché.
- Les pêcheurs artisanaux se sont engagés à mieux baliser leurs pirogues pour minimiser le risque d’accident contre les bateaux industriels.
- En ce qui concerne le zonage et le respect de la zone réservée à la pêche artisanale, le Gaipes s’était engagé à faire respecter scrupuleusement la délimitation de ces zones.
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, Senegal
Aliou Sall est socio-anthropologue, spécialiste de la pêche. Il est aussi le secrétaire exécutif du Credetip.
Texto original
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