L’approche de l’ADEPA
02 / 1999
L’auteur, René SEGBENOU est Directeur Général de l’INADES-FORMATION (Institut Africain pour le Développement Economique et Social), une ONG qui ouvre depuis plus de 30 ans au service du développement rural et présente dans 10 pays d’Afrique.
A ce titre, il est le Président de l’ADEPA, le groupe d’ONG qui gère le PPAO (Programme Régional « Valorisation des captures de la Pêche Artisanale en Afrique de l’Ouest ») depuis 1994. Il explique ici, quel genre d’appui il faut apporter aux organisations professionnelles, qui portent en elles leurs propres dynamiques.
« A l’ADEPA, nous sommes convaincus que le développement durable ne peut pas s’enclencher si au départ il n’y a pas quelque chose. Le développement ne peut pas être imposé de l’extérieur.
Un bailleur de fonds ou développeur quelconque ne peut séjourner 2 jours, une semaine, un mois ou plus et prétendre bien connaître les bénéficiaires. C’est pourquoi, tout doit être fait ensemble avec ces derniers, toute composante de leur société comprise.
Car ceux-là, ils ont leur logique, leur façon d’analyser, ils connaissent leurs besoins et quelles solutions il faut y apporter. Donc, ils sont bien placés pour savoir ce qu’ils veulent, mieux que quelqu’un qui vient de l’extérieur.
Ces dynamiques là, il faut pouvoir les identifier. Toutes les communautés ont en principe une dynamique interne, c’est-à-dire un mouvement en cours que celui qui vient de l’extérieur, ne fait qu’aider à développer. La philosophie qui sous-tend cette approche est qu’on ne développe personne. Les gens se développent eux-mêmes. Et s’ils ne sont pas acteurs, rien ne se passera. Tant qu’il n’y a pas eu de déclic, vous aurez beau tout faire, il n’y aura rien.
Se basant donc, sur cette approche, nous avons travaillé tout le temps au PPAO à corriger le mouvement du Projet. Au départ de cette phase à 5 ans du PPAO, nous avons commencé par élaborer un Devis-Programme.
Nous avons organisé des rencontres, sélectionné des activités, mais nous nous sommes rendus compte qu’en fait, la façon dont nous avions organisé ces sessions de programmation ne rencontraient pas les intérêts des professionnels. Il fallait donner plus d’importance, plus de rôle aux organisations professionnelles dans la détermination de leurs activités. Nous avons tenté au début mais les moyens que nous avons utilisés, le mécanisme, ne nous permettait pas de le faire.
Et là, la décision judicieuse qui avait été prise était de décentraliser l’organisation des sessions de programmation. C’est à ce moment que nous avons senti la nécessité de créer le réseau des Personnes Ressources spécialisées en animation de groupes à la base pour nous aider à réfléchir sur, comment aborder la question et comment réaliser et réussir cette décentralisation.
Notre mérite, c’est de reconnaître nos lacunes et de nous corriger.
Il faut dire qu’il y a eu des moments de ce Programme où j’ai été heureux. C’est par exemple, lorsque j’ai entendu l’opérateur de la Gambie, Monsieur Ousmane BOJANG, dire : « Nous, nous avons organisé nous-mêmes notre session de programmation, nous avons décidé de faire ceci, nous voulons cela…". J’ai dit, ça c’est bon. Lorsque j’entends aussi les gens du Collectif National des Pêcheurs Artisanaux du Sénégal (CNPS) dire aussi : « Nous voulons ceci, nous avons entrepris telles actions, nous nous organisons pour faire telle chose », je dis ça, c’est bon. C’est ce qu’il faut. J’étais aussi content lorsque j’ai entendu encore une opératrice de Guinée dire, lors de la dernière réunion du Comité de Suivi : « Nous ne voulons pas de cadeau. Si vous mettez un système de crédit en place, nous allons payer ». Il faut qu’on reste sensible à ces choses-là.
Malheureusement, les projets sont organisés de telle sorte que lorsque les problèmes surgissent, on y répond difficilement. Il faut répondre à tel mécanisme, il faut utiliser les fonds selon la ligne prévue, on traîne les pieds à répondre à des procédures et les gens se découragent ; les initiatives et bonnes volontés des Organisations Professionnelles (OP) retombent. Alors que ces OP auraient pu déclencher rapidement quelque chose… C’est pour toutes ces raisons que nous dénonçons les procédures administratives de l’Union Européenne qui ne sont pas du tout adaptées au développement de la population à la base.
L’ADEPA veut le développement réel des populations de la Pêche Artisanale en Afrique de l’Ouest, c’est pourquoi elle ne veut plus rester coincée dans les procédures et la lourdeur administrative de l’UE.
Elle veut se sentir libre de prendre des initiatives et de répondre aux besoins des OP en temps opportun ».
cooperación UE ACP, política internacional, pesca tradicional, cooperación regional, desarrollo sostenible
, Estados ACP
Contact : INADES FORMATION 08 BP8 Abidjan 08 - Tél : 44 31 28/ 29 - Fax : (225)44 06 41 - E-mail : ifsiège@inadesfo.enda.sn
[Fiche produite dans le cadre du débat public « Acteurs et processus de la coopération », appelé à nourrir la prochaine Convention de Lomé (relations Union Européenne/Pays ACP). Lancé à l’initiative de la Commission Coopération et Développement du Parlement Européen et soutenu par la Commission Européenne, ce débat est animé par la FPH.]
Entrevista
Entretien réalisé le 28 janvier 1999 au siège de l’INADES-FORMATION.
ADEPA (Association Ouest Africaine pour le Développement de la Pêche) - Cité Lobatt Fall. BP 958. Dakar, SÉNÉGAL - Tél/Fax. : (221) 854 98 13 - Senegal - www.adepa-wadaf.org - contact (@) adepa-wadaf.org