03 / 1996
Le contexte national et international impose au Mexique la nécessité de transformer ses stratégies pour obtenir une " compétitivité authentique " (c’est-à-dire qui utilise l’innovation technologique pour dynamiser l’activité, obtenir une plus grande productivité dans l’équité et resserrer les liens avec les autres secteurs)pour participer aux marchés internationaux tout en assurant le bien-être de sa population. L’époque actuelle est donc une époque de transition, dans laquelle les transformations à l’échelle globale provoquent des changements dans la perception du développement et de la modernisation. Ce texte met l’accent, dans ce contexte, sur le rôle des technologies.
D’une manière générale, la production a baissé, le pays est devenu importateur de biens alimentaires, la participation de l’agriculture dans le Produit Intérieur Brut a été réduite à 7,3
et la participation des producteurs agricoles dans la population active a aussi diminué pour n’atteindre que 22
.
Une nouvelle stratégie de croissance économique est en train de se mettre en place. Elle se base sur les déterminations du marché et de l’ouverture économique et cherche à réactiver les activités à partir de l’incitation aux exportations, selon le principe des avantages comparatifs. Pourtant, la politique de dérégulation et la réduction drastique des dépenses publiques dans le secteur agricole, ajoutées à d’autres facteurs conjoncturels (inflation)ou structurels (faible productivité), ont provoqué la chute de la production et l’abandon de l’agriculture comme étant une activité rentable. Cependant, toutes les catégories de producteurs, ni tous les produits, ne réagissent pas de la même manière à cette situation. Certains entrepreneurs agricoles ont pu mieux s’adapter que d’autres à l’offre technologique de la révolution verte. A l’autre extrême, se trouvent les producteurs marginalisés du changement technique, ce qui les a conduit à avoir une structure des coûts incompatible avec le comportement des prix de leurs produits sur un marché toujours plus compétitif.
La recherche présentée ici s’est consacrée à l’analyse de la capacité technologique des producteurs et des entreprises agro-industrielles, dans le cadre des politiques de recherche et d’assistance technique menées dans la lignée de la révolution verte. Deux types d’instruments méthodologiques ont été utilisés : un diagnostic technologique rapide et des enquêtes demi-ouvertes auprès de chercheurs, techniciens, fonctionnaires, etc., afin de vérifier la capacité nationale de génération de technologies.
Le cadre conceptuel de la recherche comprend en particulier trois aspects importants : l’un est lié au caractère évolutif des modèles de changement, l’autre s’intéresse à la théorie des avantages compétitifs, et la troisième prétend rompre avec l’idée d’étudier le secteur agricole de manière isolée pour, au contraire, considérer l’idée de systèmes agro-industriels qui déterminent les enchaînements productifs autour d’un produit. Cette conception se retrouve dans les cinq éléments qui composent l’étude : l’approvisionnement en intrants, la production agro-pastorale, la transformation des produits, le marché et la consommation.
Parmi les résultats, un aspect est frappant et commun aux diverses catégories de producteurs : leur incapacité à concevoir des stratégies à l’égard de variables telles que le financement, la fonction de ventes et le marché. Même si l’on peut affirmer que les grandes entreprises sont en position plus favorable que les petits producteurs, elles n’accordent qu’une faible importance à leur relation avec l’environnement financier et commercial. Dans le cas des petites entreprises et des producteurs agricoles, les carences sont plus importantes encore, touchant les domaines de la gestion des ressources humaines, de l’information, de la gestion de la qualité, etc.
Un autre résultat indique que si, au moment de la révolution verte, le Mexique était à l’avant-garde, il est aujourd’hui à la traîne de la recherche, celle-ci étant développée dans les pays développés.
On ne peut pas parler, au Mexique, de " l’existence d’un système agro-industriel intégré, mais plutôt d’un conglomérat d’institutions ayant des objectifs divers et sans une idée qui puisse servir de lien. Il convient donc d’appuyer cette conception d’un système agro-industriel intégré et de l’appuyer avec des politiques d’innovation (pas seulement scientifiques et technologiques). Il faut donc rompre avec une vision linéaire et faire en sorte que le Mexique devienne un expert en diffusion de technologie. Il est plus important de la maîtriser que de connaître son origine.
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, México
Il serait certainement utile, pour mieux comprendre la portée des résultats et recommandations énoncés ci-dessus, de connaître le contenu des technologies dont il est question ici. S’agit-il d’une mécanisation poussée, et dans ce cas comment traiter de la même manière petits et grands producteurs ? S’agit-il d’une seconde révolution verte et sur quels produits portera-t-elle ?
Si la démarche n’est pas dépourvue d’intérêt, il semble toutefois délicat, voire dangereux, de traiter les stratégies et comportements des paysans de la même manière que ceux des grandes entreprises agro-industrielles.
Colloque "Agriculture paysanne et question alimentaire". Chantilly, 20-23 février 1996.
Titre orginal : La innovación tecnológica en la modernización de la agricultura mexicana.
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