Un jeune bachelier béninois décide de devenir agriculteur, contre l’avis de son entourage
10 / 1998
Pour un jeune diplômé africain, il apparaît souvent difficile de retourner à la terre après avoir passé plusieurs années sur les bancs de l’école. Car, de nos jours, l’agriculture nourrit difficilement celui qui s’y adonne, à cause des nombreux obstacles rencontrés dans cette profession. Mais l’expérience suivante nous prouve qu’avec un peu d’imagination et de détermination, on peut réussir dans ce domaine !
Dans un petit village du sud du Bénin, un jeune bachelier prenant son courage à deux mains, s’est décidé à rechercher tous les moyens pour réussir dans l’exploitation agricole, plutôt que de perdre son temps à chercher un emploi hypothétique, dans un contexte de chômage généralisé.
Contre l’avis de ses parents, ce jeune s’est inscrit dans un centre communautaire de formation agricole. Après deux ans de stage, il est retourné dans son village pour mettre en pratique ce qu’il avait appris. Mais la tâche ne lui sera pas du tout facile dans la mesure où presque personne n’était disposé à l’aider dans cette entreprise, à commencer par ses propres parents qui ne voulaient pas le voir au village et encore moins dans l’agriculture.
Après des recherches assidues, notre jeune homme a pu emprunter un terrain de 2 hectares sur lequel il s’est mis au travail. Il a commencé par planter des arachides et du manioc. Avec les revenus de la récolte il se lança dans l’élevage de lapins. Un an après, ses revenus lui permettaient d’aménager ses premiers étangs piscicoles.
En fin de compte, notre jeune bachelier se retrouva à la tête d’une exploitation agricole intégrant l’élevage et la pisciculture. Une telle intégration revêt des avantages réels : les sous-produits agricoles servent à fabriquer de la provende pour nourrir les lapins, dont les crottes sont récupérées pour le compost qui, à son tour, sert à refertiliser les champs. L’élevage de cailles, après celui des lapins, a permis au jeune agriculteur d’en utiliser les fientes pour obtenir des asticots, lesquels sont utilisés pour nourrir les poissons.
Outre des revenus trébuchants et sonnants, la détermination du jeune homme a produit un autre miracle : sa réussite a en effet vite fait de le réconcilier avec ses parents et amis, naguère hostiles à son projet.
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, Benín
Ce récit montre que le chômage et la pauvreté ne constituent pas une fatalité. Un peu d’imagination et d’effort peuvent ouvrir aux jeunes diplômés d’autres portes de sortie que celles du désoeuvrement et de la désespérance.
Fiche rédigée au cours d’un atelier Dph organisée par le GARED à Lomé (Togo)du 15 au 21 octobre 1998, Les participants font partie du Programme Sols du Golfe de Guinée, lui-même issu du Programme Sols de l’Alliance pour un monde responsable et solidaire.
Pascal GBENOU est agriculteur (agriculture intégrée), membre de l’Alliance pour un monde responsable et solidaire. Contact : BP 21, Adjohouan, Bénin.
Entretien avec GBENOU, Pascal
Entrevista ; Texto original